C’est Doctolib que Cédric O a choisi pour sa première visite officielle en tant que secrétaire d’État au numérique. Le mercredi 3 avril au matin, il s’est attardé à saluer tous les employés : « j’espère n’oublier personne, j’apprends le métier », a-t-il lancé, avant d’ajouter, modeste : « je ne fais que passer, j’étais à votre place avant, je sais ce que c’est ».
Des journalistes se sont étonnés du tutoiement adopté entre Cédric O et Stanislas Niox-Chateau, co-fondateur et président de Doctolib, s’amusant au passage de ses « méthodes à la Emmanuel Macron ». Cela n’est en fait pas si étonnant lorsqu’on connaît le parcours de Cédric O.
Il a été nommé au secrétariat d’État au numérique après la démission de Mounir Mahjoubi . Âgé de 36 ans, il est pour beaucoup un parfait inconnu. Il gravite pourtant depuis quelques années autour de l’Élysée puisqu’il a été le trésorier de la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron.
Et son parcours professionnel est beaucoup moins « geek » que celui de Mounir Mahjoubi. Diplômé d’une grande école de commerce (HEC), il a été communiquant avant de se consacrer un temps à la politique, au sein du Parti socialiste. Il a ensuite rejoint Safran, groupe français d’aéronautique, puis le mouvement En marche. Il y a été proche d’Emmanuel Macron mais aussi de Mounir Mahjoubi. Ils ont eu l’occasion de travailler ensemble et sa sœur, Delphine O, a été la suppléante de ce dernier.
Le même esprit startup
Lors de la passation de pouvoir, Mounir Mahjoubi a offert à Cédric O un badge en forme d’oiseau rouge, symbolisant la French Tech. Le nouveau secrétaire d’État au numérique la portait ce mercredi 3 avril chez Doctolib.
Cette broche, comme le choix de Doctolib, reflètent les politiques numériques adoptées par le gouvernement depuis quelques années. Mounir Mahjoubi n’a jamais caché son attrait et ses ambitions autour de ce sujet, bien au contraire. En janvier, il annonçait la création du Next40 (en référence au CAC40), une sorte d’indice rassemblant les startups françaises les plus prometteuses.
Cédric O semble vouloir poursuivre dans cette voie. Doctolib est récemment devenu une licorne, c’est-à-dire une entreprise du numérique valorisée à plus d’un milliard de dollars. C’est une firme connue et appréciée du grand public qui souhaiterait, comme l’a rappelé Stanislas Niox-Chateau, travailler de plus en plus avec les services publics. Doctolib a en effet pris la place d’un service qu’un état startup aurait pu développer et est rapidement devenu incontournable.
Le nouveau secrétaire d’État au numérique a raconté qu’il avait déjà rencontré le fondateur de Doctolib il y a quelques années. « C’est une rencontre qui m’avait beaucoup marquée car plus que les entreprises, ce sont les entrepreneurs que je regarde », a-t-il lancé. Il a expliqué être fasciné par ces personnes qui ont « quelque chose en plus » comme Mark Zuckerberg, dont il aurait aimé… qu’il soit Français.
La régulation des réseaux sociaux, un « problème démocratique »
Pour lui comme son prédécesseur, la France a des cartes à jouer en matière de numérique. Il mise sur la création de startups pour créer des emplois, tant qu’elles n’excluent personne. Il donne en contre-exemple la Silicon Valley, où des personnes sans abri fixe jouxtent les plus grosses entreprises de la tech.
Cédric O n’a pas pu échapper aux questions sur la régulation des réseaux sociaux. Pour lui, ces géants dictent nos vies. « J’ai un iPhone, un compte Gmail, j’utilise Twitter et Facebook », a-t-il reconnu, avant d’ajouter : « Il y a des questions qui se posent. Comment on régule aujourd’hui ces plateformes à l’heure où des millions et des milliards de contenus sont postés chaque jour. »
Il explique vouloir trouver un juste milieu entre le respect du droit en cas d’injures racistes ou de harcèlement par exemple, et les limites techniques liées à ces sujets sur le web. Il y a quelques jours, Mark Zuckerberg a lancé un appel à travers quelques médias dont le Washington Post pour que les États l’aident à contrôler les contenus problématiques publiés sur Facebook.
« Il est impensable que ce soient les plateformes qui décident des règles de ce qu’elles gardent ou non en ligne. C’est un problème démocratique », a dit Cédric O à ce propos. Il a ajouté que ce n’était pas non plus à l’État d’en décider, laissant entendre qu’il privilégierait peut-être la création d’une entité tierce.
Le secrétaire d’État a rappelé que sa troisième grande priorité serait liée à la numérisation du secteur public. Celle-ci ne devra pas se faire au détriment des personnes qui ne peuvent bénéficier d’une connexion Internet ou qui ne savent pas utiliser un ordinateur. Selon lui, « ce doit être un facteur de simplicité et non d’exclusion ». Il assure que cela s’inscrira dans une refonte globale du modèle des services publics : il ne serait pas question de numériser un service si cela signifie qu’il ne sera plus disponible dans un lieu physique.
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