Si vous êtes inscrits sur un site ou une application de rencontres, vous avez sans doute déjà reçu un mail ou un push disant que quelqu’un s’intéressait à vous. Souvent, les entreprises vous proposent de payer pour découvrir son profil. Le problème, c’est que ces admirateurs et admiratrices mystérieux ne seraient pas toujours réels. L’administration chargée de la régulation du commerce aux États-Unis (FTC) a indiqué dans un communiqué ce mercredi 25 septembre qu’elle lançait une enquête contre Match à ce sujet.
Des emails alléchants et des faux comptes
Match est un groupe très puissant spécialisé dans les sites et applications de rencontres. Il possède notamment Tinder, OkCupid, Meetic et Match.com.
Pour inciter ses utilisateurs à souscrire à un abonnement payant au site anglophone Match.com, la société leur envoyait de manière automatisée des emails alléchants. Ils indiquaient que quelqu’un se serait intéressé à leur profil. Les utilisateurs avec des comptes gratuits recevaient aussi des « likes », des « favoris » ou messages instantanés sur Match.com leur laissant penser que quelqu’un cherchait à entrer en contact avec eux. Pour voir de qui il s’agissait ou découvrir le contenu de la conversation, il fallait évidemment s’abonner.
Selon la FTC, Match aurait usé de « pratiques déloyales et trompeuses » et aurait encouragé la fraude. « Nous pensons que Match.com poussait des personnes à s’abonner via ces messages, dont elle savait qu’ils étaient écrits par de faux comptes », a fait savoir Andrew Smith, le dirigeant de l’institution. Il ajoute : « Les services de dating en ligne ne devraient évidemment pas avoir recours à des systèmes d’entourloupe sentimentale pour faire grossir leur clientèle. »
En l’occurrence, les faux comptes n’auraient pas été créés par Match. Mais des millions d’emails ayant pour objet « Vous lui avez tapé dans l’œil » venaient de comptes… que l’entreprise avait identifiés comme étant des comptes frauduleux — par exemple de faux comptes destinés à abuser financièrement d’une personne.
Ce qui est jugé surprenant, c’est que ces mêmes comptes frauduleux ne pouvaient pas envoyer de messages aux personnes qui avaient déjà souscrit à un abonnement. Match les en empêchait… justement parce qu’ils n’étaient pas légitimes.
Jusqu’à 30 % de faux comptes
D’après la FTC, de nombreux clients « ont pris un abonnement à cause de ces publicités trompeuses », pensant « rencontrer un utilisateur réel qui pourrait être « le bon » ». « À la place, ils sont tombés sur des arnaqueurs », précise le communiqué. L’organisme estime qu’entre 25 et 30 % des nouveaux inscrits chaque jour à Match.com seraient de faux comptes. Entre 2013 et 2016, plus de la moitié des messages et favoris reçus par les clients provenaient de comptes identifiés par Match comme étant frauduleux, détaille la plainte. Entre juin 2016 et mai 2018, environ 500 000 personnes auraient souscrit à un abonnement payant après avoir reçu un mail publicitaire, lié à l’un de ces comptes.
L’an dernier, la FTC avait mis en garde contre les arnaques sur les sites et applications de rencontres. Il s’agirait du premier motif de fraudes domestiques aux États-Unis. En moyenne, chaque arnaque coûterait 2 600 dollars à la victime, soit 7 fois plus que la moyenne des autres types de fraude aux particuliers.
L’administration accuse aussi Match d’avoir menti à ses clients, en proposant de leur rembourser 6 mois d’abonnement s’ils ne trouvaient pas « la perle rare ». Pour y parvenir, il fallait remplir de nombreuses conditions, dont les clients n’auraient pas été bien informés au préalable. Il était par exemple nécessaire d’avoir une photo de profil approuvée par Match dans les 7 jours suivant son inscription, ou d’avoir envoyé au moins 5 messages à des personnes différentes par mois.
Il serait enfin particulièrement difficile de mettre fin à son abonnement. La plainte déposée auprès de la FTC indique que même les employés de Match le reconnaissent. Le processus de désinscription est jugé « difficile d’accès, fastidieux et déroutant ». « Les utilisateurs pensent souvent qu’ils ont réussi mais sont prélevés le mois suivant », est-il écrit.
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