Quatre ans après qu’iTunes les a largement propulsés sur le devant de la scène, vous ne trouvez plus grand monde dans l’industrie du disque pour soutenir que les DRM sont une nécessité absolue pour la bonne conduite des affaires. EMI l’a admis plus vite que les autres, plus tard que l’ensemble des labels indépendants. Les autres majors devraient suivre dans les prochains mois, en commençant par Universal.
Mais tous les producteurs de contenus n’ont pas encore admis ce qui relève pourtant du simple bon sens. Si l’on admet naturellement que les DRM n’ont jamais empêché le moindre contenu d’être piraté, pourquoi s’obstiner à faire comme si les consommateurs allaient se précipiter sur les plateformes légales grâce à la présence de systèmes de protection ?
Le mois dernier, le spécialiste de la vente de musique sans DRM eMusic a annoncé son intention d’investir le terrain des audiobooks. Avec toujours la même politique opposée aux systèmes de protection, qu’ils savent aussi inefficaces que contreproductifs au niveau des ventes. Le site américain avait convaincu cinq éditeurs de livres audio de se lancer dans l’aventure, dont Penguin Audio. Mais ce dernier s’est finalement rétracté et a demandé le retrait de ses 150 titres, par crainte du piratage. Interrogé par le New York Times, l’éditeur de Penguin Audio explique que « pour le moment nous ne mettrons pas nos titres sur eMusic ou sur n’importe qui d’autre qui vend sans DRM, jusqu’à ce que le paysage soit secoué et que nous nous sentions très confiants et à l’aise sur le fait que nos contenus ne seront pas piratés« . Alors que les employés de Penguin Audio avaient signé l’accord sans y voir de mal (et pour cause, qui pourrait leur reprocher de vouloir mieux vendre ?), c’est la vieille direction de l’éditeur qui a mis son véto.
Random House Audio, une filiale de Bertlesmann qui vend ses audiobooks sur eMusic, note quant à elle que jusqu’à présent aucune copie des livres vendus sur eMusic n’ont été vues sur les réseaux P2P. Les ventes sont « très encourageantes » et proches des principaux revendeurs de l’éditeur, explique l’éditrice Madeline McIntosh.
Le directeur de eMusic David Pakman indique que sa société vend 500 livres audio par jour, le double des estimations initiales, sans la moindre publicité.
C’est sûr, à refuser d’être sur eMusic sans DRM, Penguin Audio ne risque pas de voir ses livres piratés par les clients du site. Il ne risque pas non plus de les voir achetés.
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