Le site 8kun est officiellement en ligne depuis le samedi 2 novembre 2019. Il s’agit du retour, sous un autre nom, de l’imageboard 8chan, un forum où étaient hébergés pendant des années des contenus racistes, islamophobes, antisémites, sexistes, homophobes et pédophiles d’internautes anonymes.
Au cours des derniers mois, plusieurs hommes responsables de fusillades ont utilisé cette plateforme pour diffuser des vidéos de leurs meurtres et propager leur manifeste, où ils consignaient leur idéologie en faveur de la suprématie blanche. 8chan avait été rendu inaccessible en août, après la tuerie de El Paso aux États-Unis, dont le responsable avait publié son manifeste sur la plateforme. 8chan avait notamment été lâché par Cloudfare, son prestataire technique.
8kun agrège les anciens messages de 8chan
Jim Watkins, le propriétaire actuel de l’imageboard — un forum consacré principalement au partage d’images — avait été forcé de collaborer avec les autorités, mais avait juré qu’il ferait réapparaître son site. Moins de trois mois plus tard, 8chan renaît donc sous le nom de 8kun (« chan » est utilisé en japonais pour s’adresser à un enfant, tandis que « kun » est utilisé pour un adolescent).
Nous avons constaté ce 4 novembre 2019 que le site comptait des dizaines de millions de publications, mais la très grande majorité ne date pas de ces deux derniers jours : certains ont été « migrés » directement, probablement depuis l’ancien 8chan. Bien qu’il soit lent et renvoie régulièrement vers des messages d’erreur, 8kun est cependant bien fonctionnel. Il y est posté environ 100 messages par heure, au moment où nous écrivons ces lignes.
« Bienvenue sur 8kun. Parlez librement — légalement » annonce la page d’accueil du site. Sans surprise, les nouveaux messages publiés depuis le 2 novembre contiennent déjà des contenus racistes et antisémites. Et ce, malgré le message d’accueil inscrit en rouge, en haut à droite du site : « Tous les contenus qui enfreignent la loi américaine seront supprimés, et la personne qui les a publiés sera avertie ».
Parmi les 61 sous-rubriques actuellement disponibles (chaque responsable de rubrique devait envoyer un message aux administrateurs pour pouvoir la réinstaurer), on trouve notamment un board français surnommé « blabla général » et qui porte le nom du mouvement « démocratie participative ». Les participants y écrivent en français. On y retrouve de vieux messages où il est question de « nègre » et de « bougnoules », de « singe » et de « brousse » ou encore de « fiottes » — ceux-ci n’ont donc pas été supprimés par l’administration de 8kun. Un universitaire français ayant relevé le 2 novembre, sur Twitter, la présence de ce forum français sur 8kun, a même ciblé nommément par de nouveaux messages antisémites, dont l’un affirme que son nom serait sur « la liste ».
Sur les autres boards, les internautes cherchent surtout à tester les limites de 8kun en publiant des insultes racistes et homophobes. Les utilisateurs semblent globalement prudents et plutôt silencieux, vu combien le retour du site est scruté à la fois par les médias et l’administration américaine. Le propriétaire de 8chan a d’ailleurs été entendu par le Congrès américain en septembre dernier pour s’expliquer sur les appels à la haine et le racisme rampant sur son imageboard, qu’il assure provenir d’une « minorité » d’utilisateurs — ce qu’il est impossible de vérifier.
Jim Watkins, qui est Américain, mais vit aux Philippines, avait alors assuré qu’il mettrait en place des outils pour que les contenus du nouveau 8chan soient conformes à la loi. Dans les faits, la seule modification qui semble avoir été faite est l’ajout d’une « clause de non-responsabilité » présente sous chaque message publié. On y lit : « Avertissement : ce message, sa thématique ou les contenus qu’il contient (texte, média ou autres) ne reflète pas nécessairement les positions de l’administration de 8kun ». Watkins réfléchissait également un outil qui permettrait bloquer des threads en cas de diffusion de manifestes ou de vidéos de meurtre — nous ne l’avons pas vu à l’œuvre pour le moment.
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