Mise à jour (30/11/07) : Un détail qui nous avait échappé vient de nous être signalé par e-mail. Olivier Bomsel n’est pas seulement économiste. Comme l’indique sa page personnelle, il est aussi… « producteur de programmes audiovisuels (films, séries TV) et co-fondateur d’art-netart, producteur-éditeur d’art numérique« . Il produit notamment Passe-Passe, le prochain film de Tonnie Marshall avec Nathalie Baye et Edouard Baer. De quoi relativiser encore un peu plus l’indépendance de la mission Olivennes et de ses « économistes ».

Olivier Bomsel est un économiste très apprécié des industries culturelles. Depuis plusieurs années, il défend avec acharnement l’idée que la culture est un bien marchand presque comme les autres, et va jusqu’à proposer le pire pour défendre cette vision. Fin 2004, il préconisait que les fournisseurs d’accès à Internet facturent le trafic montant (l’upload) pour faire peser cette « pression fiscale » sur les épaules des P2Pistes les plus immoraux, oubliant au passage que l’upload servait déjà à bien d’autres usages licites – et c’est encore plus vrai aujourd’hui, comme le jeu en ligne, l’envoi de vidéos sur des sites de partage comme YouTube, l’hébergement de serveurs personnels, etc., etc.

En début d’année, Olivier Bomsel a publié chez Folio son livre « Gratuit ! », qui fustige la gratuité d’accès aux œuvres culturelles. Pas étonnant, donc, de retrouver M. Bomsel membre de la mission Olivennes. Le patron de la Fnac n’est-il pas lui même l’auteur de « La gratuité c’est le vol », chez Grasset ?

Plus étonnante en revanche, cette charge d’une extrême violence contre l’UFC-Que Choisir, qui est montée au créneau pour dénoncer l’accord signé par les industries culturelles, le gouvernement et les FAI :

« L’UFC est une secte de charlatans« , écrit Olivier Bomsel dans une tribune publiée par Libération. « Une secte car elle ne représente qu’elle-même et instrumentalise le consommateur dans le débat public. De charlatans, car elle prétend traiter par des remèdes de bonne femme (licence globale, libéralisation du piratage) les problèmes sophistiqués posés aux médias par l’économie numérique« .

« Ce charlatanisme est d’autant plus dangereux qu’il affaiblit les industries culturelles nationales face aux industries anglo-saxonnes, plus puissantes et mieux structurées. L’accord interprofessionnel menace l’UFC d’avoir toujours eu tort dans le dossier des biens culturels. Il prouve l’existence d’une voie médiane, respectueuse de la propriété intellectuelle et mesurée dans le traitement des infractions, pour l’adaptation des réseaux numériques à la distribution des biens culturels. Loin du consommateur, la secte ne défend plus que ses erreurs. »

Ainsi M. Bomsel ne supporte pas qu’une association de consommateurs puisse… défendre les consommateurs. Il ne conçoit pas que l’on ne puisse pas tout accepter au nom de la défense d’intérêts privés, fussent-ils légitimes. Doit-on accepter au nom de la défense de l’exception culturelle française que les Français soient passibles de sanctions administratives décidées sur un dossier à charge monté par les plaignants eux-mêmes ? Doit-on accepter que soient fichés non pas les internautes qui piratent, mais ceux qui n’ont pas pu/su/voulu protéger leur ligne à Internet pour éviter qu’elle ne soit utilisée à des fins de piratage ? Doit-on accepter que l’amélioration de l’offre légale (par l’abandon des DRM sur une partie seulement du catalogue et sous conditions, et la révision de la chronologie des médias sur la VOD) soit repoussée à 2009, parce que l’industrie exige au préalable que les sanctions prévues par l’accord soient effectives ?

La tribune de M. Bomsel ressemble à la réaction d’un loup blessé qui montre les dents pour faire fuir celui qui viendrait l’achever. Elle montre en tout cas pourquoi les consommateurs n’ont pas été priés de négocier aussi l’accord qui les concerne pourtant directement. Olivier Bomsel se fait visiblement une haute idée de ceux dont le seul rôle est… de consommer.

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