Lora DiCarlo sera finalement bien récompensée pour ses innovations par le comité du Consumer Electronics Show (CES). L’entreprise américaine qui commercialise des sextoys féminins avait été évincée du concours du salon en janvier 2019 et contrainte de ne pas y présenter directement son produit. Le CES est finalement revenu sur sa décision au sujet du prix, comme l’a rapporté The Verge ce mercredi 8 mai.
Un sextoy récompensé (mais pas pour longtemps)
Lora DiCarlo a été fondé par une entrepreneuse, Lora Haddock. En janvier, elle a voulu présenter lors du CES, la grand-messe des nouvelles technologies, sa dernière invention. Il s’agissait s’Osé, un sextoy. Imitant les sensations que l’on pourrait avoir pendant un rapport à deux (au lieu de simplement vibrer), il s’adresse, est-il expliqué sur le site de la marque, à toute personne ayant un vagin et/ou un clitoris.
Le sextoy avait été récompensé en amont du CES de 2019 par un jury indépendant (le CTA), mais ce prix lui avait finalement été retiré. Cette décision a fait polémique, poussant finalement le CTA à changer d’avis plusieurs mois après le selon. « Nous n’avons pas géré l’affaire de cette récompense de manière adéquate », a reconnu le jury. Il explique que d’ « importantes discussions » sur les technologies autour de la sexualité ont été ouvertes ces derniers mois.
La récompense a été rendue à Lora DiCarlo mais les organisateurs du CES n’ont pas précisé si cela signifiait que le sextoy pourrait être présenté lors du prochain salon en 2020, ou s’il pourrait gagner d’autres prix. Lora DiCarlo avait aussi été sommée de ne pas présenter le sextoy directement sur son stand : il était possible d’en parler avec les visiteurs, mais pas de leur montrer.
Des motivations sexistes ?
La raison officielle du retrait du prix était la suivante : « Les produits jugés immoraux, obscènes, indécents, profanes ou ne correspondant pas à l’image de marque du CTA, à la seule discrétion de [l’association], seront disqualifiés. Le CTA se réserve le droit de disqualifier n’importe quel produit n’importe quand, dès lors qu’il considère qu’il peut mettre en danger la sécurité ou le bien-être de quiconque, ou qu’il ne respecte pas les règles officielles. »
La fondatrice de l’entreprise avait évoqué dans une tribune des motivations sexistes. Selon elle, Osé a été censuré précisément parce qu’il s’agit d’un sextoy créé par une entreprise qui se revendique comme sex-positive et inclusive. Elle estimait qu’avec un sextoy pour hommes, le problème ne se serait pas posé.
En 2018, des poupées sexuelles aux dimensions irréalistes avaient été présentées au CES (seulement sur des stands tenus par des médias ou dans un hôtel adjacent). Il y avait également des dispositifs pour regarder de la pornographie (encore largement destinée aux hommes hétérosexuels) en réalité virtuelle, ou des robots sexualisés faisant des strip-tease.
D’autres sextoys féminins avaient par ailleurs été récompensés par un Award au CES de 2017, mais ils étaient d’une forme beaucoup moins phallique.
Les organisateurs se défendaient des accusations de sexisme
Les organisateurs se défendaient des accusations de sexisme. Selon eux, le prix avait été retiré à Osé uniquement parce qu’il avait été octroyé dans la mauvaise catégorie. Le sextoy avait été considéré comme « drone et robotique », ce qui n’était pas exact selon les membres de la CTA. Lora Haddock soulignait pourtant que des entreprises reconnues du secteur de la robotique avaient contribué à développer l’objet.
Des règles modifiées en profondeur
Les règles concernant les sextoys devraient être modifiées avant le CES 2020. Selon une source proche du dossier interrogée par The Verge, ils pourraient être redirigés dans la catégorie « santé et bien-être » afin d’éviter de nouveaux couacs. Pour le moment, une telle section n’existe pas.
Lora Haddock, qui commercialisera Osé dès cet automne, s’est dite « reconnaissante » du changement de position de la CTA. Elle espère que cela « contribuera à rendre le CES plus inclusif pour tous ».
L’histoire avait (de nouveau) soulevé un débat de fond autour du CES, à savoir le sexisme endémique dans le salon, ou dans l’industrie de la tech ou du sexe en général. « Le CES et le CTA ont un long historique de biais genrés, de sexisme, misogynie et de règles à deux vitesses, comme le monde de la tech en général », regrettait la CEO de Lora DiCarlo.
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