La décision prise par Blizzard de disqualifier et sanctionner un jour pro parce qu’il a fait part de son point de vue sur la situation à Hong Kong à l’issue d’un match est en train de prendre une tournure très politique outre-Atlantique. Depuis que l’affaire a éclaté, le week-end du 5 octobre, des voix commencent à se faire entendre du côté du Congrès des États-Unis pour dénoncer l’attitude du studio américain.
Dans un message publié le 8 octobre sur Twitter, le sénateur républicain Marco Rubio, qui avait tenté sa chance lors des primaires présidentielles de son parti en 2016, fait observer, pour celles et ceux qui ne l’auraient pas déjà constaté, que la Chine n’hésite pas à se servir de sa puissance économique pour forcer les États et les entreprises qui veulent faire des affaires avec elle de la mettre en sourdine.
« Observez ce qui se passe ici. Les personnes qui ne vivent pas en Chine doivent soit s’autocensurer, soit être congédiées et exclues. La Chine utilise l’accès au marché comme levier pour écraser la liberté d’expression dans le monde. Les conséquences de cette situation se feront sentir longtemps après la disparition de tous les acteurs de la politique américaine d’aujourd’hui », écrit-il.
Plus brutal dans son commentaire, publié également le 8 octobre, Ron Wyden, lui aussi sénateur républicain, estime que « Blizzard montre qu’il est prêt à s’humilier pour faire plaisir au Parti communiste chinois. Aucune entreprise américaine ne devrait censurer les appels à la liberté pour faire de l’argent rapidement ». La veille, il commentait une affaire similaire, qui concerne cette fois la NBA.
Les candidats démocrates discrets
L’affaire est vivement commentée depuis quelques jours, car d’aucuns considèrent que Blizzard a frappé non seulement trop lourdement (le joueur est exclu du tournoi, privé de ses gains amassés pendant la compétition et interdit de concourir pendant un an), mais en plus a sanctionné un commentaire (« Libérez Hong Kong, la révolution de notre temps ! » ) qui aurait pu bien plus incisif.
Il est à noter que le joueur pro en question est lui-même hongkongais.
Du côté du camp démocrate, l’affaire ne s’est pas encore imposée dans le débat entre les candidats à la primaire pour l’élection présidentielle de 2020. En tout cas, les trois leaders de la course que sont Elizabeth Warren, Joe Biden et Bernie Sanders n’ont jusqu’à présent pas pris la parole. Pas plus d’ailleurs que les principales têtes du gouvernement américain, comme Donald Trump ou son vice-président, Mike Pence.
Toutefois, dans un contexte de fortes tensions entre les États-Unis et la Chine, d’abord sur un plan commercial mais aussi dans une rivalité croissante au niveau géostratégique, cette affaire a tous les ingrédients pour passer du fait divers à la crise diplomatique. Washington a déjà montré son interventionnisme sur ces sujets, que ce soit Huawei, accusé de servir de porte d’entrée pour l’espionnage, ou Google, critiqué pour ses réflexions au sujet d’une version censurée de son moteur de recherche pour la chine.
De son côté, Blizzard a publié un bref communiqué dans lequel l’éditeur explique que « bien qu’il défende le droit de chacun d’exprimer ses pensées et ses opinions personnelles, les joueurs et les autres participants qui choisissent de rejoindre nos compétitions sportives doivent respecter les règles officielles de la compétition ». L’intervention du joueur pro a eu lieu sur l’un des canaux de communication du studio.
Quant au joueur, il déclarait le 6 octobre à l’issue de sa prise de parole qu’elle « n’était qu’une autre forme de participation de la protestation sur laquelle que je souhaite attirer plus d’attention. J’ai mis tellement d’efforts dans ce mouvement social au cours des derniers mois que je n’arrivais pas toujours à me concentrer sur la préparation de mon match […] Je sais ce que signifie mon action sur le streaming. Cela pourrait me causer beaucoup d’ennuis, même pour ma sécurité personnelle dans la vraie vie. Mais je pense qu’il est de mon devoir de dire quelque chose à ce sujet ».
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