La surveillance technologique s’invite dans les élections municipales de 2020 à Paris. Dans une interview accordée le 28 avril au Journal du Dimanche, l’ex-secrétaire d’État au numérique Mounir Mahjoubi annonce que s’il est élu maire, il demandera que soit déployé un drone « de protection » dans chaque quartier de la capitale. Chacun d’eux sera équipé d’une caméra pour assister les forces de l’ordre.
« J’envisage de déployer des drones de protection équipés de caméras, qui se rendront très rapidement sur les lieux signalés. Il y en aura un par quartier, soit 240 drones. Ils seront pilotés par des agents spécialement formés », prévoit celui qui a parfois été décrit comme le geek du gouvernement. Mais, assure-t-il, ces drones « ne feront pas des rondes dans le quartier comme dans les romans de science-fiction ».
L’idée du candidat à la mairie de Paris ne serait donc pas d’avoir en permanence des drones en l’air. Ce serait une source continue de nuisance sonore et de pollution visuelle pour les touristes comme pour les habitants, sans parler du risque accru de chute d’un de ces aéronefs sur un passant. Il s’agirait plutôt de les dépêcher uniquement sur zone lorsqu’une alerte est donnée.
Filmer une scène en ville
On présume que elle-ci serait donnée à l’occasion d’un appel au 17 (tout appel destiné à un service d’urgence vaut consentement de l’utilisateur pour l’usage de ses données permettant de localiser l’équipement qui a servi à l’appel, jusqu’à l’aboutissement de l’opération de secours), d’une caméra ou bien d’un bouton d’urgence qu’il est question de déployer en ville (environ 20 000). Certains, portatifs, pourraient aussi être distribués aux populations vulnérables.
Sur son site de campagne, Mounir Mahjoubi précise que ces drones ne seront pas non plus des drones d’intervention (même si l’avancée technique permet déjà de créer des engins qui sont capables de lancer des filets par exemple). Il s’agit juste, dit-il, « d’outils qui permettront aux forces de l’ordre d’obtenir des informations plus rapidement en cas d’urgence ».
Aujourd’hui, la réglementation interdit l’emploi des drones en ville, mais cette consigne s’applique au public. Des exceptions sont prévues pour un usage en cas d’urgence (c’est ce qui a permis d’utiliser un drone pour constater l’étendue du feu sur Notre-Dame). « La préfecture de police en utilise déjà, je propose qu’on étende leur usage », explique Mounir Mahjoubi. Et si la loi pose une difficulté, l’ex-secrétaire d’État a une réponse déjà prête : « s’il faut changer la loi, nous le demanderons ».
« Se sentir en sécurité »
Quant aux avertissements qui lui seraient adressés sur la menace que cela fait courir aux libertés individuelles (ne serait-ce parce que les caméras pourraient être pointées accidentellement ou non en direction des fenêtres des habitations), Mounir Mahjoubi assure qu’il ne faut pas s’alarmer : « Il n’est question ici ni de flicage, ni d’intrusion dans la vie privée, ni de manipulation de l’opinion. Il s’agit juste de se sentir en sécurité. Je crois qu’une société qui protège ses citoyens sans porter atteinte aux libertés individuelles est possible ».
Le fait est que cela va renforcer le maillage de la surveillance — aujourd’hui, l’usage de ces futurs drones est annoncé comme ponctuel, lorsqu’une alerte est donnée. Mais demain ? Pour continuer à « se sentir en sécurité », la proposition de maintenir en vol en permanence des drones pourrait finir par émerger dans le discours public, en particulier lors d’un futur scrutin municipal. Car après tout, il faut bien marquer l’esprit des électeurs.
Surtout que Mounir Mahjoubi entend renforcer par ailleurs le réseau des caméras de vidéosurveillance. L’intéressé propose d’installer « massivement une nouvelle génération de caméras », notamment celle « de type Lidar [qui] est capable de détecter tous les dangers sans enregistrer les visages. C’est un bon complément des caméras de vidéosurveillance ».
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