Présentée dans les grandes lignes le 8 avril, l’application StopCovid qui doit permettre de tracer les personnes contaminées par le coronavirus sans les identifier n’a pas encore livré tous ses détails. Malgré les incertitudes persistantes sur le fonctionnement et la portée de ce futur outil, les prises de position se multiplient. Dernière en date, celle de l’Académie nationale de médecine, le 22 avril.
L’institution bientôt tricentenaire s’est déclarée favorable à l’emploi d’un dispositif numérique, pour accompagner le déconfinement progressif de la population. En principe, celui-ci doit survenir le 11 mai, si la vague épidémique diminue suffisamment pour soulager le système de santé et à la condition que les règles de distanciation sociale, d’hygiène et de protection soient toujours respectées avec la plus grande rigueur.
Mais la société savante, qui fait autorité dans le domaine médical, pose deux préalables : il faut d’une part contrôler son efficacité au fur et à mesure (elle propose deux points d’étape : au bout d’un mois et au bout de deux mois d’utilisation) et d’établie une date butoir pour graver dans le marbre le caractère provisoire de l’application. En clair, elle ne doit pas survivre au-delà de la crise sanitaire.
Depuis le début du mois de mars, l’Académie de médecine a été amenée à prendre position sur des sujets concernant son champ d’expertise, que ce soit la question des masques ou de la marche à suivre pour tenter de nouveaux médicaments sur des malades, de la santé psychique, de l’hydroxychloroquine ou encore de la santé au travail et des dangers qui sont encourus à interrompre un traitement sans avis médical.
Des limites claires à StopCovid
En marge des échéances qu’elle défend, pour évaluer StopCovid et lui donner une date de péremption, l’institution reprend à son compte les recommandations qui font consensus : l’application, si elle doit voir le jour, doit respecter scrupuleusement le Règlement général sur la protection des données (RGPD) et les lignes directrices de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL).
Cela veut dire un logiciel basé sur le volontariat, anonyme, dans lequel les participants auront donné leur consentement libre et éclairé pour s’en servir, qui se limite strictement aux données qui sont indispensables au suivi des chaînes de transmission de la maladie. Les données doivent en outre être détruites au fur et à mesure. Quant à l’application, elle doit pouvoir être refusée et abandonnée sans préjudice.
L’Académie nationale de médecine admet toutefois que le succès de l’application est très dépendant de son taux d’adoption dans la population. Or, elle a conscience des limites qui ont été déjà exposées : l’usage du smartphone n’est pas répandu partout et tout le monde ne voudra pas s’en servir, ou ne connaîtra son existence. Et cela, sans parler des faux positifs ou des faux négatifs qui sont encore un autre problème.
Du niveau de participation dépendra en grande partie l’utilité du système
Le communiqué de la société savante fait référence à quelques reprises à l’emploi de la géolocalisation dans le suivi des individus, mais cette fonctionnalité n’est pas envisagée avec StopCovid. Les communications transiteront juste de smartphone à smartphone, en Bluetooth. Cependant, à toutes fins utiles, elle expose le cadre qu’il faudrait appliquer si la géolocalisation des smartphones était utilisée.
En somme, résume l’Académie, « l’approche du traçage des contacts peut être utile et efficace en faisant participer activement la population à la lutte contre le Covid-19, sur une base de volontariat. Cependant, cette efficacité suppose le respect d’un certain nombre de conditions d’ordre éthique et juridique ». Mais surtout, ce n’est qu’un levier parmi d’autres : il s’ajoute aux gestes barrières et aux tests. Il ne les remplace pas.
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