Pour faire face au problème de cyberharcèlement, YouTube va durcir une fois de plus ses conditions générales d’utilisation. La plateforme a transmis à Numerama ces nouvelles règles, qui entrent en vigueur à partir de ce mercredi 11 décembre. Certaines chaînes pourraient en subir rapidement les conséquences.
« Au cours de ces dernières années, nous nous sommes efforcés d’améliorer la gestion des contenus visibles sur YouTube, y explique Matt Halprin, en charge de la sécurité des utilisateurs dans l’entreprise. Aujourd’hui, nous introduisons plusieurs changements dans nos règles et nos produits dans le but de mieux lutter contre le harcèlement. »
Les menaces non-explicites prises en compte
La première mesure concerne les menaces non-explicites à l’égard d’une personne. Jusqu’à présent, YouTube ne sévissait que si un vidéaste menaçait ou s’attaquait personnellement à quelqu’un, de façon claire. Par exemple, si il disait : « Bidule, je vais te tuer ». Désormais, cela sera aussi le cas si la menace est « voilée ou implicite » : si un vidéaste simule l’acte de frapper ou tuer en parlant d’une autre personne, ou qu’il laisse penser qu’il pourrait lui arriver du tort, YouTube sévira de la même façon.
« Au-delà des menaces, il y a aussi les paroles dégradantes qui vont trop loin », poursuit Matt Halprin. À ce sujet, il explique que les contenus qui humilient des personnes en raison de leur appartenance ethnique, leur genre ou leur orientation sexuelle ne seront plus autorisés, quelque soit l’identité de la personne visée.
Les nouvelles règles de YouTube n’ont pas d’effet rétroactif, c’est-à-dire qu’elles ne s’appliquent pas aux contenus déjà publiés.
Les chaînes « limites » seront démonétisées ou supprimées
Le plus gros changement dans les règles de YouTube est le suivant : les chaînes qui adoptent des « comportements malveillants » et sont « régulièrement à la limite d’enfreindre les règles sur le harcèlement » seront bannies du programme partenaire, qui permet de monétiser sa chaîne.
« Nous pourrons aussi supprimer certains contenus si une chaîne harcèle une personne de manière répétée, affirme YouTube. Si le comportement malveillant persiste, nous pourrons prendre des mesures plus strictes et envoyer des avertissements ou même clôturer la chaîne. »
Ces modifications seront lourdes de conséquences. Jusqu’à présent, des influenceurs bénéficiaient de l’indulgence de YouTube car ils ne harcelaient pas directement des personnes. En revanche, ils pouvaient s’en prendre aux membres d’une même communauté (des femmes, des personnes LGBT ou personnes racisées par exemple) de manière répétée. Ils risquent désormais gros.
Il y a quelques mois de cela, un journaliste, Carlos Maza, a témoigné être la cible de harcèlement homophobe et raciste de la part d’un vidéaste, Steven Crowder. YouTube et sa CEO, Susan Wojcicki, avaient alors expliqué qu’il leur était impossible de supprimer tous les contenus LGBTphobes de la plateforme, car ils étaient trop nombreux. Il s’agit typiquement d’un cas de figure où le vidéaste, Steven Crowder, pourrait être maintenant sanctionné.
https://twitter.com/gaywonk/status/1134264641482362880?s=20
Des commentaires mieux modérés ?
La dernière mesure s’applique aux commentaires abusifs. YouTube étendra les règles citées ci-dessus à cette section. La plateforme sera donc plus stricte en matière de menaces ou d’attaques personnelles indirectes, et un plus grand nombre de commentaires devrait être retiré. Cela ne se fera toujours qu’en réaction aux signalements d’internautes, YouTube ne modérant pas les commentaires ou vidéos de manière proactive.
Un nouvel outil sera aussi mis à disposition des créateurs et créatrices de contenus : les commentaires qui n’enfreignent pas les règles de YouTube mais qui semblent suspects seront soumis à leur modération, avant d’être publiés. Ils pourront faire en sorte qu’ils ne figurent pas. Ce procédé serait positif selon la plateforme, qui évoque une baisse du nombre de signalements de 75 % — ce paramètre est activé par défaut chez certains créateurs depuis le début de l’année 2019. Il a en revanche pour défaut d’obliger les vidéastes à se confronter à des commentaires qui ne seront pas toujours des plus aimables.
YouTube estime que le harcèlement « nuit à sa communauté ». « Les internautes sont moins enclins à partager leurs opinions et interagir les uns avec les autres », explique Matt Halprin.
Les équipes disent avoir travaillé avec des experts mais aussi des vidéastes afin de décider des nouvelles règles en vigueur. Elles assurent vouloir faire à terme de YouTube « un endroit plus sûr pour partager son histoire ou ses opinions. »
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