Téléchargée 1,5 million de fois dans un pays qui compte 6,2 millions d’habitants, l’application TraceTogether n’a pas réussi à aider Singapour à contenir l’épidémie de coronavirus. La cité-État a dû se résoudre à imposer un confinement généralisé à sa population, qui s’est mis en place début avril et a duré jusqu’au début du mois de juin, et des restrictions plus importantes.
C’est dans un contexte mêlant travailleurs en forte promiscuité et application qui fonctionne mal, car ne reposant pas sur les outils Apple/Google que l’on assiste à un durcissement de la stratégie singapourienne face au coronavirus. Fin avril, l’État a lancé le système SafeEntry, qui exige de scanner un code QR à l’entrée et à la sortie des bâtiments publics, en utilisant le smartphone. Gares, entreprises, centres commerciaux et même parcs sont également dans la boucle, avec des checkpoints qui se sont multipliés ces dernières semaines.
La nouvelle étape, rapportée par Reuters, consiste à organiser la distribution d’accessoires connectés compatibles TraceTogether à toute la population, toujours dans cette optique de tracer les chaînes de transmission et permettre de se prévenir les uns les autres si l’on a croisé un individu positif au virus. Le caractère obligatoire de cet objet, qui sera sans doute une montre ou un bracelet, est incertain.
« Nous développons et allons bientôt lancer un appareil portable qui ne dépendra pas de la possession d’un smartphone », déclare Vivian Balakrishnan, un ministre, dans des propos rapportés par l’agence de presse. « Si cet appareil portable fonctionne, nous pourrons alors le distribuer à tout le monde à Singapour ». L’accès des migrants à ce dispositif, au regard des raisons citées plus haut, est une question en suspens.
Et en France ?
Il s’avère que l’idée d’employer des bracelets électroniques circule ailleurs dans le monde, et notamment en France. Fin avril, Ludovic Le Moan, le patron de l’entreprise Sigfox, qui est spécialisée dans les réseaux très bas débit pour les objets connectés, défendait l’emploi de bracelets StopCovid plutôt qu’une application sur smartphone. Mi-mars, l’intéressé faisait état de discussions avec des villes pour des badges connectés.
Il faut également mentionner Withings, qui figure d’ailleurs comme partenaire de l’Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria) en tant que spécialiste des objets connectés. Lors d’une audition devant les parlementaires, Cédric O, le secrétaire d’État en charge du numérique, signalait d’ailleurs que Withings a réussi à faire marcher l’application StopCovid sur une montre connectée.
Ces travaux exploratoires sont approuvés par le gouvernement comme un moyen de fournir une solution à bas coût à une population qui n’est pas forcément équipée en smartphone, notamment dans les milieux ruraux et dans certaines zones urbaines, tout en étant très facile d’emploi. L’objet connecté ne ferait que cela et n’aurait besoin d’aucune configuration préalable.
Dans le cas de Withings, il est question de se servir de montres coûtant quelques dizaines d’euros à fabriquer. Un éventuel passage à une phase industrielle est évoqué aux alentours de juillet ou août, selon Cédric O. Quant aux badges de Sigfox, leur prix serait aussi très peu cher. Son patron affirme pouvoir en produire des millions d’ici septembre, grâce à une base matérielle déjà en place.
Cependant, ces projets risquent très probablement de rencontrer les mêmes écueils que ceux qui ont jalonné la route de StopCovid : leur caractère facultatif — car on n’imagine pas qu’ils seraient obligatoires, vu les difficultés juridiques en matière de libertés individuelles que cela occasionnerait — limitera de faire leur efficacité opérationnelle. Et les mêmes questions sur la vie privée et la sécurité se poseront alors.
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