Cela se confirme scrutin après scrutin : les élections européennes réussissent bien au Parti pirate. Dimanche 26 mai 2019, le mouvement est parvenu à récupérer 4 sièges sur les 751 qui étaient en jeu. Jamais la formation politique, née au milieu des années 2000 sur des problématiques liées au droit d’auteur et aux libertés numériques, n’avait connu un tel succès à l’échelon continental.
Le Parti pirate français a recueilli 31 684 voix, selon les statistiques données par le ministère de l’Intérieur, soit 0,14 % des suffrages exprimés. Insuffisant pour envoyer Florie Marie, la tête de liste, à Strasbourg et à Bruxelles. Insuffisant aussi pour espérer obtenir un remboursement des frais de campagne.
Malheureusement pour celles et ceux qui soutenaient le Parti pirate français, ce dernier n’y est pour rien dans cette réussite électorale. C’est en effet en Europe centrale que tout s’est joué. La liste tchèque du Parti pirate est parvenue à faire élire trois des siens (Marcel Kolaja, Markétka Gregorová et Mikuláš Peksa), tandis que son homologue allemande a sécurisé le quatrième siège pour Patrick Breyer.
Trois hommes et une femme, donc, succèdent à l’Allemande Julia Reda, qui achèvera son mandat de cinq ans à la fin du mois de juin. L’intéressée avait déjà fait savoir en 2018 qu’elle ne comptait pas briguer un deuxième mandat et pris la décision au printemps 2019 de se retirer de la vie politique à cause d’une affaire de harcèlement sexuel impliquant l’un de ses collaborateurs.
Déplacement du centre de gravité
L’élection de Julia Reda en 2014, s’est avérée être le marqueur visible d’un déplacement du centre de gravité du poids politique européen du Parti pirate vers le centre du continent. Avant cette élection, c’est un pays nordique, la Suède, qui avait permis au Parti pirate d’entrer dans l’hémicycle, grâce notamment au procès très médiatisé de The Pirate Bay, le plus célèbre des sites de liens BitTorrent.
De nationalité suédoise, Christian Engström avait été élu dès 2009 avant d’être rejoint par sa compatriote Amelia Andersdotter deux ans plus tard, du fait de la ratification du traité de Lisbonne accordant un siège supplémentaire à Stockholm. Un sacré coup politique, que le Parti pirate local n’a toutefois pas réussi à reproduire cinq ans plus tard ni lors du scrutin survenu cette année.
Pour peser au Parlement européen, les quatre parlementaires du Parti pirate n’auront pas le choix : il leur faudra rejoindre l’une des grandes alliances politiques de l’hémicycle. C’est ce qu’a fait Julia Reda en s’alliant au Groupe des Verts/Alliance libre européenne, qui compte actuellement 52 sièges, jusqu’à en devenir vice-présidente. Une stratégie qui, selon elle, a été décisive.
« J’ai été l’une des eurodéputées les plus influentes de mon groupe politique. J’ai travaillé sur de nombreux textes de loi, je les ai amendés. Par exemple la fin du géoblocage pour le commerce en ligne, la réglementation sur la portabilité, la directive Copyright ou encore le nouveau code des communications électroniques », a-t-elle déclaré à France Culture, au moment de faire son bilan.
« Je me suis investie sur une dizaine de projets au cours de ces quatre dernières années ». Certes, tous les combats que la parlementaire a menés n’ont pas tous été couronnés de succès. Sur la directive européenne sur le droit d’auteur par exemple, le texte a fini par entrer en vigueur malgré la forte implication de l’eurodéputée pour lui faire barrage et, à défaut, en arrondir les angles.
« Les pirates sont le parti de la révolution numérique », écrivait-elle début 2014, avant de se faire élire. « Éduqués sur Internet, nous y faisons l’expérience de valeurs, qui imprègnent notre projet de société. Nous voulons une Europe qui sera sans frontière et nous rapprochera et non d’un Internet confiné ». À Patrick Breyer, Markétka Gregorová, Marcel Kolaja et Mikuláš Peksa de porter désormais ce flambeau.
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