Longtemps réfractaire à intervenir pour modérer le compte de Donald Trump, compte-tenu du personnage public de premier plan qu’il est devenu en se faisant élire à la présidence des États-Unis, Twitter a vécu une petite révolution à la fin du mois de mai. Le réseau social a pris la décision de modérer ses propos, d’une part en les nuançant lorsqu’ils ne reposent sur rien de tangible (comme le vote par correspondance), et d’autre part en les masquant, s’ils sont jugés excessifs.
Cet interventionnisme nouveau de Twitter s’est encore observé le 23 juin, quand Donald Trump a publié message dans lequel il déclare « qu’il n’y aura jamais de ‘zone autonome’ à Washington D.C., tant que je serai votre président. S’ils essaient, ils seront confrontés à une force sérieuse ! ». Il fait référence ici aux manifestations se déroulant dans la capitale contre le racisme et les violences policières, mais aussi, par extension, contre Donald Trump et la façon dont il exerce sa présidence.
Un message faisant l’apologie de la violence
Ce message apparaît désormais masqué sur le réseau, à moins de se trouver directement sur le tweet lui-même (comme ici). Dans ce cas, le message apparaît normalement, avec le bandeau d’avertissement placé au-dessus. Dans les autres cas de figure, par exemple sur le fil d’actualité d’un abonné ou même sur le compte de Donald Trump, le message n’est pas visible par défaut. C’est ce même mécanisme que Twitter a mis en œuvre pour un autre message écrit au plus fort des émeutes aux USA.
Sous ce régime, le tweet ne peut recevoir ni commentaire ni appréciation (via les likes), ni même être placé dans les signets du réseau social. Il peut néanmoins être cité ou bien repartagé, avec son encart de modération.
« Notre règlement stipule que nous n’autorisons pas les gens à souhaiter ou espérer nuire à une personne ou à un groupe de personnes »
Twitter ne précise pas les raisons pour lesquelles il a décidé de modérer ce message, car la notification indique juste que « ce tweet a enfreint les règles de Twitter relatives aux comportements inappropriés. Toutefois, Twitter a déterminé que sa disponibilité peut présenter un intérêt pour le public ». Les circonstances dans lesquelles il a été publié, la situation aux États-Unis, le tempérament du président et ses récentes prises de position et déclaration constituent toutefois un faisceau d’indices suggérant que cette « force sérieuse » est une force armée, policière ou militaire.
C’est pourtant bien sur ce critère que l’intervention de Twitter a eu lieu. « Notre règlement stipule que nous n’autorisons pas les gens à souhaiter ou espérer nuire à une personne ou à un groupe de personnes », a indiqué la société à l’AFP.
En règle générale, l’apologie de la violence peut donner lieu à une intervention du site pour demander à l’auteur du message litigieux de le supprimer de lui-même. « La première fois que vous enfreignez cette politique, nous vous demandons de supprimer le contenu incriminé », est-il indiqué dans les directives et politiques générales. Cette requête peut s’accompagner d’un verrouillage temporaire du compte pour empêcher de publier quoi que ce soit, tant que la suppression n’a pas eu lieu.
Enfin, s’il est observé une persistance dans la glorification de la violence, alors même qu’un premier avertissement a été prononcé, Twitter prévient que le compte en cause se prendra une suspension définitive. Il existe néanmoins une procédure d’appel si la sanction est une erreur ou jugée injuste. La survenue de ce cas de figure est toutefois très improbable, eu égard au rôle que joue Donald Trump dans la société américaine et, plus généralement, sur les affaires du monde.
Des règles à part pour les personnes publiques
Twitter sait qu’il n’est pas possible de modérer de la même façon un compte lambda et un compte d’une personnalité publique. C’est pour cela que le réseau social a prévu un corpus de règles à part pour savoir quoi faire et dans quelles circonstances. Ainsi, pour ce qui est de la violence, l’entreprise laisse une marge de manœuvre pour laisser afficher des tweets qui seraient en principe effacés séance tenante, en particulier s’ils ciblent une personne ou un groupe de personnes.
« Le contenu qui menace de recourir à la violence ou glorifie cette dernière peut entraîner certains des dommages les plus graves et les plus immédiats que nos règles visent à éviter. Les exceptions d’intérêt public sont donc improbables. Nous préférerons toujours supprimer le contenu s’il est prouvé qu’il peut entraîner un préjudice réel ou probable hors ligne », précise en préambule la compagnie. Mais à cette règle s’ajoute donc une exception, dans laquelle entre pour l’instant Donald Trump.
« Dans de très rares cas, nous pourrons décider que le contenu est digne d’une exception d’intérêt public si le lien avec la violence réelle est plus ténu ou si Twitter est la seule source d’informations », ajoute le corpus de règles. Or, Donald Trump s’exprimant essentiellement sur le site de micro-publication en 280 caractères, il ne peut guère aller plus loin, sans se mettre à enfreindre son propre règlement.
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Si vous avez aimé cet article, vous aimerez les suivants : ne les manquez pas en vous abonnant à Numerama sur Google News.