C’est une sanction record que vient d’infliger la Commission du commerce américaine (FTC) à YouTube. Dans un communiqué publié ce mercredi 4 septembre, l’organisme explique que YouTube et sa maison-mère Google devront verser 170 millions de dollars, soit environ 150 millions d’euros. Ils avaient mal protégé les enfants sur la plateforme de partage de vidéos selon la FTC.
YouTube était accusé d’avoir collecté des informations personnelles sur des utilisateurs mineurs de manière illégale. Il est possible aux États-Unis de collecter de telles données, mais uniquement en respectant certaines règles. La loi dédiée, surnommée COPPA, stipule notamment que les parents doivent donner leur accord.
Le site n’aurait pas pris suffisamment de mesures de protection à ce sujet. Une vingtaine d’organismes spécialisés dans la défense des droits des consommateurs avaient déposé une plainte auprès de la FTC : selon eux, la plateforme collecte et exploite les données personnelles des enfants sans accord parental. Des informations comme la date de naissance, les données de contact (mail ou numéro de téléphone le cas échéant), photos de profil et géolocalisations sont concernées.
La loi COPPA interdit aussi de traquer le comportement en ligne des enfants pour mieux les cibler avec des publicités. Or YouTube applique ce procédé à tous ses utilisateurs.
Une amende record
Ceci est lié au fait que la plateforme est en théorie interdite aux moins de 13 ans. Les personnes plus jeunes ont une autre plateforme qui leur est spécifiquement dédiée, YouTube Kids. Elle est disponible via une application mobile et depuis quelques jours, sur le Web. Elle n’est pas dénuée de problèmes (des journalistes y ont trouvé des contenus problématiques comme un dessin animé montrant comment se suicider), mais son modèle économique permet une meilleure protection de la vie privée. Les publicités qui y sont affichées ne sont pas ciblées selon les centres d’intérêt des utilisateurs, ce qui signifie que la plateforme ne doit pas recueillir autant d’informations sur eux que sur la version du site pour adultes.
Cette dernière est en pratique très fréquentée par les enfants. Certains y produisent même du contenu et comptent des millions d’abonnés. Selon les plaignants, YouTube est conscient que sa plateforme est utilisée par de très jeunes internautes et devrait agir en conséquence.
Selon le dirigeant de la FTC, Joe Simons, YouTube aurait « mis en avant sa popularité auprès des enfants » pour trouver des clients. Mais quand il s’agirait de respecter la loi COPPA, « l’entreprise refuse de reconnaître qu’une partie de sa plateforme est clairement destinées aux enfants », a-t-il regretté. La FTC a compilé des déclarations faites par YouTube, où le site se vante allègrement d’être l’un des sites préférés des enfants.
Il s’agit de la plus grosse sanction obtenue par la FTC au sujet de la protection des mineurs. Le précédent record est de seulement 5,7 millions de dollars et il avait été décroché par l’application TikTok.
Aux États-Unis comme en Europe, les régulateurs demandent des comptes aux géants de la tech depuis plusieurs mois. La FTC a demandé 5 milliards de dollars à Facebook pour des abus sur les données personnelles.
Depuis quelques mois, YouTube multiplie les annonces sur la protection des mineurs (commentaires pédophiles, contenus problématiques, etc). Une telle sanction pourrait bien entacher cette nouvelle image.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Abonnez-vous gratuitement à Artificielles, notre newsletter sur l’IA, conçue par des IA, vérifiée par Numerama !