Les règles de Twitter sont-elles identiques pour tout le monde ? La plateforme admet en tout cas qu’elle ne les applique pas de la même manière, selon que vous soyez une personnalité publique et politique ou non. Elle a détaillé ses positions sur le sujet sur son blog officiel, ce 15 octobre.
https://twitter.com/TwitterSafety/status/1184205348787257344
Twitter explique qu’il supprime « généralement » les messages qui ne respectent pas ses conditions d’utilisation. Cependant, il reconnaît faire des exceptions. « Parfois, nous pensons que certains tweets sont d’intérêt public », indique le réseau social. Ces tweets peuvent alors être laissés en ligne.
La plateforme indique qu’elle « limite les exceptions » faites en matière de modération. Seuls les tweets d’élus ou membres du gouvernement officiel sont concernés, selon elle. Elle le justifie par « l’intérêt qu’a le public pour ces contenus » et le fait qu’il soit important de pouvoir « discuter des actions ou déclarations » d’élus politiques.
Bientôt des encadrés pour prévenir les internautes
Elle assure en revanche prendre des mesures. Twitter ajoutera bientôt — la date n’est pas précisée — un encadré pour prévenir les utilisateurs qu’un tweet ne respecte pas ses règles, malgré le fait qu’il soit toujours en ligne. Les utilisateurs ne pourront pas non plus liker, partager ou retweeter le contenu. Enfin, il sera signalé aux algorithmes, afin qu’il ne soit pas recommandé et mis en avant sur la plateforme.
Cette annonce n’est pas sans rappeler les méthodes de modération mises en place sur d’autres plateformes. Facebook et YouTube par exemple, ont fait le choix de laisser en ligne des contenus qui ne respectent pas leurs règles. Cela concerne notamment les fake news ou les deepfakes, des images manipulées numériquement. Ils sont, en théorie, associés à un encadré informatif et ne sont pas suggérés par les algorithmes de recommandations. En 2017, Facebook justifiait son choix. Pour lui, afficher des articles de presse connexes à côté des contenus identifiés comme faux serait efficace pour convaincre les internautes.
Les exemples de Facebook et YouTube permettent aussi de comprendre les limites d’un tel procédé. Toujours selon Facebook, le simple fait de signaler que des messages posent problème n’est pas suffisant. Une étude menée par le réseau social a même montré que cela pouvait contribuer à renforcer de fausses croyances.
Par ailleurs, les enquêtes que nous avons menées sur Numerama nous ont montré que, dans de nombreux cas, aucun encadré n’apparaissait, et des vidéos de fausses informations nous étaient bien recommandées. Ceci était le cas aussi bien sur Facebook, que sur YouTube.
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Des exceptions aux exceptions
Du côté de Twitter, la modération des contenus politiques pose question depuis longtemps. La plateforme est accusée de ne pas sévir suffisamment sur les contenus politiques, notamment publiés par l’extrême-droite. Un cadre de l’entreprise avait indiqué qu’il s’agissait d’un souci d’algorithmes, qui risquaient de les confondre avec les propos de certains hommes politiques républicains aux États-Unis.
Résultat : certains s’en donnent à cœur joie. Donald Trump, pour ne mentionner que lui, multiplie les dérapages en tout genre sur le site (fausses informations, attaques personnelles entraînant du harcèlement, violation de droits d’auteur, etc).
Il entre, d’après le blog officiel de Twitter, dans les critères des comptes qui font l’objet d’exceptions. Ces critères sont : le fait d’avoir un compte certifié, de plus de 100 000 abonnés, d’être le représentant ou membre d’une institution politique gouvernementale ou du corps législatif, le fait d’avoir été élu à un mandat politique ou législatif, ou encore d’être candidat(e) à une élection.
Des exceptions à ces exceptions peuvent aussi être faites. Cela sera le cas lorsque Twitter estime que le risque posé par un tweet est trop important par rapport à l’intérêt public. « Nous ferons moins d’exceptions pour le terrorisme, la promotion de l’extrémisme violent (…) les menaces de violences (…) la vente ou promotion de biens et services illégaux, (…) la promotion ou l’encouragement au suicide ou à l’auto-mutilation, (…) la manipulation d’élections, (…) la publication d’informations privées comme un numéro de téléphone », précise le communiqué. Les contenus haineux (harcèlement moral ou sexuel, insultes racistes, sexistes ou LGBTphobes) resteront eux plus souvent en ligne.
On peut comparer certaines positions à celles contenues dans le droit de la presse français. Si une information a un intérêt public suffisamment fort, certaines règles, morales sont surpassées, comme l’anonymat par exemple. Pour Twitter qui persiste à dire qu’il est un hébergeur de contenus et non un éditeur, c’est finalement plutôt cocasse.
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