Droit d’auteur, droit des marques, droit à l’information et droits de retransmission sont un véritable casse-tête lorsque des grands évènements sportifs doivent être couverts par les grands médias internationaux. Nous l’avions déjà vu avec la Coupe du monde de football en Italie, où la FIFA avait accordé l’exclusivité des droits de couverture sur Internet à Yahoo, tout en interdisant aux autres médias numériques de diffuser des images pendant les deux heures suivant le coup de sifflet final de chaque rencontre. Le FIFA faisait ainsi monter les enchères des droits, et s’offrait grâce aux joies d’internet la possibilité d’être son propre média, avec toutes les conséquences que cela a eu sur la manipulation des images.
Grâce au droit d’auteur et au droit des marques, les entités responsables de l’organisation des grands évènements sportifs possèdent par principe l’exclusivité des droits de retransmission, qu’ils cèdent aux meilleurs payeurs. Avec les nouvelles technologies et la possibilité pour chacun de créer et de diffuser soi-même des images, les organisateurs réfléchissent toutefois de plus en plus à se séparer des médias traditionnels pour se réserver la part du lion. C’est ainsi que la Ligue Professionnelle de Football (LFP) en France réfléchit à la possibilité de créer son propre service de VOD, voire sa propre chaîne de télévision. La tension entre les médias et les fédérations et associations sportives s’accentuent donc d’année en année.
Avec la Coupe de monde de Rugby, la tension est encore montée d’un cran, à un niveau jamais atteint. Pour preuve, 40 organes de presse dont l’AFP, Associated Press, Reuters et Getty, les quatre principales agences internationales, ont décidé de boycotter la couverture de l’évènement ! Le site de L’Equipe a rejoint le mouvement et ne diffusera aucune image dans sa rubrique « rugby ». Ils reprochent à l’IRB, l’International Rugby Board, d’être revenu sur l’accord de Dublin signé le 21 août 2007. Celui-ci prévoyait d’accorder aux agences et journaux sur Internet la possibilité de diffuser au maximum une photo par seconde lors de chaque match, soit 2.400 par mi-temps ou 6.000 par match en cas de prolongation. Or l’IRB a fait marche arrière toute, et après négociation ne prévoit plus d’accorder qu’un maximum de 50 photos par match (20 par mi-temps et 5 pour chacune des deux périodes de la prolongation).
Roselyne Bachelot dans la mêlée
La Fédération européenne des journalistes (FEJ), qui estime représenter plus de 250.000 journalistes dans plus de 30 pays, « dénonce le sport-business de même que le show-business qui dépouille les journalistes et remet en cause des droits considérés comme inaliénables, tels que les droits d’auteur et l’accès à des manifestations publiques », a indiqué son président Arne König. Jeudi soir, l’IRB a prévenu que « La RWCL (la branche commerciale de l’IRB) ne se laissera influencer ni par des exigences déraisonnables ni par la menace de boycott ».
A quelques heures du coup d’envoi, les négociations paraissent bloquées, au point que les pouvoirs publics s’en mêlent. La ministre des sports Roselyne Bachelot a appelé directement Mike Miller, le directeur exécutif de l’IRB, « pour le sensibiliser à la nécessité de renouer rapidement le dialogue afin que cette grande fête du sport qu’est la Coupe du monde de rugby ne soit pas gâchée ». Car au delà du sport, c’est aussi la publicité pour la France qui sera gâchée si les médias ne couvrent pas l’évènement.
Bernard Lapasset, le président de la Fédération française de rugby, s’est placé derrière la ministre. « Je pense que ce serait désolant de ne pas trouver l’ensemble des médias réunis, groupés derrière cette équipe de France, derrière cette Coupe du monde, a-t-il dit. On a besoin vraiment de tous les médias, dans toutes leurs configurations, et en particulier des photographes de presse qui font un grand travail pour rendre cette Coupe du monde extraordinaire, populaire à travers le monde ».
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Abonnez-vous gratuitement à Artificielles, notre newsletter sur l’IA, conçue par des IA, vérifiée par Numerama !