Le 25 mai 2020, à Minneapolis, aux États-Unis, George Floyd est mort. L’homme afro-américain a été arrêté par quatre policiers, qui l’ont menotté et plaqué au sol. L’officier de police Derek Chauvin — qui a déjà de nombreux antécédents de violences policières — a maintenu George Floyd à terre pendant près de neuf minutes en exerçant une pression prolongée sur son cou, avec le genou.
C’est cet acte qui l’a tué, comme le conclut une récente autopsie déclarant une mort par homicide en raison de cette pression prolongée : il ne pouvait plus respirer, ce qui lui a fait perdre connaissance et causera ensuite l’arrêt cardiaque. La scène a été filmée par des riverains. Elle a fait le tour du monde, jusqu’à déclencher un mouvement historique contre les violences policières à l’encontre des personnes racisées.
Le mouvement se répartit à la fois dans les rues, par des manifestations et en ligne. Sur les réseaux sociaux, la diffusion des messages et images de soutien passe par un certain nombre de hashtags. Ce 2 juin, plusieurs hashtags étaient donc dans les tendances sur Twitter ou sur Instagram : BlackLivesMatter, BlackOutTuesday, BlackoutDay ou encore TheShowMustBePaused.
Ces trois derniers hashtags traduisent une sorte de « grève » organisée par l’industrie musicale. L’idée est d’organiser un silence généralisé, pour rendre hommage à George Floyd, pour faire enfin entendre la voix des victimes des violences policières racistes. Ce silence signifie aucune nouvelle parution, aucun nouveau clip, aucune communication, aucune présence médiatique : une sorte de silence radio. Sur le site de l’initiative, les deux créatrices du mouvement, Brianna Agyemang et Jamila Thomas, expliquent :
« En réponse aux meurtres de George Floyd, Breonna Taylor, Ahmaud Arbery et d’innombrables autres citoyens noirs aux mains de la police, #The ShowMustBePaused est une initiative créée par deux femmes noires travaillant dans la musique, en réponse au racisme et à l’inégalité qui existent de longue date, des salles de réunions jusqu’aux boulevards. Nous n’allons pas continuer à mener nos affaires comme si de rien n’était sans tenir compte de la vie des personnes noires. Le mardi 2 juin est destiné à perturber intentionnellement la semaine de travail. »
Les hashtags mal utilisés perturbent le mouvement
Pour matérialiser ce silence, beaucoup de célébrités et d’internautes ont publié ce mardi 2 juin un carré noir. C’est là qu’un problème s’est posé : beaucoup de gens y ont certes associé les hashtags #BlackoutDay ou #BlackOutTuesday, mais ils ont également mis le hashtag #BlackLivesMatter.
Comme le montre la militante Kenidra R. Woods sur ses réseaux, il s’agit d’une mauvaise pratique dans l’utilisation des hashtags, et cette erreur est en train de perturber le mouvement. Quand on clique sur #BlackLivesMatter, on se retrouve avec une succession sans fin de carrés noirs. Tout le reste devient noyé sous ces images. « Nous savons qu’il n’y a pas d’intention de faire du mal, mais pour être honnête, cela fait vraiment du mal au message. Nous utilisons ce hashtag pour garder les gens informés. S’il vous plait, arrêtez d’utiliser ce hashtag pour des carrés noirs », écrit Kenidra R. Woods.
Attention à ne pas flooder le hashtag #BlackLivesMatter avec des images de carrés noirs
Il y a donc un effet contre-productif : le BlackoutTuesday est destiné à faire silence radio pour que les voix des personnes concernées par le racisme des violences policières se fassent entendre, mais la mauvaise utilisation des hashtags freine et invisibilise le mouvement autour de BlackLivesMatter. Les images de carrés noirs postées en soutien ne doivent donc pas être publiées en association avec le hashtag #BlackLivesMatter, mais tout à fait séparément, exclusivement avec les trois autres : BlackOutTuesday, BlackoutDay, TheShowMustBePaused.
Le soutien à ce mouvement historique et crucial doit être consciencieux : plus que jamais, il ne doit y avoir aucune invisibilisation, pour aucune raison que ce soit.
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