Difficile de faire pire démarrage pour le Parti démocrate. Le 3 février, alors qu’il devait débuter sa campagne pour la présidentielle américaine dans l’État de l’Iowa, et permettre à certains candidats de bénéficier d’une dynamique pour la suite, tout a calé dans la soirée à cause d’un incident dans la comptabilisation des résultats. Et, selon le New York Times, la faute revient en partie à l’utilisation d’une application conçue peu avant la primaire et qui n’a pas été testée en conditions réelles.
Parmi les problèmes dont le quotidien américain se fait l’écho figure l’impossibilité de communiquer les résultats en temps et en heure pour permettre de hiérarchiser les candidats. Ainsi, des présidents de comtés démocrates de l’Iowa ont rencontré des soucis dans l’utilisation de ce programme. La solution de repli, une ligne téléphonique dédiée, a elle aussi connu un problème, puisque d’importants délais d’attente ont été constatés avant d’avoir quelqu’un en ligne, parfois jusqu’à une heure.
« Pas un piratage ou une intrusion »
La confusion causée par la difficulté du Parti démocrate à agréger correctement les résultats depuis les différents comtés a été telle qu’une porte-parole du mouvement a dû intervenir pour expliquer qu’il s’agissait « simplement d’un souci de remontée des résultats, l’application n’a pas planté et ce n’est pas un piratage ou une intrusion » — les péripéties de la précédente élection présidentielle de 2016, dont la Russie est accusée de s’en être mêlé, sont encore dans toutes les têtes.
« Nous avons constaté des incohérences dans la communication de trois séries de résultats », a-t-elle poursuivi. « Les données sous-jacentes et les traces écrites sont solides », a-t-elle ajouté, prévenant « qu’il faudra simplement du temps pour rendre compte des résultats ». En principe, les résultats devaient arriver peu après 22 heures, heure locale, une fois fait le choix des adhérents, mais ils ne sont jamais arrivés. À l’heure actuelle, le Parti s’attend à donner les résultats finaux dans la journée de mardi.
Une application pas prête pour une élection
Cette première utilisation de l’application dans la campagne est de mauvais augure, car elle est censée être réutilisée pour d’autres États, comme le Nevada, qui est l’étape suivante dans la primaire démocrate. D’autant que le programme n’a que deux mois d’existence et qu’il n’a pas été ausculté en profondeur pour s’assurer de sa fiabilité et de sa robustesse, notamment face à des risques d’attaques informatiques, surtout lorsqu’il est impliqué dans un scrutin politique.
Interrogé à ce sujet, le directeur de la cybersécurité au sein du ministère de l’Intérieur aux USA a confié que cette application n’avait pas été examinée ou évaluée par ses services. Elle a également été tenue secrète par le Parti démocrate, ce qui n’a pas permis de profiter du concours externe de la communauté de spécialistes en sécurité informatique pour dénicher des dysfonctionnements, mineurs et critiques, et observer dans quelles circonstances elle n’est plus opérationnelle.
Plusieurs autres spécialistes en sécurité informatique ont plus généralement critiqué l’idée d’utiliser des applications et Internet lors d’élections politiques, ces technologies n’étant pas assez mûres et sûres pour être utilisées sans aucun risque. « La règle la plus importante pour introduire la technologie dans le vote est de se montrer extrêmement conservateur », a jugé Matt Blaze, un professeur de droit et de sciences informatiques à l’université de Georgetown, à Washington.
De fait, l’incident montre tout ce qu’il ne faut pas faire en matière technologique lorsqu’il s’agit de s’en servir au moment d’une élection : l’application a été introduite au dernier moment, en pleine campagne, d’ampleur nationale, sans avoir été testée, y compris à une plus large échelle pour savoir si elle peut supporter une charge plus importante — comme une soirée électorale dans l’Iowa. Le Parti démocrate a eu un aperçu du problème en 2016, quand son réseau du Comité national démocrate a été piraté.
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