Apple News et Google News ont tous les deux mis en avant, toute la journée du 1er avril 2019 en France, des fausses informations inventées par des médias français.
Comme Numerama — et de nombreux internautes — a pu le constater, plusieurs articles écrits par des médias comme le Point ou Maddyness ont été sélectionnés par les algorithmes d’Apple et de Google, qui n’ont pas réussi à faire la différence entre un « poisson d’avril » et une information.
Des fausses informations en tête de Google et Apple News
Comme on peut le voir sur cette capture d’écran effectuée en navigation privée que lorsque l’on tape « Mounir Mahjoubi » sur Google.fr — le moteur de recherche utilisé par 91 % des Français en 2018 —, le premier article mis en avant par l’algorithme est une fausse information créée par le site dédié aux startups Maddyness. Raphaël Grably, journaliste de BFM Tech, a été le premier à remarquer cette défaillance.
Lorsque l’on clique sur cette fausse information, qui affirme que l’ancien Secrétaire d’État au Numérique irait travailler chez Amazon, on tombe sur un article qui ressemble à s’y méprendre à un vrai (avec même une fausse capture d’écran du compte Facebook de Mounir Mahjoubi, créée pour l’occasion), à l’exception de la toute dernière phrase, qui fait mention du « 1er avril ». Publié à 7h50, il avait été lu plus de 55 000 fois en 10 heures.
Mais Google n’est pas seul à avoir agrégé des fausses informations. Comme l’a remarqué le Figaro, un faux article rédigé par le Point a également trusté les premiers résultats d’Apple News toute la journée du 1er avril. En France, il s’agit du widget inclus dans tous les iPhone, qui sélectionne « aléatoirement » une poignée d’articles de presse français quotidiennement.
Intitulé « Découverte de la première espèce intelligente qui s’est autodétruite », l’article est rédigé au premier degré, à l’exception de la toute dernière phrase de l’article.
En septembre dernier, Libération expliquait qu’un article sélectionné dans Apple News pouvait rapporter facilement 250 000 vues.
À qui la faute ?
Il y a trois parties dans cette affaire : les médias, les lecteurs, et les agrégateurs de contenu. Ici, Apple News et Google News, démunis techniquement, ont clairement fait une erreur en sélectionnant des articles qui partagent des mensonges en les mélangeant à des articles factuels. Ce n’est pas la première fois que les algorithmes des géants américains sont remis en cause : fin 2018, Apple News mettait en avant une brève de Ouest France sur une coiffeuse bretonne qui n’avait rien demandé… sans que l’on ne sache pourquoi le robot avait décidé de sélectionner cette information plutôt qu’une autre.
Mais une autre question se pose sur la responsabilité des sites d’information qui, dans le but de perpétuer une vieille « tradition » du web qui se veut humoristique, ont choisi de publier des articles faux, et de ne préciser qu’à la fin de ceux-ci qu’il ne s’agit d’un « poisson d’avril ». Ces articles ont d’ailleurs la particularité de pouvoir être crédibles : ni celui du Point, ni celui de Maddyness (mais ils ne sont pas les seuls) ne sont vraiment incroyables au point où l’on comprend au premier coup d’œil qu’il s’agit d’un faux.
Alors que les médias sont pris dans une crise de la désinformation sans précédent et que les informations volontairement mensongères se propagent de manière virale, une telle pratique soulève des interrogations légitimes sur leur responsabilité.
Peut-être est-il temps de mettre un terme à cette « tradition »
Évidemment, les lecteurs fidèles ont peut-être l’habitude que leurs médias favoris s’adonnent à la traditionnelle « blague du premier avril », et sont assez attentifs pour lire scrupuleusement chaque article jusqu’au dernier mot de la dernière phrase. Mais un article agrégé par une plateforme aussi immense que Google ou Apple donne une visibilité hors norme à cette « farce », qui devient de facto une information volontairement mensongère. Le public qu’elle touchera n’a peut-être que faire de « l’enveloppe » (le nom du média, son sérieux), n’ira peut-être pas au bout de l’article… et ne saura peut-être jamais que ce qu’il a lu était une « blague ». Sans parler de la durée illimitée de l’article sur le web : regardera-t-on la date de la publication dans 2 mois ou 2 ans ?
Peut-être est-il temps de mettre un terme à une « tradition », lorsque celle-ci n’atteint plus le but premier (faire rire).
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