Une commission parlementaire a demandé la suspension de l’utilisation des données de géolocalisation par smartphone pour faire respecter les mesures de confinement en Israël, a rapporté Reuters le 22 avril 2020. Le gouvernement de Benyamin Netanyahou avait besoin de l’accord du Parlement pour prolonger cette mesure, instaurée en mars dernier.
Depuis un mois, les Israéliens sont sommés de rester chez eux pour endiguer la pandémie de coronavirus, comme c’est le cas pour plus de la moitié de la population mondiale. La police avait le droit, jusqu’ici, d’utiliser les données de géolocalisation du smartphone d’une personne considérée comme potentiellement malade, ou atteinte du coronavirus, afin de vérifier qu’elle restait bien chez elle.
La liste des 13 000 personnes officiellement infectées par le virus était transmise aux forces de police par le ministère de la Santé, et les forces de l’ordre, utilisant la géolocalisation de leur smartphone, réalisaient des « contrôles aléatoires » sur environ 500 personnes par jour. Plus de 300 personnes ont été arrêtées.
« Les avantages que cela donne sont inférieurs à la grande violation de la vie privée », a asséné Ayelet Shaked, membre de la commission parlementaire, comme l’a repéré BFM. « Les citoyens font preuve d’une grande responsabilité et suivent les instructions du ministère de la Santé. »
L’app controversée de « contact tracing » toujours utilisée
En revanche, les données de géolocalisation des téléphones portables connectés de la population sont toujours utilisées à des fins de traçage d’éventuels contacts entre potentiels malades atteints par la maladie Covid-19. Alors qu’en France, on s’écharpe sur l’efficacité de certaines solutions proposées à base de Bluetooth (StopCovid, l’app proposée par le gouvernement, doit encore être débattue à l’Assemblée, malgré de nombreuses inconnues), Israël ne s’est pas encombré de telles précautions.
La géolocalisation de l’outil développé par le Shin Bet, le service de sécurité intérieur, fonctionnerait par GPS, ce qui permet concrètement de suivre n’importe qui à la trace, n’importe quand. Lorsqu’une personne identifiée comme malade en a croisé une autre, cette dernière reçoit un SMS qui l’avertit d’un potentiel risque de contamination. Ce sont des officiers qui gèreraient cette phase d’identification, en parvenant à identifier toute personne en contact d’un malade potentiel, à moins de 2 mètres, pendant plus de 15 minutes. Mais le fonctionnement de ce processus reste assez secret.
Il s’agit d’un dispositif antiterroriste, qui bénéficie d’une dérogation à la loi : le Shin Bet peut avoir accès aux bases de données des opérateurs sans l’aval de la justice, et donc croiser les données de localisation avec des informations personnelles comme le nom, numéro d’identité, numéro de carte de crédit, etc.
Interrogé par Reuters, un membre du gouvernement de Netanyahou a assuré que cette technologie était efficace et avait permis que « plus de la moitié des personnes diagnostiquées, hors noyau familial, l’aient été avec l’aide du Shin Bet ». Les associations et de défense des libertés individuelles sont toutefois extrêmement critiques des potentielles dérives de l’utilisation de tels outils. « Je comprends que la contamination et la diffusion du virus doivent être empêchées, mais il est inconcevable que, à cause de la panique, les droits civils soient piétinés sans restriction, à des niveaux complètement disproportionnés par rapport à la menace et le problème », a asséné Malkiel Blass, ministre de la Justice de 2004 à 2012 au NYT.
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