C’est à un exercice rare auquel s’est livré Mark Zuckerberg. Le 16 juin, le fondateur et PDG de Facebook a publié une tribune dans les colonnes USA Today pour annoncer un engagement sans précédent du réseau social dans l’élection présidentielle américaine, prévue en fin d’année. Non pas en soutenant un camp au détriment de l’autre, mais en incitant un maximum d’internautes américains à prendre part au scrutin.
« Nous annonçons mercredi la plus grande campagne d’information sur le vote de l’histoire américaine. Notre objectif est d’aider 4 millions de personnes à s’inscrire pour voter », écrit-il. Il ne s’agit pas d’une première : par le passé, le site affichait déjà des notifications pour rappeler à ses membres la survenue de certaines échéances électorales, comme les Européennes de 2014.
Mais ce n’est pas sur ce seul aspect que Mark Zuckerberg entend mobiliser son site web. Le site annonce qu’il s’engage à veiller à l’intégrité du scrutin, pour éviter les tentatives de manipulation étrangère en faveur de tel ou tel candidat — une interférence qui a très vite été au cœur des préoccupations lors de l’élection de 2016 et qui aurait profité à Donald Trump lors de son face à face à avec Hillary Clinton.
Des publicités politiques désactivables sur Facebook
Mais surtout, une mesure est annoncée au sujet des publicités politiques. Les internautes auront la possibilité de les désactiver. « Pour celles et ceux d’entre vous qui ont déjà pris leur décision et qui souhaitent simplement que la campagne se termine, […] nous allons introduire également la possibilité de ne plus voir de publicités politiques », annonce Mark Zuckerberg.
À CNBC, un porte-parole de l’entreprise a indiqué que cette fonctionnalité serait déployée à partir du 17 juin, mais que cela prendra quelques semaines avant de pouvoir la proposer à la totalité des inscrits basés aux États-Unis. Cela concernera aussi les annonces provenant des équipes de campagne, des comités d’action politique (super PAC) et de toute autre organisation rémunérée à cette fin.
Il est significatif de voir que Facebook maintient les publicités politiques, alors qu’elles sont accusées outre-Atlantique d’être des vecteurs pour la désinformation, puisque le réseau social ne les interdit pas, pas plus qu’il ne les vérifie. Un militant a profité par exemple de ce boulevard pour publier des fausses informations et ainsi montrer par l’absurde les limites de cette stratégie très permissive.
« Nous vous rappellerons quand même de voter »
Comme le pointe CNBC, cette posture est l’objet de critiques régulières d’activistes, mais aussi de certaines figures politiques américaines, à l’image de Joe Biden. Il apparaît malgré tout que rien ne changera sur ce terrain, du moins à court terme.
La société a toujours dit qu’elle souhaitait faire primer ce qui relève selon elle de la liberté d’expression à la vérité, même si cela occasionne des mensonges. Pour soutenir son point de vue, elle explique que cela permet de donner tous les éléments aux citoyens pour qu’ils puissent juger sur pièces. Ce qui implique donc de les exposer aux excès et aux abus, au nom, donc, de l’intérêt général.
Dans ce cadre, Facebook a donc refusé de supprimer une fausse information relayée par Donald Trump, qui dénigrait Joe Biden, mais également une autre, visant cette fois Nancy Pelosi, la présidente de la chambre des représentants américaine. En principe, il n’est pas non plus censé intervenir sur les contenus mensongers visant son patron, comme cela a pu être observé l’été dernier.
De fait, les choix de Facebook dans ce domaine sont aussi scrutés à travers le prisme de son modèle économique — même si la proportion des publicités politiques dans ce total reste faible. Les finances du site reposent quasi-exclusivement sur les pubs — et depuis toujours. Pour l’année 2018 par exemple, les annonces ont rapporté 55 milliards de dollars. Le reste ? À peine 825 millions de dollars.
Il existe néanmoins une troisième voie : celle empruntée par Twitter. Le site n’accepte ni les publicités politiques ni ne s’occupe de les modérer. En fait, le choix a été fait de tout bannir.
« Ce n’est pas une question de liberté d’expression » argue son patron, Jack Dorsey. « C’est le fait de payer pour avoir un impact. Et payer pour accroître la portée d’un discours politique a des ramifications importantes que l’infrastructure démocratique actuelle pourrait ne pas pouvoir gérer. Cela vaut la peine de prendre du recul pour y remédier ».
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