Le Conseil national du numérique a donc rendu le 24 avril, dans des délais extrêmement courts, son avis sur l’application StopCovid. L’instance consultative, qui avait été saisie il y a tout juste une semaine par le secrétaire d’État en charge du numérique, Cédric O, juge ce projet « utile dans la lutte contre la pandémie ». Dès lors, elle se déclare « favorable » à ce projet, mais elle apporte une série de recommandations.
En préambule de ses conseils, le Conseil a toutefois voulu rappeler que la création d’une application comme StopCovid, qui est en cours de développement, et qui est bien partie pour faire partie de l’attirail de mesures pour préparer la France à entrer dans une phase de déconfinement progressif, à partir du 11 mai, ne saurait être l’unique réponse à apporter à la crise sanitaire.
En clair, StopCovid n’est qu’une brique dans le mur qui doit protéger la population de la maladie. « Ce type d’application n’est qu’une partie de la réponse sanitaire dont l’efficacité dépendra sûrement plus des mesures de distanciation sociale et de la mise à disposition de tests », écrit l’instance. En clair, il faut se garder que le mirage technologique ne nous écarte d’autres leviers aussi, sinon plus, essentiels.
Les membres du CNNum ont aussi tenu à souligner la difficulté de ce travail d’analyse, à cause d’un délai très serré limitant le temps de la réflexion et le volume des auditions à et d’une connaissance incomplète et vraisemblablement vite obsolète du sujet, en fonction des orientations politiques et techniques qui pourraient être impulsées dans les semaines à venir.
Ainsi, « le Conseil est conscient de ne fournir qu’une lecture sous forme de photographie, représentative de nos connaissances à la date de sa publication et qui pourra par conséquent être vite rendue obsolète ». En effet, « le développement de l’application et de toutes les briques qui la composent n’est pas terminé, ce qui rend difficile le fait de se prononcer définitivement ».
Les principales recommandations sur StopCovid
Malgré tout, quinze recommandations ont été formulées. Parmi les principales que l’on peut retenir figure les conseils suivants :
- Création d’un comité de contrôle disposant d’un pouvoir d’arrêt de l’application. Ce comité rassemblerait des parlementaires, des chercheurs ainsi que des « citoyens experts », et aurait pour tâche de vérifier la « bonne mise en œuvre du système » et de s’assurer du respect complet des libertés individuelles tout au long de son existence.
- L’application doit être limitée dans le temps. Pour le CNNum, cela « doit rester une réponse exceptionnelle à une crise qui l’est aussi ». Il n’est pas souhaitable qu’elle soit pérennisée. Il faut en outre fixer des garanties claires et fortes sur la protection des données, notamment sur la minimisation et la durée de conservation.
- Une seule application doit être conçue pour la France, sous l’autorité du ministère de la Santé, pour éviter tout soupçon d’intérêt économique.
- Le code source de l’application doit être publié, ainsi que de systèmes associés. Il faut accompagner ce partage de la documentation adéquate et d’éléments de vulgarisation. En clair, il faut que ça soit explicable et transparent.
- Un service de signalement doit être proposé pour alerter en cas de mésusage ou de dérive. Par exemple, un employeur faisant pression sur un salarié pour qu’il s’en serve, ou bien un lieu public interdit d’accès aux personnes n’utilisant pas StopCovid.
- StopCovid doit changer de nom pour ne pas lui faire porter de fausses promesses. Il est proposé à la place AlerteCovid, qui est plus en adéquation avec l’objectif visé, selon le CNNum.
- L’application doit être la plus simple possible, rédigée dans un français facile à lire et à comprendre, avec un design minimaliste. Sa prise en main doit être facile et les réglages limités, afin de ne pas semer l’internaute dans un labyrinthe de paramètres.
- Il faut clarifier les procédures à suivre si l’application nous alerte d’une notification de contact avec une personne contaminée ou si l’on est diagnostiqué positif au Covid-19.
- Enfin, le CNNum suggère de «créer de l’engagement en rendant le citoyen actif dans la santé de tous, en affichant les statistiques et les consignes sanitaires ».
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