Donald Trump a toujours eu une relation ambiguë avec les réseaux sociaux. S’il les utilise beaucoup (surtout Twitter), il se plaint régulièrement de la censure qui y serait exercée selon lui. La Maison-Blanche partage visiblement son avis, puisqu’elle vient de lancer un nouvel outil anti-censure. Il permettra aux citoyens américains qui estiment qu’ils ne peuvent pas s’exprimer librement sur Internet de « raconter leur histoire au président Trump », a repéré The Verge mercredi 15 mai.
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L’outil en question, un formulaire, est déjà en ligne. Il est stipulé sur la page d’accueil : « Les réseaux sociaux devraient lutter pour la liberté d’expression, mais trop d’Américains ont vu leur compte suspendu, banni ou signalé sans raison ». Le texte d’introduction précise que le site est dédié à tous les Américains ou aux personnes résidant de manière permanente aux États-Unis.
Après avoir renseigné quelques informations personnelles, l’internaute doit répondre à des questions sur la censure dont il aurait fait l’objet. Il précise sur quelle plateforme les faits se sont déroulés, quand, ou quelle justification officielle lui a été donnée. Il est aussi invité à donner le lien vers son profil, sans qu’il ne soit précisé à quoi cela servira.
Il est clairement indiqué que l’outil est dédié aux personnes de tous bords politiques. L’une des dernières questions propose cependant de s’abonner à la newsletter de la Maison-Blanche. Grâce au formulaire, le gouvernement récupère donc vos coordonnées, un lien vers votre profil Twitter, et un mail pour vous tenir au courant de ses actions.
Les réseaux sociaux tentent de lutter contre les extrémismes
Un porte-parole de Twitter a réagi auprès de The Verge en expliquant que le réseau social appliquait ses règlements de manière impartiale, « quelles que soient les préférences politiques » des utilisateurs. En réalité, Twitter est même plutôt réputé pour son laxisme à ce niveau-là.
Si Facebook a décidé de bannir le suprémacisme blanc de sa plateforme, Twitter peine à sévir contre l’extrême-droite. Interrogé au sujet du non-bannissement de groupes néonazis, Jack Dorsey, le CEO du réseau social, a simplement expliqué que l’extrémisme violent n’était pas toléré, sans vraiment répondre à la question.
Facebook et YouTube ont annoncé de nombreuses mesures pour lutter contre les fausses informations et l’extrémisme
Jack Dorsey avait aussi soutenu la décision de Twitter de laisser en ligne un tweet du républicain Donald Trump. Le tweet avait pourtant conduit à une vague de harcèlement contre une femme politique démocrate, racontait le Washington Post.
Facebook, Google ou YouTube, qui sont cités dans le formulaire, ne se sont pas exprimés sur le sujet pour l’instant. Facebook et YouTube ont annoncé ces derniers mois de nombreuses mesures pour lutter contre les fausses informations et l’extrémisme. Récemment, Facebook et Instagram ont banni plusieurs figures d’extrême-droite qui diffusaient des discours haineux ou des théories du complot.
Modération ou censure ?
Donald Trump ainsi que d’autres républicains pensent qu’il ne s’agit pas simplement de modération, mais bien de censure. En avril 2019, le président s’est plaint à Twitter d’avoir fait baisser son nombre d’abonnés, avait rapporté Reuters. Il avait écrit dans un statut publié en ligne que cette décision était « très discriminatoire », car elle était d’après lui liée à ses opinions politiques. En réalité, ceci était lié à de nouvelles mesures antispam de Twitter. La plateforme avait supprimé de nombreux faux comptes. Donald Trump, en tant que personnalité publique connue, en avait forcément parmi ses abonnés, sans le savoir.
Un mois plus tard, l’homme politique a aussi critiqué la décision de Facebook de bannir des figures d’extrême-droite. Elles étaient pourtant considérées comme le réseau social comme « dangereuses ».
Des proches de Donald Trump, notamment son fils, ont tenu des discours similaires. « La manière dont Facebook et les autres monopoles de la tech réduisent au silence de manière volontaire et calculée les conservateurs devrait terrifier tout le monde », écrivait-il sur Twitter en mai, parlant de « purge ».
Des comités gouvernementaux ont également été saisis en avril par des législateurs, à propos de la prétendue censure exercée par Facebook et Twitter.
La Maison-Blanche a annoncé mercredi 15 mai qu’elle ne participerait pas à l’appel de Christchurch, un plan mondial de lutte contre l’extrémisme en ligne. Celui-ci porte ce nom en référence à l’attentat de Christchurch. Le terroriste qui a tué 51 personnes s’était servi des réseaux sociaux pour diffuser un direct de son attaque, ainsi qu’un manifeste politique raciste et islamophobe.
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