Être un artiste au XXIe siècle implique parfois de devoir mener d’étranges batailles. Plusieurs d’entre eux se sont récemment mis à créer de fausses illustrations pour piéger des internautes qui pillaient leur travail. Ils ont raconté leur tentative sur Twitter.
Des illustrations volées
Nana, du compte @nakanoart, est illustratrice. Comme d’autres confrères et consœurs, elle s’est rendue compte que des sites volaient ses illustrations pour les mettre sur des t-shirts, ensuite vendus en ligne, sans lui demander l’autorisation.
Le 4 décembre, elle a donc tendu un piège à ces sites. Elle a publié un premier tweet avec un dessin à ses abonnés Twitter, et leur a demandé de répondre à son tweet en écrivant des messages comme « j’adorerais voir ce dessin sur un t-shirt ! » Ils ont été très nombreux à le faire.
Le dessin, réalisé pour l’occasion, représente un chat, avec l’inscription (en anglais) « Ce t-shirt est vendu sur un site douteux qui vole des œuvres d’art ».
Des dizaines et des dizaines de commentaires ont été laissés avec cette mention. Seulement quelques heures après le début de l’opération, un premier site, moteefe.com, a commencé à vendre des t-shirts avec le dessin réalisé par Nana.
La plateforme, disponible en France, est spécialisée dans la personnalisation de produits textiles. Elle permet à n’importe qui (même si elle vise principalement les influenceurs) de créer ses modèles et de les vendre. Dans ses conditions d’utilisation, elle précise bien que les designers des t-shirts doivent respecter « la propriété intellectuelle », et ne pas apposer sur leurs modèles des dessins dont ils ne possèdent pas les droits. Il semblerait cependant que tous n’aient pas bien compris cette règle. Contacté par Numerama, le site nous a confirmé que les pratiques étaient contraires à son règlement et qu’une tolérance zéro serait appliquée. L’entreprise tente de développer des outils technologiques pour éviter que cela ne se reproduise, a fait savoir un porte-parole.
D’autres sites ont ensuite suivi, comme ChristMerch. Il n’a lui non plus pas réagi pour le moment.
D’autres artistes ont tendu un piège
Selon Nana, ce travail de vol serait effectué grâce à des bots, qui repèrent les commentaires d’internautes voulant un t-shirt. Elle note toutefois que ses dessins ont été modifiés, ce qui suppose que des personnes qui maîtrisent des logiciels de retouche s’emploient aussi à cette tâche. Un bout de la queue de son chat a disparu et surtout, sa signature, pourtant apposée au milieu du dessin.
D’autres artistes se sont prêtés au jeu, poussant l’expérience encore un peu plus loin. Ils ont réalisé des dessins de personnages de Disney, ou de logos de marques très populaires, afin de pousser ces dernières à poursuivre les sites de vente de t-shirts en justice.
https://twitter.com/nirbion/status/1202272580918562818
« Ceci n’est pas une blague, lisait-on sur ce t-shirt Mickey. Nous avons enfreint un droit d’auteur et voulons être poursuivi par Disney. Nous payerons tous les frais de justice. » Plusieurs t-shirts se sont retrouvés sur les sites cités au-dessus. Ils ont même été en mis en « promotion » :
https://twitter.com/Talchyr/status/1202431269167980549
Les vendeurs frauduleux semblaient reprendre les informations contenues dans les images (leurs auteurs peuvent ajouter des mots-clés dans le fichier par exemple). Ainsi, la mention suivante s’est retrouvée dans la description des t-shirts : « ce site vole des œuvres d’art, ne les achetez pas ».
Ironiquement, les artistes ont été pris à leur propre piège. La personne derrière le compte Twitter @Talchyr a rappelé que l’objectif n’était pas de faire en sorte que les internautes achètent les t-shirts… mais certains, visiblement séduits par le potentiel de mème de toute cette histoire, auraient déjà cédé à la tentation.
https://twitter.com/Talchyr/status/1202649335319498754
Nana a elle imaginé une première solution à cette histoire. Elle a créé une illustration pour que ses fans puissent lui signifier qu’ils voudraient un t-shirt avec tel ou tel dessins, sans que des bots ou des humains ne le repèrent.
Même publiées sur Twitter, des œuvres uniques sont soumises à un droit d’auteur, comme le précisent les conditions d’utilisation du réseau social.
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