[Enquête Numerama] Après des tweets moqueurs d’influenceurs, des femmes ont subi plusieurs grosses vagues de harcèlement ces dernières semaines. Quelle responsabilité ont ces célébrités ? Les concernés se défendent de toute imputabilité. Deux femmes ont porté plainte contre X.

Il suffit parfois d’un tweet ou d’une vidéo, pour déclencher une vague de harcèlement. Depuis quelques mois, plusieurs femmes, streameuses, journalistes ou militantes féministes, sont harcelées sur Twitter, à la suite à de publications moqueuses d’influenceurs ou streameurs.

Ces derniers se dédouanent de toute responsabilité, et estiment qu’ils n’ont pas à encadrer leurs communautés respectives. Un discours qui va à contre-courant de la vague de prise de conscience de plusieurs gros youtubeurs qui partagent désormais des messages de bienveillance et des conseils positifs à leurs fans.

Des milliers de messages privés insultants

Fin mars 2019, Émilie* publie une série de tweets, dans lesquels elle explique qu’elle reçoit souvent des messages d’inconnus qui viennent uniquement la complimenter sur son physique. Elle sait que chaque message n’est pas profondément malveillant, mais le caractère répété de ces actions individuelles s’additionne pour donner une grosse masse de messages qui la dérangent, alors qu’elle dit ne pas venir sur Twitter pour ça — et encore moins lorsqu’il s’agit tout bonnement de photos d’organes génitaux masculins.

Sur son compte à 1 500 abonnés, elle parle de jeux vidéo et de féminisme, et n’a jamais indiqué être à la recherche d’un ou une partenaire.

Image d'illustration. // Source : Wocintech / Flickr

Image d'illustration.

Source : Wocintech / Flickr

Le lendemain de ces tweets, Émilie parcourt ses messages privés (dits DM pour Direct Messages). Elle voit celui d’un ami qui prend de ses nouvelles, inquiet. Elle remarque alors qu’elle a reçu plus de 100 demandes de DM (Twitter met dans une catégorie à part les messages envoyés par des membres que l’on ne suit pas), mais, « naïvement », elle ne s’en inquiète pas. Son ami la relance : « Tu as vu tes notifications ? » Elle se décide alors à les ouvrir. « J’ai tout de suite compris », raconte-t-elle à Numerama au téléphone.

Ses notifications sont remplies d’insultes. Elles s’actualisent à une rapidité effarante : 5 par seconde le premier jour. Ce sont des milliers de tweets publics, entre 2 000 et 3 000 messages privés.

Pendant deux jours, Émilie ne dort pas. Entre 2 et 6 heures du matin, heures durant lesquelles le harcèlement est « mis en pause », elle lit ses messages privés, bloque leurs expéditeurs, tous masculins. Ce sont ses seuls moments de répit, durant lesquels elle peut aussi lire les quelques messages de soutien qui lui sont envoyés.

Des tweets moqueurs d’influenceurs

La jeune femme a finalement compris d’où était partie cette vague immense de harcèlement : Alexis Barrachin, dit « Melon », est venu répondre à son premier message, lui assénant  : « T’es giga moche en plus, quel con ». Melon est un joueur pro du jeu vidéo League of Legends (LOL) pour la team Solary. Il a à ce jour plus de 94 000 abonnés, soit 62 fois plus qu’Émilie. Un jour plus tard, il répond à nouveau à son propre tweet en disant que ce n’était qu’un « petit tacle ». Pourtant le mal est fait.

De nouvelles vagues de harcèlement se succèdent. À chaque fois, elles font suite à une publication moqueuse d’un influenceur ou d’un streameur connu. Plusieurs sont concernés.

Son collègue Sakor Ros, par exemple a lui aussi enchaîné en donnant son avis publiquement sur la question. Selon lui, une femme qui recevrait un compliment d’un inconnu et qui ne répond pas et « l’affiche sur les réseaux sociaux » sont « des putes » (un avis partagé par Amaury Vaudis, cofondateur de Solary, qui a publié presque le même message, 4 heures plus tard).

Ces deux joueurs affirment que les hommes cités par Émilie ne sont pas des « harceleurs » (qui seraient, en revanche, des « malades »), sans préciser quelle serait leur définition d’un harceleur. Émilie a pourtant fait remarquer que les hommes qui l’embêtaient étaient « tout à fait lambda ».

Les streameurs Sardoche (134 000 abonnés sur Twitter) et Karim B. (47 000 followers), Terracid de la chaîne YouTube Wankil Studio (807 000 abonnés), le youtubeur Zack (214 000) ou le joueur de la team Solary SB Kinstaar (234 000) ont ensuite ajouté de nouveaux messages pour se moquer du discours d’Émilie. Relançant de plus belle les vagues de harcèlement à son encontre.

« Je vous laisse aller lui répondre »

Émilie n’est pas la seule à avoir subi un tel déferlement d’insultes et menaces. Inès*, journaliste, a été cyberharcelée parce qu’un vidéaste qui compte plusieurs centaines de milliers d’abonnés s’est ouvertement moqué d’elle dans l’une de ses vidéos, en citant son prénom et son nom. « Quelques minutes seulement après la mise en ligne de sa vidéo, j’ai commencé à recevoir des messages d’insultes sur Twitter, notamment en DM », se souvient-elle. Ce sont ses harceleurs eux-mêmes qui lui ont indiqué d’où venait la vague d’insultes. Ils lui envoyaient des phrases comme « il t’a terminée », avec des emojis rieurs. Ce harcèlement a ensuite glissé vers d’autres plateformes : Inès a reçu des messages privés sur Facebook Messenger, des internautes ont tenté de pirater ses comptes, une vingtaine de fois. Elle a alors tout verrouillé.

« Il t’a terminée :’) »

Elle connaissait sa réputation. Le vidéaste en question avait déjà publié d’autres vidéos moqueuses, qui avaient là encore conduit à du harcèlement des personnes visées, par des internautes malveillants, fans de ses vidéos. Inès savait qu’en le citant dans un article (pourtant publié uniquement dans la version papier de son journal), elle prenait un risque, qui la faisait « appréhender » la réaction de l’homme en question.

Un pour tous, et tous contre une

Rei*, qui parle de sujets féministes ou LGBT sur Twitter, a quant à elle reçu des insultes parce qu’elle avait eu l’idée de lancer une conversation Discord… dédiée aux femmes qui aiment les jeux vidéo. « Ça n’a pas plu à certains hommes, qui se sont exprimés sur Twitter , dit-elle à Numerama. J’ai  répondu sur un thread sur le sujet en disant « les hommes sont des déchets, déso mais pas déso' » ». Cette phrase fait référence à l’expression volontairement caricaturale et provocatrice « men are trash ». Quelques personnes ont liké son tweet. Elle pensait que cela s’arrêterait là, mais un streameur qui compte 26 000 abonnés sur Twitter, TeufeurSoff, a republié son message, accompagné de l’injonction : « Les gars, je vous laisse aller lui répondre ».

Comme Inès, Rei a tout de suite verrouillé ses comptes. Lorsqu’elle a remis son compte Twitter en public, TeufeurSoff a de nouveau fait un tweet à son sujet, et les insultes ont repris de plus belle. Au téléphone, Rei, comme d’autres femmes à qui nous avons parlé, se dit paradoxalement « chanceuse », car cela n’aurait « pas trop duré », dit-il, avant de concéder : « Je devais réviser pour mes partiels, mais je recevais des menaces de mort ».

Des dizaines de menaces de morts pour avoir écrit la phrase « les hommes sont des déchets ». Ce décalage n’est pas sans rappeler les pratiques de la Ligue du LOL ou le cyberharcèlement très médiatisé de Nadia Daam, journaliste chroniqueuse à Europe 1, qui avait subi une immense vague d’insultes, injures, menaces de mort (à son égard, mais contre sa fille), émanant d’internautes du forum 18-25 de jeuxvideo.com, connu pour être un lieu où une partie des harceleurs s’engrènent et se coordonnent pour des actions ciblées, visant souvent des femmes. Le tort de la journaliste ? Avoir qualifié le forum 18-25 de « bac marron d’Internet, la poubelle à déchets non recyclables », et donc d’insulter « tout » le forum 18-25 dans sa globalité. Nadia Daam a dû déménager. Elle a également quitté Twitter.

Des influenceurs habitués des moqueries ?

Sarah* elle, subit du harcèlement par intermittence, depuis 5 ans. Elle est vidéaste, et aime parle de pop culture. Les attaques en ligne se sont intensifiées ces derniers mois, après plusieurs tweets de Sébastien Rassiat, coauteur de la chaîne Joueur du grenier (229 000 abonnés sur Twitter). Cela a commencé par un jeune homme, qui publiait sur Internet des insultes et des menaces de mort. Elle a trouvé son identité et contacté ses parents pour les prévenir des agissements de leur fils. Cette démarche n’a pas plu. Des personnes s’en sont pris à elle, l’accusant paradoxalement… d’avoir harcelé le jeune homme, et sont allées jusqu’à la traiter de pédophile. Elle a reçu des insultes, des menaces de viol, des menaces de mort. Elle a demandé aux influenceurs qui twittaient à son sujet d’arrêter, ils en ont « remis une couche » en se moquant d’elle.

Les messages des influenceurs ne sont pas tous des appels au harcèlement. Certains ne contiennent même aucune insulte. Pourtant, tous ont conduit à des vagues de harcèlement extrêmement violentes. Les victimes, streameuses ou militantes, nous ont expliqué qu’elles souhaitaient mettre les vidéastes et streameurs face à leurs responsabilités.

« J’ai l’impression qu’on est dans une arène » 

Sarah affirme ainsi : « Ils font passer ça pour de l’humour, mais c’est purement de la haine. C’est comme une seconde ligue du lol ». « Quand on a 900 000 abonnés et qu’on retweete les propos d’une femme en se moquant, sans cacher son nom, on sait un peu à quoi s’attendre », estime-t-elle. À cause de cette ambiance, elle a dû cesser de faire des contenus sur Internet. Sébastien Rassiat, de Joueur du grenier l’a appris, et lui a répondu avec un gif moqueur, menant à de nouvelles insultes.

« J’ai l’impression qu’on est dans une arène, dit-elle. En face, il y a des gens avec des glaives et des boucliers et nous on est à poil, avec tout un stade qui réclame du sang ». Selon Sarah, « les influenceurs ne sont pas coupables, mais ils sont responsables ».

Certains ont même une réputation qui pousse leurs fans à les tagger directement sous des publications féministes, comme s’ils espéraient que leur « idole » s’empare du sujet à son tour.

Selon les victimes avec qui nous nous sommes entretenues, le sentiment d’impunité serait absolu, notamment dans certains milieux autour desquels gravitent beaucoup des victimes et des harceleurs : les jeux vidéo et la pop culture en général. « Certains hommes pensent que c’est leur territoire, et ils ne s’en cachent même pas. Ils ne supportent pas qu’on empiète dessus », remarque Rei.

Nat Ali*, une streameuse féministe, est régulièrement témoin du harcèlement de ses consœurs, abonde dans ce sens :  « Le milieu du jeu vidéo est encore bien misogyne. C’est un milieu où être drôle, cassant, c’est être fort. Les plus jeunes se rendent moins compte des conséquences et sont d’autant plus véhéments. » Elle fait notamment remarquer que des streameurs ou youtubeurs sont connus pour ce genre de comportement dédaigneux, moqueur et qui encourage le harcèlement. « En tant que streameuses on est amenées à les côtoyer, mais on ferme nos gueules et on s’écrase », témoigne celle qui a reçu des messages d’insultes alors qu’elle tentait de soutenir une amie harcelée.

Les influenceurs se défendent d’être responsables

Tous les influenceurs et streamers cités dans l’article ont été contactés. Certains n’ont pas encore répondu à nos sollicitations. Les autres ont globalement adopté la même ligne de défense : ils mettent en avant leur droit de répondre à ce qu’ils jugent être des « attaques » de la part des militantes féministes et arguent qu’elles harcèlent également des hommes.

Sardoche nous a assuré « ne rien prendre avec légèreté ». Il explique par mail que le militantisme féministe sur Twitter serait selon lui un « gâchis pas possible » et que celles qui s’en revendiquent sont « perdues dans des cases qu’elles n’ont jamais compris [et] se battent pour des causes qui n’existent pas ». Il estime qu’elles aiment se faire détester, car « c’est l’émotion la plus proche de l’amour qu’elles ont jamais connue ».

Il estime ne pas être responsable de harcèlement de celles qu’il qualifie de « misandres hypocrites ». Il ajoute subir lui aussi des attaques, et conclut par : « Je n’ai pas à faire de recherches sur le passif des gens pour savoir si ce sera la goutte d’eau qui fait déborder leur vase. Si leur vase est plein, qu’ils se fassent discrets. »

Frédéric Molas, co-créateur de la chaîne YouTube Joueur du grenier (Sébastien Rassiat ne nous a pour le moment pas répondu), a souhaité répondre au sujet d’un tweet dans lequel il fait une blague sur le harcèlement. Il explique qu’il s’adressait à un ami et qu’il ne souhaitait pas se moquer des victimes. Il affirme que sa communauté ne serait pas comme « un Pokémon qui obéit bêtement aux ordres qu’on lui donne », sans y voir de lien avec lui ou son nombre d’abonnés (presque un million sur Twitter). « C’est un rassemblement de gens ayant chacun leur cerveau et leur libre arbitre et qui font ce qu’ils souhaitent », dit-il par email, flattant sa communauté tout en se dédouanant de toute responsabilité. Il ajoute que le gif de Sébastien Rassiat cité dans l’article plus haut n’était selon lui pas moqueur, mais devait être pris « dans le sens ‘je ne te crois pas’ ».

Romain Potier, de la chaîne Sir Gibsy, a flouté le nom d’une femme dont il se moquait. C’est une précaution qu’il est l’un des seuls à avoir pris, et qui rend plus difficile le harcèlement, car le compte de la victime n’est pas directement accessible. Il est malgré tout facile de retrouver le tweet d’origine, en tapant le texte dans la barre de recherche, par exemple.

L’homme accuse par ailleurs l’une des victimes d’avoir elle aussi appelé au harcèlement en publiant les pseudonymes de ses harceleurs. Interrogée à ce sujet, la personne concernée nous a expliqué ne pas avoir la même communauté que les influenceurs qui se sont moqués d’elle : elle ne compte que quelques centaines d’abonnés, contre plusieurs dizaines de milliers pour Sir Gibsy.

Celui-ci dit pourtant avoir reçu il y a un an et demi une « shitstorm » tellement violente qu’il a dû passer son compte en privé. « Plutôt que de pleurer (et) montrer les menaces que j’ai reçu, j’ai coupé les réseaux pendant un peu de temps et je suis revenu, écrit-il. Mais bon, ces personnes préfèrent faire l’autruche en faisant semblant de ne pas connaître Twitter ». Pour les victimes auxquelles nous avons parlé, Twitter est cependant un outil de loisir important, voire de travail. Elles estiment que ce n’est pas à elle de quitter une plateforme à cause du cyberharcèlement, comme si celui-ci était une conséquence inévitable et non pas le résultat d’actions individuelles.

« Un monde déconnecté de la réalité »

Chez la team Solary, le discours est à peu près similaire. Une personne de l’entreprise de gestion de l’équipe de streameurs (WSC Group) nous a expliqué que des discussions avaient été entamées avec les joueurs Melon et Sakor. Les 8 autres membres de l’équipe leur auraient reproché leurs propos problématiques et insultants. On nous a également indiqué au téléphone qu’il n’y avait pas eu de volonté de blesser, que les joueurs vivaient « dans un monde déconnecté de la réalité », un argument qui peut sembler anachronique au vu de cette génération Y, dont on nous dit tout le temps qu’elle a grandi avec le web. D’autant plus lorsque l’on observe que d’autres influenceurs très célèbres, à l’image des « anciens » Cyprien et Squeezie (pourtant de la même génération), prennent de plus en plus leurs responsabilités quant à leur célébrité et aux messages qu’ils font passer dans leurs vidéos.

Sakor, de son côté, persiste : si une femme choisit « d’afficher une personne qui vous envoie un message sans mauvaise intention, là ça devient mauvais ».

Deux plaintes contre X ont été déposées

Aucune sanction n’a été prise contre les streameurs côté Solary, mais il a été indiqué que des formations sur le sexisme et le harcèlement pourraient être mises en place. Pour le moment, l’équipe aurait d’autres problèmes à régler, comme « les entraînements » ou les « blessures au poignet », nous indique-t-on. La directrice de WSC Group dit toutefois qu’elle ne se rendait pas compte de l’ampleur que le harcèlement avait pris, et qu’elle s’en excuse.

Pour Inès, ces influenceurs ou vidéastes sauraient « très bien ce qu’ils font ». « Évidemment, rares sont ceux qui vont désigner une cible et dire : ‘on lui balance un raid’. Ils sont pas idiots, et savent que ça peut facilement leur retomber dessus », dit-elle, avant d’ajouter que l’intention est là malgré tout, et qu’ils ne peuvent ignorer les comportements de leurs fans. Elle juge les « appels dissimulés au harcèlement » complètement irresponsable. Selon elle, ce n’est que lorsqu’ils seront devant un tribunal, que les conséquences seront « concrètes » qu’ils « diront qu’ils regrettent ».

Deux plaintes ont été déposées contre X, pour les faits de harcèlement que nous avons rapportés. Un compte Twitter anonyme appelé Gourous Toxiques a également été créé. Laure*, sa créatrice, y répertorie les tweets moqueurs d’influenceurs qui conduisent à du harcèlement. Elle nous explique que cela servira aussi aux victimes qui souhaiteraient elles aussi porter plainte.

* Les prénoms ont été modifiés afin de garantir l’anonymat et la sécurité des personnes concernées.

Découvrez les bonus

+ rapide, + pratique, + exclusif

Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.

Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci

Il y a une bonne raison de ne pas s'abonner à

Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.

Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :

  • 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
  • 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
  • 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.

Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Si vous avez aimé cet article, vous aimerez les suivants : ne les manquez pas en vous abonnant à Numerama sur Google News.