Si vous ne croisez pas vos proches sur les réseaux sociaux les 4 et 5 juillet prochains, c’est peut-être parce qu’ils auront fait grève pour protester contre pratiques des sites communautaires. Ou alors, c’est simplement parce qu’ils ne s’y seront pas connectés pendant ce laps de temps — ce qui devrait être l’explication la plus courante.
En tout cas, Larry Sanger, lui, sera bien absent des plateformes sociales pendant cette période pour manifester son mécontentement. Ce nom ne vous dit peut-être rien, mais il est étroitement lié à celui de Wikipédia. Cet Américain de 50 ans est en effet le cofondateur de l’encyclopédie libre et gratuite, avec Jimmy Wales.
Appel à la grève
Mais depuis peu, l’intéressé est aussi à l’origine d’un appel aux internautes lancé le 29 juin. Son souhait ? Qu’ils soient nombreux à s’abstenir comme lui de se rendre sur les réseaux sociaux. Mais pour l’heure, selon un sondage fait sur un réseau social (Twitter), son idée rencontre un succès modéré.
Seules 821 voix ont donné leur avis sur cette idée de grève pendant deux jours et elle ne fait pas l’unanimité : trois votants sur quatre disent qu’ils sont à peu près sûrs de boycotter les sites communautaires — ceux qui sont nommément visés sont Facebook, Twitter ainsi que YouTube –, le reste étant incertain ou hostile à l’idée.
Avec moins d’un millier de participants et sur une période de temps aussi courte, disons-le d’emblée : cela n’aura aucune conséquence. Pour un réseau social comme Facebook, qui a une communauté se comptant en milliards d’utilisateurs, il faudrait mobiliser mille fois plus de monde, au bas mot.
Cela étant, peut-être que des internautes participeront à ce mouvement de protestation sans pour autant avoir renseigné leurs intentions dans ce sondage. Le nombre final de protestataires pourrait donc être plus élevé. Cependant, on doute que celui-ci renverse la table.
Déclaration d’indépendance numérique
Au-delà du sondage lui-même, Larry Sanger accompagne son action de la publication d’une « déclaration d’indépendance numérique » (une foire aux questions est aussi disponible, ainsi qu’une page résumant l’opération).
Cela fait écho à la déclaration d’indépendance du cyberespace de John Perry Barlow, rédigée début 1996, sauf qu’il ne s’agit pas ici de faire sécession avec les États, en séparant le monde physique du monde numérique, mais avec les grandes plateformes, la distinction se faisant alors entre les services centralisés et les solutions décentralisées.
La déclaration, qui comporte notamment neuf grands principes, réaffirme les droits à la liberté d’expression, à la vie privée et à la sécurité sur le net, pointe les écarts des réseaux sociaux à l’égard de ces droits, voire les violations manifestes qui ont eu lieu, et avance des pistes pour améliorer la situation, grâce à la décentralisation.
La décentralisation comme horizon
Il explique ainsi les données doivent nous appartenir et être servies par nous-mêmes. Il cite l’acronyme BYOD et le détourne pour en faire « Bring Your Own Data ». En clair, les données devraient être stockées localement sur notre ordinateur (ce qui n’est pas sans rappeler le projet Masq de Qwant)
Larry Singer est en tout cas très confiant : « On va faire beaucoup de bruit. Personne ne pourra ignorer ce qui se passe. Nous allons faire jouer nos muscles collectifs et exiger que les grandes sociétés manipulatrices nous redonnent le contrôle de nos données, de notre vie privée et de notre expérience utilisateur ».
Le fait est que l’idée de Larry Singer n’est pas neuve. Des projets de réseaux sociaux qui sont décentralisés existent déjà mais ne connaissent pas vraiment une adoption de masse. On pense essentiellement à Diaspora, une sorte de Facebook, ou bien à Mastodon, qui équivaut à Twitter.
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