Accusé de discrimination basée sur le genre, l’éditeur du jeu League of Legends a proposé un accord, qui consiste à verser 10 millions de dollars à ses employées. Cela permettra de gommer des écarts de salaire importants.

C’est un accord d’une rare envergure qui a été conclu devant la justice américaine. Une Cour de justice californienne a validé une proposition qui stipule que Riot Games versera 10 millions de dollars (environ 9 millions d’euros) à ses employées féminines, a rapporté le Los Angeles Times ce lundi 2 décembre. Le studio est accusé de les avoir discriminées en raison de leur genre.

Le logo de la firme. // Source : Riot Games

Le logo de la firme.

Source : Riot Games

Toutes les femmes embauchées par Riot Games depuis novembre 2014 pourront bénéficier d’une partie de cette somme. Elles sont environ 1 000. Le montant qu’elles percevront dépendra du temps passé à travailler pour Riot et du type de contrat. Celles employées à temps plein recevront ainsi plus d’argent que celles qui ont contribué ponctuellement à l’entreprise.

Un problème de sexisme endémique

L’histoire avait débuté en 2018, lorsque Kotaku a sorti une enquête sur le sexisme rampant chez Riot Games, l’éditeur de League of Legends. On y apprenait que l’entreprise favorisait les hommes lors des recrutements, qu’ils étaient en général plus écoutés lors des réunions d’équipe. Les comportements déplacés et le harcèlement sexuel étaient légion, selon les témoignages. Des employés parlaient de manière très crue de leurs collègues féminines dans des chaînes d’emails. D’autres éléments de culture du viol avaient été rapportés, comme un slogan, qui aurait été écrit par le cofondateur du studio, qui disait : « non ne signifie pas nécessairement non. »

En novembre 2018, une plainte avait été déposée par une employée et une ex-employée. Elles témoignaient à propos de discrimination genrée, de harcèlement sexuel et d’inégalités de salaires.

Riot Games avait indiqué à The Verge qu’il prenait « chaque accusation de ce type au sérieux », et qu’il enquêtait dessus. La firme assurait que combattre le harcèlement sexuel et les discriminations genrées était l’une de « ses plus grandes priorités » — malgré le fait que des employés accusés de tels faits étaient toujours en poste chez Riot Games à l’époque.

Des efforts encourageants, mais encore insuffisants

Les deux plaignantes demandaient le versement de dommages et intérêts suffisamment élevés pour qu’ils compensent l’écart de salaire entre les hommes et les femmes qui travaillent dans la société, et qu’ils réparent en partie les abus dont elles ont été victimes.

Un accord a finalement été trouvé devant la justice entre Riot Games et ses employées. L’avocat des plaignantes, Me Ryan Saba, a fait savoir que cet accord démontrait que l’entreprise avait pris au sérieux les accusations.

De son côté, la firme s’est dite « contente » d’avoir pu trouver un accord. « C’est une étape importante qui montre notre engagement à faire respecter nos valeurs et faire de Riot un environnement de travail inclusif », ont dit ses portes-parole.

Ces derniers mois, Riot Games a pris quelques mesures pour tenter d’enrayer ce problème de sexisme et harcèlement sexuel. Les processus de recrutement et promotions ont notamment été passés en revue. Des consultants spécialisés en discriminations ont été recrutés. Des femmes ont été placées à des postes de dirigeantes et les procédés de signalement d’un problème ont été améliorés, assure l’entreprise. En août, des employés et employées ont expliqué à Kotaku que ces efforts commençaient à payer et que de réels efforts étaient faits. Des femmes ont cependant regretté la posture de la firme, qui appelle à passer à autre chose. « C’est difficile de passer à autre chose, quand on sait que Riot préfère verser de l’argent aux femmes qui sont encore là, plutôt que de faire en sorte qu’elles ne travaillent plus avec leurs agresseurs présumés », a dit une employée.

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