Des vidéastes mais aussi des médias et sites de divertissement ont publié des messages vantant le Service national universal. Ces messages sponsorisés ont fait débat.

Le gouvernement a mis le paquet en termes de communication. Ces derniers jours, plusieurs influenceurs mais aussi des médias et sites de divertissement ont publié des messages vantant le Service national universel (SNU), le remplaçant du service militaire — même si le gouvernement nie la ressemblance entre les deux. Ils promettent une « expérience inédite », « iconic » [incroyable, nldr] et invitent les internautes à jouer le rôle de « héros ».

Ces partenariats ont été vivement critiqués sur les réseaux sociaux. Des internautes estiment que vanter le SNU comme s’il s’agissait d’une simple « colonie de vacances » est malvenu, surtout auprès d’un jeune public.

Une vidéo YouTube et des stories

Trois vidéastes ont publié des contenus : Tibo in shape, Sundy Jules et Enzo tais toi. Le premier a choisi de faire une vidéo YouTube, les deux autres ont opté pour les stories Instagram.

Dans sa vidéo mise en ligne le 12 juillet, Tibo in shape, 6,1 million d’abonnés, montre son séjour en Guyane. Il précise d’emblée qu’il s’agit d’un nouveau type de service militaire et présente Gabriel Attal, le secrétaire d’État auprès du ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse. Il montre ensuite le quotidien au SNU et interroge des anciennes recrues.

Dans ses stories, Sundy Jules, qui compte un million d’abonnés sur Instagram, vante lui les mérites du SNU sans y avoir participé. « Guys je viens vous parler d’un truc trop, trop stylé, c’est le SNU (…) Vous pouvez partir pendant 2 semaines loin de chez vous, avec des gens que vous ne connaissez pas (…) là-bas t’as plein d’activités, énormément de choses », explique-t-il. Il précise ensuite plein d’entrain : « Comme je sais que parmi ma communauté il y a des jeunes, je vous laisse regarder la vidéo genre c’est ouf c’est une vidéo inédite de SNU en France, regardez ça c’est iconic ».

https://twitter.com/BenjiGault/status/1150034076943958018

Enzo tais toi, 650 000 abonnés sur Instagram, évoque enfin une « expérience inédite » autour du slogan « liberté, égalité, fraternité ». « À vrai dire on fait partie d’une société qui donne énormément pour nous donc maintenant c’est à nous de donner en retour en incarnant les valeurs du pays », ajoute-t-il.

https://twitter.com/JeanHugon3/status/1150087117143494658

S’agit-il d’un partenariat rémunéré ?

En stories, les vidéastes ne précisent pas s’il s’agit d’un partenariat et si oui, s’ils ont été rémunérés pour ces contenus. Nous les avons contactés afin d’en savoir plus et mettrons à jour l’article si nous recevons des réponses de leur part. Le gouvernement a également été sollicité par Numerama, mais n’a pas répondu pour le moment sur cet aspect-là.

Quand à Tibo in shape, il est inscrit sur sa vidéo qu’il s’agit d’un partenariat commercial. Le youtubeur est un habitué des vidéos immersion de ce type. Il en a réalisé en immersion chez les pompiers, chez la police, la gendarmerie ou encore dans les services de recrutement de l’armée — pas toujours de manière rémunérée, comme nous l’avait indiqué un porte-parole de la police il y a quelques mois.

Une opération commerciale ?

Les stories Instagram de Sundy Jules et Enzo tais toi elles, sont plus surprenantes. Les deux influenceurs ne sont pas habitués à publier ce type de contenus. Ils semblent reprendre les mêmes éléments de langages (sur les valeurs du SNU notamment), mettent un lien vers la même vidéo et taguent le gouvernement, ce qui laisse supposer qu’il s’agit bien d’une opération commerciale.

Le fait que le gouvernement fasse appel à des influenceurs n’a rien de vraiment étonnant. Pour eux, c’est un moyen facile pour atteindre d’importantes audiences et des audiences ciblées. Le SNU s’adresse aux jeunes âgés de 15 ou 16 ans. Même si Sundy Jules, Enzo tais toi et Tibo in shape n’ont pas que des adolescents et adolescentes parmi leurs abonnés, cela constitue une partie importante de leur public.

Melty, Konbini ou MinuteBuzz participent aussi à leur façon

Des médias ou sites de divertissement ont publié des messages vantant le SNU. C’est le cas de Konbini, avec un communiqué de presse signalé par la petite mention « Partners » dans le menu déroulant en haut et la signature, tout en bas de l’article. MinuteBuzz a publié plusieurs vidéos sur TikTok où des jeunes racontent leur SNU. Il n’est pas précisé s’il s’agit d’un partenariat. Comme l’a remarqué un internaute, d’autres ont posté des messages sur Facebook.

Melty, Demotivateur et de nouveau MinuteBuzz ont ajouté des publications sponsorisées. Melty invite notamment ses lecteurs à faire « comme Dustin, Steve, Erica et Robin dans Stranger things », c’est-à-dire à « devenir un héros pour [son] pays ».

Un dispositif critiqué

Le gouvernement a d’autant plus besoin de ce petit coup de publicités que le SNU est déjà vivement critiqué. Dans des vidéos de présentation, on aperçoit des jeunes soumis à une organisation militaire, loin de l’aspect « colonies de vacances » que vantent les influenceurs.

Certains ont évoqué des « mises en scène » dérangeantes et surtout… très coûteuses. Le SNU coûterait 1,5 milliard d’euros à l’État, rapportait L’Express. Le syndicat Unef et d’autres organisations estiment que cet argent ferait mieux d’être investi dans l’éducation.

Joint par Numerama, le ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse a fait savoir qu’il avait « fait le choix dès cette phrase pilote de concentrer [sa] communication » sur les jeunes car ils sont la cible du programme. « À côté de dispositifs presse classiques (RP, DP, CP, interviews …), nous avons donc fait le choix, pour être efficaces, de concentrer notre communication sur les médias sociaux où les jeunes sont présents (Instagram, Tiktok, Youtube …) », a précisé un porte-parole.

Découvrez les bonus

+ rapide, + pratique, + exclusif

Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.

Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci

Il y a une bonne raison de ne pas s'abonner à

Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.

Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :

  • 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
  • 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
  • 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.

Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Abonnez-vous gratuitement à Artificielles, notre newsletter sur l’IA, conçue par des IA, vérifiée par Numerama !