Coronavirus ou pas, les frictions commerciales et politiques entre Washington et Pékin ne se calment pas. Sur le front des technologies, la Maison-Blanche vient d’ailleurs d’en remettre une couche en annonçant le 13 mai le prolongement d’un an du décret pris en 2019 au nom de « l’urgence nationale ». Décret qui affecte directement l’équipementier et constructeur de smartphones chinois Huawei.
C’est de nouveau le risque d’espionnage qui est brandi dans le décret signé par Donald Trump. En effet, l’entreprise est suspectée par les États-Unis de servir de porte d’entrée pour des opérations de renseignement, de vol de données voire de piratage. Un danger qui, du point de vue américain, va s’accroître, car Huawei est un leader dans la 5G et qu’il est bien placé pour fournir tout le monde avec ses équipements.
Le texte du décret ne cite bien sûr ni la Chine ni Huawei.
Il est évoqué des technologies ou de services dans les télécommunications et l’information « appartenant à des adversaires étrangers contrôlés par eux ou soumis à leur juridiction ou à leurs directives ». Or, l’emploi de ces technologies et services aux USA « augmente la capacité de ces adversaires étrangers à créer et à exploiter des vulnérabilités […], avec des effets potentiellement catastrophiques ».
De fait, cela nuit évidemment aux activités de Huawei dans le domaine des infrastructures télécoms, puisque cette décision continue de limiter drastiquement, voire de bloquer ses perspectives commerciales outre-Atlantique. En clair, de signer et de garder des contrats avec des entreprises américaines, mais aussi de vendre ses solutions sur le marché US, en particulier pour le déploiement de la 5G.
Un décret qui rompt les liens entre Google et Huawei
Mais cela a aussi des conséquences plus visibles pour le public. Ainsi, les particuliers qui souhaitent acquérir un smartphone Huawei doivent composer avec un environnement logiciel bien différent de ce qu’ils ont l’habitude d’utiliser. En effet, le décret américain prive Huawei de l’accès aux applications de Google ainsi qu’à Google Play, la plateforme officielle pour accéder à toutes les autres applications.
Bien sûr, Huawei a annoncé en septembre 2019 une parade avec App Gallery (et en faisant moins appel aux composants d’origines américaines) et la sélection d’alternatives.
Mais force est de constater que cette boutique alternative n’a pas le même catalogue que Google Play. Des applications très utilisées, mais américaines, peuvent ainsi manquer à l’appel et constituer dès lors une forte source de frustration. Pas de Gmail, pas de YouTube ou de Maps, par exemple, du moins sous la forme d’application. Et la perspective de passer à HarmonyOS, pour échapper à Android, risque de se heurter à la réticence du public, qui n’a pas envie de prendre part à ce duel de titans.
Dans la mesure où la popularité des applications américaines, de Google et d’Android est mondiale, les conséquences du conflit entre Washington et Pékin le sont tout autant. Ainsi, les restrictions concernant Google Play touchent aussi l’Europe et obligent les mobinautes à reconsidérer, le cas échéant, le renouvellement de leur smartphone : ne vaut-il mieux pas se rabattre sur une autre marque, en somme ?
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