Facebook doit-il intervenir contre les publicités ciblées qui s’opposent à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) ? En tout cas, le gouvernement devrait se saisir sans tarder de ce sujet. C’est ce que réclame une députée de la majorité présidentielle, Marie-Pierre Rixain, qui a écrit au secrétaire d’État en charge du numérique, Cédric O. La question n’a pas encore reçu de réponse.
Ce qui pose essentiellement problème à la parlementaire est moins la conception de l’IVG que le fait de relayer des informations fausses à son sujet.
L’élue de l’Essonne observe, sur la base « de nombreux témoignages », que ce sont les femmes de moins de 30 ans qui sont visées, notamment les adolescentes et les jeunes adultes, « plus susceptibles d’être influencées par de tels messages ». Ce faisant, elles « se trouvent directement menacées », poursuit-elle, parce que ces campagnes diffusent des « informations erronées sur les droits sexuels et reproductifs des femmes ».
Le cas des publicités de militants anti-IVG sur Facebook n’est pas nouveau. En juin, il avait déjà été mis en lumière que les règles du réseau social en matière de publicité sont mises à profit par les opposants à l’interruption volontaire de grossesse. À l’époque, un site était déjà pointé du doigt : ivg.net. Fondé par un couple de militants catholiques, son service de « conseil et d’assistance » ne vise en fait qu’à empêcher l’avortement.
C’est ce même site que dénonce Marie-Pierre Rixain. Elle déclare que ces affichages « semblent être une extension du site IVG.net », et l’accuse de relayer «des images factices autour du prétendu syndrome post-avortement dans le but de décourager les jeunes femmes à avoir recours à une interruption de grossesse. Des troubles mentaux, tels que des dépressions sévères sont ainsi invoqués pour dissuader les plus jeunes générations ».
Des publicités accusées d’entrave à l’IVG
La parlementaire appelle à « endiguer ce phénomène de désinformation » et prévient que ces campagnes biaisées, voire fausses, « représentent un grave délit d’entrave à l’IVG » — un délit qui a été validé par le Conseil constitutionnel en mars 2017, mais avec deux réserves d’interprétation qui limite sa portée. Ce délit d’entrave prévoit au maximum deux ans de prison et 30 000 euros d’amende.
Dans ses pages d’aide pour les publicités, Facebook explique que certaines annonces requièrent une autorisation et / ou un avertissement « Financé par ». Concernant les droits civiques et sociaux au niveau de l’Union européenne, le réseau social déclare simplement que les encarts proposés « font l’objet d’un examen et sont soumis à notre politique ». Cela concerne :
« Les publicités relatives aux droits civiques et sociaux avec du contenu comportant une discussion, un débat et / ou des arguments en faveur ou à l’encontre de thèmes qui incluent, entre autres, la liberté de culte, les droits LGBTQ et les droits des femmes ».
Pour sa part, Google a choisi une méthode plus radicale face à ce sujet : les publicités au sujet de l’avortement en France sont interdites, qu’elles soient pour ou contre. Ce n’est pas le seul pays dans ce cas : dans de nombreux autres pays en Europe, en Afrique, en Asie, au Proche et Moyen-Orient, en Amérique, Google fait de même.
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