Le gouvernement français a tenté de sponsoriser des publications Twitter invitant les citoyens à aller voter aux élections européenne. Le réseau social l’en a empêché. Voici ce qu’il s’est passé.

Le gouvernement a-t-il été pris à son propre piège ? Son dernier projet de campagne de sensibilisation, #OuiJeVote, a été refusé par Twitter à cause de sa propre loi contre les fausses informations. Le Service d’information du gouvernement (SIG) s’en est offusqué, a rapporté l’AFP mardi 2 avril. Il pouvait pourtant largement s’y attendre.

Qu’est-ce qu’un tweet sponsorisé ?

La campagne #OuiJeVote a pour objectif d’inciter les votants à s’inscrire sur les listes électorales avant le scrutin européen du 26 mai. Le gouvernement a voulu la promouvoir sur les réseaux sociaux avec une campagne de sponsoring.

Sur Twitter, les annonceurs peuvent payer pour la mise en avant de certains tweets, lorsqu’ils souhaitent atteindre une plus large audience ou gagner des abonnés. Ces tweets, vous en avez déjà peut-être vu passer : ils comportent tous une mention « sponsorisé », comme on peut le voir sur cette image.

Ces tweets, que l’on peut commenter, partager ou liker comme une publication classique, sont mis en avant dans les résultats de recherche ou apparaissent sur les fils d’actualité des utilisateurs, en fonction de leurs centres d’intérêt ou caractéristiques démographiques (âge, genre, etc).

Des règles spécifiques à l’Union européenne

Sur une page dédiée, Twitter explique que les annonceurs qui souhaitent sponsoriser leurs tweets sont soumis aux Politiques relatives aux publicités du réseau social. Dans ces politiques, un volet entier est dédié au traitement du contenu politique dans l’Union européenne. Il y est précisé que les publicités pour des campagnes politiques sont interdites dans plusieurs pays : Chypre, la Lettonie, la Lituanie, la Hongrie, le Portugal et la France.

Les campagnes politiques destinées aux élections européennes doivent elles être validées par Twitter, qui évaluera leur recevabilité selon des critères qui sont listés. Les publicités ne peuvent être achetées par un parti politique, un candidat ou prendre clairement parti pour l’un ou l’autre. Il faut aussi que le compte où les tweets sponsorisés sont publiés remplissent des obligations comme le fait de renseigner un site web valide sur lequel apparaissent les mentions légales de l’annonceur. Les campagnes de sensibilisation enfin, sont permises sans restriction… sauf en France où elles ne sont pas autorisées.

La député Paula Forteza a insisté pour que l'application soit soumise au vote. // Source : Mohammed Hasan sur Pixabay

Les publicités politiques sont encadrées.

Source : Pixabay

Le gouvernement s’est vu refuser sa campagne à cause du risque, dit-il, de violer la loi française contre les fausses informations. Cette loi a été mise en œuvre le 22 décembre 2018. Elle contient un volet sur les réseaux sociaux, où il est demandé à Facebook, Twitter et d’autres de fournir des informations sur les publications politiques sponsorisées (montant dépensé, identité des annonceurs,…). L’objectif est d’éviter toute tentative d’ingérence électorale.

Toute campagne de sensibilisation politique est interdite en France

Le SIG estime auprès de l’AFP que Twitter, pour ne pas se donner cette peine, a préféré couper « toute campagne dite de nature politique ». « Ce n’est pas que la loi se retourne contre nous, c’est un hébergeur qui ne s’y conforme pas », juge quant à elle l’administration qui ne comprend pas pourquoi une annonce qui ne mentionne aucun candidat ou parti est concernée.C’est en réalité méconnaître les règles de Twitter. Comme nous l’avons expliqué, le réseau social écrit noir sur blanc dans ses politiques d’utilisation que toute campagne de sensibilisation politique est interdite en France.

Joint par Numerama, Twitter n’a pas souhaité répondre à nos questions sur le sujet.

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