Machine arrière toute en Norvège. Après deux mois d’activité dans le pays, l’équivalent local de StopCovid a été mis sur la touche après l’implication du Datatilsynet, l’autorité norvégienne de protection des données. Le 15 juin, l’instance a notifié les autorités sanitaires du pays pour leur signaler des atteintes disproportionnées aux libertés par rapport aux objectifs poursuivis.
En conséquence, la suspension de l’application de traçage des contacts a été annoncée dans la foulée, au grand regret de l’Institut norvégien de la santé publique. « Il en résultera une moins bonne préparation, car nous perdons du temps dans le développement et les tests de l’application et le contrôle de la transmission en Norvège sera également moins bon », a estimé Camilla Stoltenberg, sa directrice. Et de rappeler que l’épidémie n’est pas terminée et qu’il n’existe aucun vaccin.
En date du 17 juin, l’épidémie de coronavirus en Norvège paraît également sous contrôle, comme en France. Le pays compte moins de 9 000 cas en tout, pour une population d’un peu plus de 5,3 millions d’habitants, et les nouvelles infections sont devenues très rares : depuis le mois de mai, elles sont à peine de quelques dizaines par jour, voire moins. Et il n’y a pratiquement plus de décès enregistré. De façon générale, la maladie a fait moins de 300 victimes dans le pays.
Une pause, pas un arrêt définitif
Le coup d’arrêt de Smittestopp, le nom local de StopCovid, ne signe pas pour autant son arrêt de mort. Des discussions entre le Folkehelseinstituttet, l’institut de santé norvégien, et le Datatilsynet, sont en cours pour trouver une issue d’ici le 23 juin. En attendant, toutes les données recueillies à travers Smittestopp sont effacées et il n’y a évidemment plus la moindre notification envoyée.
En Norvège, l’application aurait été téléchargée 1,6 million de fois — un chiffre élevé au regard de la taille de la population, mais dont le calcul n’est pas précisé : inclut-on par exemple plusieurs téléchargements sur un même smartphone ? Les utilisateurs actifs seraient quant à eux moins de 600 000 — l’expérience française suggère néanmoins une certaine prudence sur la façon dont ces calculs sont faits. Ces chiffres datent du 3 juin 2020.
L’application a été lancée très tôt en Norvège, dès le 16 avril 2020, une cinquantaine de jours avant la France et son application StopCovid. Son principe de fonctionnement est assez similaire : elle repère les autres smartphones à proximité, dans un rayon de moins de deux mètres, et si le contact dure plus d’un quart d’heure, alors une alerte pourra être émise s’il s’avère que l’un des propriétaires est positif au coronavirus. L’application se sert en revanche du GPS, en plus du Bluetooth, là où la France se contente du Bluetooth.
Smittestopp est disponible sur Android et iOS.
Dans la mesure où ce programme est uniquement suspendu, les autorités sanitaires ne recommandent pas à la population de désinstaller l’application mobile. « Nous espérons qu’ils garderont l’application prête sur leur téléphone. Cela signifie que nous pouvons rapidement réactiver l’application si nous trouvons une solution qui satisfait le Datatilsynet », déclare Camilla Stoltenberg. Il est toutefois possible de désactiver Smittestopp pour ne pas impacter la batterie.
Hasard du calendrier, l’inactivation de Smittestopp survient au moment où son homologue allemande fait ses premiers pas. Des débuts sous le signe de la controverse : outre les mêmes critiques adressées sur la question des libertés individuelles, son coût n’est pas passé inaperçu. Corona-Warn-App, c’est son nom, a nécessité 20 millions d’euros pour son développement et nécessite entre 2,5 millions et 3,5 millions de dépenses mensuelles pour fonctionner.
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