Ça aura été une initiative instructive, mais éphémère. À peine une semaine après avoir ouvert le compte Wiki_Assemblée sur Twitter, avec la ferme intention de signaler toutes les suppressions anonymes de contenu sur l’encyclopédie Wikipédia depuis les adresses IP de l’Assemblée nationale, son auteur a choisi de s’arrêter. Il l’a annoncé sur le réseau social le 22 mai, sans livrer d’explication.
https://twitter.com/wiki_assemblee/status/1263740393390247936
L’initiative de Wiki_Assemblée, si elle n’est pas la première du genre en France et dans le monde, avait suscité un vif intérêt ces jours-ci. Le compte Twitter, né en réaction d’un article de Médiapart signalant des tentatives de maquillage de l’équipe parlementaire de la députée Laetitia Avia pour cacher des passages peu flatteurs, aussi mis en avant par les Numériques, a attiré à lui plus de 22 000 abonnés.
Dans un article paru le 19 mai sur Numerama, nous avions pu nous entretenir avec l’auteur de Wiki_Assemblée sur sa démarche, ses procédés pour repérer les éditions suspectes et ses futurs projets. Mais aussi les limites d’un tel librexercice : « Les députés et assistants commencent déjà à mieux protéger leurs actes sur Wikipédia. Je détecte beaucoup moins de modifications depuis l’affaire Avia », nous confiait-il.
Wikipédia continuera de traquer les éditions suspectes
Le retrait de Wiki_Assemblée, s’il est regretté, ne changera toutefois pas grand-chose pour Wikipédia. Que ces modifications soient documentées ou non, l’encyclopédie peut compter sur ses bénévoles pour intervenir en quelques minutes sur des modifications suspectes et les annuler. En règle générale, selon Wiki_Assemblée, la modération agit en l’espace d’une dizaine de minutes.
En somme, la manière de fonctionner de l’encyclopédie coopérative ne changera pas parce que des comptes semblables à Wiki_Assemblée apparaissent ou disparaissent. Wikipédia a des outils performants pour tracer les éditions venant de telle ou telle adresse IP et il existe même des internautes qui sont spécialisés dans la surveillance les modifications récentes (patrouilles RC), afin de contrer notamment le vandalisme.
Un autre outil très puissant existe : la capacité de verrouiller de façon plus ou moins stricte des pages subissant des guerres d’édition. Cette capacité, qui n’est donnée qu’aux bénévoles les plus fiables, permet par exemple de bloquer les éditions aux personnes qui participent anonymement, dont le compte est un peu trop récent ou qui n’ont pas contribué assez sur Wikipédia, par le nombre d’éditions.
Si Wiki_Assemblée cesse ses activités, rien n’interdit à un autre de reprendre le flambeau. Dans un message sur Twitter, il suggère une bibliothèque open source sur GitHub qui permet de créer un bot similaire. Quant aux plages d’adresses IP à scanner, elles sont aussi visibles publiquement. Il n’y a plus qu’à mettre les mains dans le cambouis pour celui ou celle qui aurait voulu que Wiki_Assemblée perdure.
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