Ca devient une habitude chez Free. Le fournisseur d’accès à Internet fait régner la terreur chez les internautes qui auraient l’audace de le critiquer avec des mots un peu trop mal choisis. Même s’il lui arrive de perdre, comme par exemple récemment contre l’UFC-Que Choisir qui l’avait traité d’autiste, la question n’est pas là. Le but n’est pas de gagner, mais de faire en sorte que les internautes réfléchissent à cent fois avant de porter une estocade publique contre le deuxième FAI du pays. Sur Internet où tout est archivé et public, les discussions de comptoir où les mots nous échappent sont systématiquement susceptibles de poursuites. Et dès qu’il y aura un propos qui déplait, Free poursuivra, quelles que soient les chances de succès.
C’est ce qui s’est passé suite à un commentaire laissé après un article de nos confrères de 01Net. En février 2006, un internaute avait ainsi posté un commentaire sous le pseudonyme de « Petit Poucet » pour clamer que Free était « le premier pirate de France« . Il visait les serveurs d’accès aux newsgroups que Free a d’ailleurs largement bridés depuis. Free n’apprécie pas le propos, et porte plainte en diffamation auprès du tribunal de grande instance de Paris. La suite, racontée par nos confrères de PC Inpact, relève du grotesque effroyable pour un simple commentaire d’internaute :
« L’affaire s’est alors rapidement surinfectée : les serveurs du forum où a été posté le message furent perquisitionnés pour remonter l’adresse IP du post, tout comme ceux de son webmail. Puis, en février 2007, elle débouche sur une perquisition menée par une brigade spéciale de la police judiciaire. Le domicile et le local professionnel de l’internaute sont fouillés durant une journée complète. Tous ses ordinateurs personnels et professionnels furent saisis. Le 13 mars 2007, il est mis en examen pour ce message, mais son matériel fut restitué à cette occasion«
Petit Poucet décide de se défendre seul à l’audience du 10 janvier 2008, en apportant des éléments tendant à prouver une réelle complicité de contrefaçon de Free par l’intermédiaire des newsgroups. C’est seulement en apportant ainsi des preuves de sa bonne foi qu’il se libèrera de l’accusation de diffamation. Le procureur refuse de prononcer une requisition, et la décision est attendue pour la Saint Valentin, le 14 février prochain.
Qu’on le dise clairement, Free devrait avoir honte de faire ainsi se dresser une épée de Damocles judiciaire au dessus de la tête de tout internaute qui oserait livrer publiquement son sentiment à propos du FAI. Ce sont des méthodes excécrables, une manipulation de la justice qu’aucun citoyen ne peut accepter. Il est normal que les règles de la diffamation s’appliquent à l’encontre de la presse dont c’est aussi le métier et le devoir de peser ses mots. Lorsque le régime est appliqué pour lutter contre l’internaute lambda qui communique avec ses pairs et le réduire au silence, il ne s’agit plus de justice mais – osons le mot, de dictature.
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