Invité de Frédéric Taddéi sur France 3 dans son émission « Ce soir ou jamais », le patron de la Fnac Denis Olivennes est venu débattre jeudi soir de l’avenir du CD face à la numérisation des échanges culturels. Le débat convenu n’a pas laissé filtré de grandes informations, si ce n’est deux points indiqués par M. Olivennes concernant le rapport qu’il doit remettre à la ministre de la Culture Christine Albanel, sur « la lutte contre le téléchargement illégal » : (voir la vidéo)

  1. Il n’est pas question de sanctionner mais de « rendre le téléchargement plus compliqué »;
  2. Il n’est plus question d’un rapport, mais d’un accord interprofessionnels d’ici le 1er décembre entre le gouvernement, les industries culturelles, les fournisseurs d’accès et de services internet, et les consommateurs.

Ces deux informations sont surprenantes. Il y a encore quelques jours, Denis Olivennes confiait à Libération que le filtrage des réseaux était sans doute irréalisable, tout comme la mise en place de radars sur les réseaux P2P, mais que la riposte graduée dans l’ordre judiciaire civil restait une option envisagée. Nous avions alors déjà souligné une contradiction dans le fait de reconnaîte les difficultés à mettre en place des radars et le fait de solliciter de l’autre un système de réponse graduée qui nécessite pourtant ces mêmes radars. Selon les derniers échos, le rapport de Denis Olivennes devait finalement proposer un système d’envoi d’e-mails aux internautes pris en flagrant délit de piratage par un organisme public, et la suspension de l’abonnement à Internet pour l’internaute multi-récidiviste.

Et finalement jeudi soir, Denis Olivennes a rappelé que la loi existante prévoyait déjà des sanctions, et que « la question maintenant c’est pas tellement de réprimer, c’est de rendre le piratage plus compliqué » pour les consommateurs de base. « Je pense que c’est absurde de vouloir les jeter en prison ou même de les ‘taxer‘, je pense qu’il faut leur rendre la tâche plus compliquée et il faut simplifier au contraire le téléchargement légal« . Soit c’est bien de filtrage et de bridage dont Denis Olivennes parle entre les lignes, soit nous n’avons vraiment rien compris à ce qu’il suggère à mots voilés.

Mais que s’est-il donc passé entre l’interview à Libération et le débat sur France 3 ? Pas grand chose, si ce n’est la publication par le SNEP de son Livre Blanc qui appelle au filtrage des réseaux, la proposition du SNEP de bloquer purement et simplement les protocoles P2P les plus populaires, et la suggestion du SNEP de pénaliser l’internaute qui ne mettrait pas en place chez lui sur son ordinateur le logiciel de filtrage fourni par son FAI. Mais ça n’a forcémment rien à voir avec ce changement de cap. Ca n’est pas comme si le patron de la Fnac Denis Olivennes pouvait changer d’avis en quelques jours sous la pression d’un lobby, même si ce lobby représente les principaux fournisseurs (85 % des bacs) du rayon disques de la Fnac. On ne croit pas à la théorie du complot, ni à la force du lobbying. Une seule conclusion s’impose : Denis Olivennes est un homme inconstant.

Ca ne serait pas grave s’il était ici question de démocratie et d’un simple rapport qui donne lieu ensuite à débat parlementaire dans son application. Or, en lieu et place de la feuille A4 de propositions qu’il souhaitait remettre au gouvernement, Denis Olivennes veut désormais parvenir avant le 1er décembre prochain (c’est-à-dire d’ici 15 jours) à un accord privé entre gens de bonne famille. « Il n’y a pas de rapport [à remettre], il y aura je l’espère un accord entre les fournisseurs d’accès à Internet, le cinéma, la musique et les pouvoirs publics« . Et les consommateurs ?

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