Vous ne le savez peut-être pas encore, mais les puces RFID (identification par radio-fréquence) qui permettent d’envoyer et de recevoir des données numériques de façon autonome peuvent être implantées sous la peau. Une société, VeriChip Corp., s’en est fait une spécialité. Elle a déjà implanté environ 2.000 puces sous-cutanées, et vise le plus rapidement possible un marché de… 45 millions d’Américains. Son rêve, partagé silencieusement par les gouvernements, serait d’équiper tous les citoyens du monde d’une puce unique, implantée à la naissance. Pour le moment, c’est le discours médical qui est mis en avant pour faire cheval de Troie. On équipe les hommes d’une puce pour que leur dossier médical les accompagne à tout instant et qu’en cas d’accident, les médecins puissent avoir aussitôt accès aux antécédents. Mais très vite, on voudra faire de la RFID sous-cutanée une carte d’identité, une carte de fidélité dans les magasins, un moyen de paiement… sans qu’il soit possible pour le porteur de la désactiver pour protéger même temporairement sa vie privée.
Pour les loisirs numériques, les applications peuvent être nombreuses. L’équipement home-cinéma de votre salon pourra détecter votre présence et charger automatiquement les contenus qui vous intéresse, et bien sûr la publicité la mieux adaptée, tout en renvoyant les données d’audimat personnalisés aux diffuseurs. Votre console de jeux-vidéo saura à quel joueur elle à affaire et adaptera sauvegardes et niveaux de difficultés en conséquence.
4,1 % de tumeurs découvertes en France, mais pas de lien avéré
Ce n’est plus tellement de la science-fiction, la technologie est prête et ne demande qu’une diffusion massive. Or Associated Press vient de révéler que plusieurs études vétérinaires et toxicologiques menées dans les années 1990 ont conclu que les puces RFID placées dans des capsules de verre pour éviter la migration sous-cutanée ont parfois provoqué des tumeurs malignes (des cancers) sur des souris et des rats de laboratoires. Une étude menée en France en 2006 pour le compte d’industries pharmaceutiques a refusé d’attribuer les tumeurs trouvées sur 4,1 % des 1.260 souris équipées à la puce RFID, faute de preuve de causalité. Toutefois, en notant que leurs travaux ne se focalisaient que sur les tumeurs les plus visibles, les chercheurs ont précisé que « ces incidences peuvent donc légèrement sous-estimé la véritable occurence » du cancer. Une étude allemande de 1996 menée sur 4.279 souris a conclu que les 1 % de cancers détectés étaient « clairement dûs aux micropuces implantées« .
Pourtant, l’administration américaine a donné son accord à l’implantation de puces chez les humains (déjà plusieurs millions d’animaux sont équipés, en remplacement des tatouages). La FDA (Food and Drugs Administration) refuse de communiquer les études qu’elle a examiné pour fonder son autorisation et juger que les garanties sur la santé publique étaient « raisonnables ». L’agence de presse a fait examiner les études par des spécialistes du cancer, qui ont précisé que bien que les tests sur les animaux ne puissent pas nécessairement être extrapolés aux humains, les résultats les inquiétaient. Certains ont indiqué qu’ils n’autoriseraient pas les membres de leur famille à recevoir des implants, et tous ont appelé de leurs voeux davantage de recherche sur le sujet avant une implantation massive.
VeriChip Corp. nie bien sûr tout problème, en notant qu’aucun problème n’a été mentionné sur les millions d’animaux implantés depuis plus de 15 ans. La FDA choisit également de maintenir son feu vert.
Il y a cependant un fait troublant que relève Associated Press : « La FDA est sous la tutelle du Département de la Santé et des Services Humains, qui, au moment de l’autorisation accordée à VeriChip, était dirigée par Tommy Thompson. Deux semaines apr-s que de l’autorisation prenne effet le 10 janvier 2005, Thompson a quitté son poste au cabinet, et dans les cinq mois fut nommé membre du conseil de VeriChip Corp. et Applied Digital Solutions (maison-mère de VeriChip, ndlr). Il a été rémunéré en argent et en stock options. »
Sans surprise, l’intéressé nie tout lien de cause à effet, et nie même avoir eu connaissance de VeriChip avant d’avoir quitté son poste au gouvernement.
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