Les employés et employées de Google pourront protester à la Pride contre les récentes décisions controversées de Google et YouTube concernant les personnes LGBT, mais à la seule condition qu’ils ne nomment pas leur entreprise. Une telle action serait contraire au code de conduite du géant, précise un mémo interne dont The Verge a publié des extraits lundi 24 juin.
Une Pride sous conditions
Des employés de Google avaient prévu de manifester à la Pride contre les prises de positions de leur entreprise ou de YouTube (qui appartient à Google) à propos des personnes LGBT. Récemment, plusieurs polémiques ont éclaté à ce sujet. La dernière en date concerne la disparition de la bannière du mois des fiertés sur Google, lorsque l’on recherche le mot « lesbienne ».
Un mémo a été transmis en interne chez Google. Il indique qu’il sera possible pour les employés de protester mais uniquement s’ils n’affichent pas le fait qu’ils travaillent chez Google. Ceux qui violeront cette règle violeront le code de conduite de l’entreprise et pourront faire l’objet d’éventuelles sanctions (non précisées).
Les membres du groupement d’employés LGBT Gaylers ont prévu d’écrire une pétition contre cette décision. Certains d’entre eux voulaient intégrer le cortège de Google tout en protestant ouvertement contre les politiques de YouTube à l’aide de pancartes ou t-shirts.
« [Ils] sont libres de dire ce qu’ils veulent à titre personnel, tant qu’ils ne sont pas dans le cortège de l’entreprise », a asséné un cadre en charge de l’inclusivité chez Google.
La lutte contre les LGBTphobies serait un travail trop dense
Plusieurs récents événements ont soulevé la colère des employés chez YouTube et Google. Le principal concerne une affaire d’homophobie très médiatisée. Le 5 juin, Carlos Maza, un journaliste gay, raconte sur Twitter qu’il est harcelé par un youtubeur conservateur, un Américain nommé Steven Crowder. Ce dernier diffuse auprès de ses 3,8 millions d’abonnés des discours homophobes. Il a ciblé à plusieurs reprises Carlos Maza, en se moquant de son orientation sexuelle ainsi que de ses origines mexicaines.
YouTube a d’abord réagi avec une grande tolérance… à l’égard de Steven Crowder. Alors que ses règles bannissent en théorie les propos LGBTphobes et le harcèlement, la plateforme a attendu que la polémique enfle pour démonétiser finalment la chaîne du conservateur. Ses contenus n’ont pas été supprimés, bafouant les conditions d’utilisation, qui interdisent le fait de tenir de tels propos.
La CEO de YouTube, Susan Wojcicki, a pris position lors d’une interview publiée par Recode.
Elle y explique que supprimer toutes les vidéos LGBTphobes serait finalement un travail trop dense, que YouTube ne serait pas en mesure d’effectuer, malgré ses algorithmes puissants et ses équipes de modération humaines. « Si l’on supprime ces contenus, le problème, c’est qu’il y aura tellement d’autres contenus qu’il faudra supprimer », estime la CEO. Par ailleurs, sanctionner ces propos pourrait aboutir, selon elle, à une forme de censure : il vaudrait de fait mieux les tolérer.
Google et YouTube en peine durant le mois des Fiertés
Susan Wojcicki a rappelé que la plateforme avait toujours été un environnement « ouvert » aux communautés LGBT, oubliant qu’elle avait dû s’excuser pas plus tard qu’en 2018 pour avoir démonétisé sans raison des vidéos sur ou faites par des personnes LGBT. Elle avait aussi laissé des annonceurs diffuser des publicités homophobes.
Cette fois, l’affaire prend d’autant plus d’importance qu’elle a eu lieu durant le mois des Fiertés, destiné à mettre en valeur des personnes LGBT et à rappeler qu’ils et elles subissent toujours des discriminations.
Elle s’ajoute aussi à d’autres polémiques, comme le fait que Google recommande systématiquement des contenus pornographiques lorsque l’on recherche le mot « lesbienne ». La bannière du mois des Fiertés a aussi disparu des recherches effectuées avec le même mot, a-t-on remarqué chez Numerama, sans que Google ne puisse le justifier.
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