C’est désormais officiel. Les réseaux de télécommunications américains devront faire sans les produits et les services conçus par les équipementiers chinois. C’est au nom de « l’urgence nationale » que cette exclusion a été décidée : mercredi 15 mai, Donald Trump a en effet signé un décret par lequel il interdit l’utilisation d’équipements étrangers pouvant constituer une menace.
Par la signature de cet ordre exécutif, le président américain entend mettre fin à « l’acquisition ou l’utilisation sans restriction » de matériels ou de logiciels « conçus, mis au point, fabriqués ou fournis par des personnes appartenant à des adversaires étrangers, contrôlées par eux ou soumises à la compétence ou à la direction de ceux-ci ». L’impératif de la sécurité du pays le commandait.
La directive ne mentionne à aucun moment les entreprises ou les puissances étrangères qui posent problème à la Maison-Blanche. Mais il n’est pas besoin d’être grand clerc pour comprendre que ce sont les groupes chinois — et donc Pékin — qui sont ciblés par cette toute récente restriction fédérale. Et plus particulièrement, l’ordre vise Huawei, un équipementier chinois devenu un leader mondial, notamment dans la 5G.
Les accusations portées par Washington sont lourdes : « Les adversaires étrangers créent et exploitent de plus en plus de vulnérabilités dans le domaine des technologies et des services de l’information et des communications […] afin de commettre des actes cyber-malveillants, notamment l’espionnage économique et industriel contre les États-Unis et son peuple ».
L’« accord de non-espionnage » ignoré
De toute évidence, la proposition formulée plus tôt cette semaine par Huawei a été balayée d’un revers de la main par Donald Trump. À supposer que celle-ci lui soit parvenue jusqu’aux oreilles. L’entreprise chinoise déclare être prête à signer un « accord de non-espionnage ». Cela étant, sa valeur serait probablement nulle au regard des obligations légales qui pèsent sur le groupe en Chine.
Les entreprises chinoises sont en effet tenues de « soutenir le travail de renseignement national, de coopérer avec lui et de collaborer à ses activités », souligne la BBC. Cela fait suite à l’adoption en 2017 d’une législation spécifique, complète Le Monde. En outre, la rivalité entre les nations et les logiques de puissance laissent de toute façon peu de doutes sur ce qui se passe vraiment en coulisses.
Répercussions internationales
Les relations entre les États-Unis et la Chine se sont dégradées depuis l’accession au pouvoir de Donald Trump, le président américain traitant sans ménagement la nouvelle superpuissance émergente. Une guerre commerciale entre les deux pays a d’ailleurs éclaté, avec des droits de douane qui sont relevés de part et d’autre et qui se chiffrent en centaines de milliards de dollars.
Outre la bataille commerciale, Washington et Pékin se sont fâchés autour du cas de Sabrina Meng Wanzhou, la directrice financière de Huawei. Elle a été arrêtée au Canada à la demande des États-Unis, pour une affaire qui n’a pas directement à voir avec l’espionnage dans les télécoms, ce qui a déclenché une crise diplomatique entre Ottawa et Pékin. Elle risque désormais d’être extradée.
La dispute entre les deux économies a pris des proportions telles, qu’elle concerne aussi les Européens. Dans le cas de Huawei, Washington fait pression sur le camp occidental pour qu’il renonce à laisser l’équipementier chinois participer à la conception du réseau 5G. Des mises en garde très claires ont été adressées à l’Allemagne et au Royaume-Uni, avec à la clé une possible réduction de la coopération.
Les craintes d’espionnage via la 5G restent légitimes, même si elles n’ont pas été étayées par des preuves rendues publiques. La future génération de la téléphonie mobile sera une véritable révolution dans les télécoms. Ce standard s’immiscera partout, dans les voitures autonomes, l’industrie, la santé, ou bien la ville connectée. Il est donc impératif de fixer des exigences les plus élevées possible. Et les imposer à tous.
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