Emprisonné depuis avril 2019 au Royaume-Uni, Julian Assange attend d’être fixé sur sur son sort. Les États-Unis, qui cherchent à obtenir son extradition, viennent d’alourdir les charges contre lui.

Nouveaux ennuis judiciaires pour Julian Assange. Le 24 juin, le ministère de la Justice aux États-Unis a dévoilé des accusations supplémentaires contre le fondateur de Wikileaks, selon lesquelles il aurait fait appel à des hackers pour commettre des actes de piratage. En particulier, il est reproché à l’intéressé d’avoir fourni une liste de cibles dont le piratage bénéficierait au site spécialisé dans la fuite d’informations.

« En 2012, M. Assange a communiqué directement avec un leader du groupe de piratage LulzSec (qui coopérait alors avec le FBI), et lui a fourni une liste de cibles à pirater. En ce qui concerne l’une de ces cibles, M. Assange a demandé au chef de LulzSec de rechercher (et de fournir à Wikileaks) du courrier et des documents, des bases de données et des fichiers PDF », accuse Washington.

LulzSec était un collectif qui s’était rendu célèbre au début de la décennie en multipliant les intrusions dans différentes organisations, ou en lançant des attaques informatiques pour les rendre temporairement inaccessibles. Des entreprises comme Sony, Nintendo et EA ont été prises pour cible, ainsi que des médias (comme le New York Times, Fox News et le Sun) et les autorités (dont le FBI, la CIA et la NSA).

LulzSec

LulzSec

Actif un temps, entre 2010 et 2012, le groupe s’était décomposé petit à petit avec une série d’arrestations dans des pays anglophones, en particulier au Royaume-Uni. C’était à cette époque que les liens troubles entre un cadre de LulzSec et le FBI ont aussi été évoqués. Des condamnations ont été prononcées par la suite, entraînant par la même occasion la disparition de LulzSec.

Le département de la justice américain poursuit : « Wikileaks a obtenu et publié des mails provenant d’une fuite de données commise contre une société américaine de conseil en renseignement par un hacker ‘anonyme’ et affilié à LulzSec. Selon ce hacker, Assange lui a indirectement demandé de spammer à nouveau cette société ». L’Australien n’aurait donc pas seulement publié des documents confidentiels : il aurait joué un rôle moteur dans le choix des cibles et dans la motivation des hackers.

Washington cherche à donner de l’épaisseur à son dossier contre Assange

Julian Assange fait l’objet de 18 chefs d’accusation, mais ce nouvel acte ne modifie pas le périmètre des griefs retenus contre lui. En revanche, il vise à consolider les reproches qui lui sont adressés en insistant sur la machination à laquelle il se serait livré lorsqu’il était aux commandes de Wikileaks, en suivant des pratiques qui n’ont rien à avoir le journalisme dont Julian Assange a pu se revendiquer parfois.

Si cette implication est étayée, la défense de Julian Assange aura plus de mal à brandir les protections auxquelles ont droit les professionnels de la presse. Mis bout à bout, tous les chefs d’accusation pourraient lui valoir une peine d’emprisonnement jusqu’à la fin de ses jours. Chaque grief se punit par une peine de prison maximale de 10 ans, sauf l’intrusion informatique dont le plafond est de 5 ans. Soit un total de 175 ans.

Julian Assange

Julian Assange a été arrêté en 2019 et évacué manu militari de l’ambassade d’Équateur à Londres, où il vivait depuis sept ans. // Source : The Guardian

Julian Assange, qui est détenu par les autorités britanniques et emprisonné dans la prison de haute sécurité de Belmarsh, en banlieue londonienne, ne risque plus aucune extradition vers la Suède pour une affaire d’agression sexuelle. Stockholm a déclaré en novembre 2019 que « tous les actes d’enquête ont été épuisés […] sans apporter les preuves requises pour une condamnation ».

Il est toutefois l’objet d’une demande d’extradition vers les USA pour les multiples fuites de documents sensibles appartenant au gouvernement américain. La justice britannique doit se prononcer sur l’opportunité de remettre l’Australien à Washington. Julian Assange a été arrêté par la police anglaise en avril 2019, quand l’Équateur a décidé de lever la protection diplomatique dont il jouissait depuis sept ans en s’étant réfugié dans l’ambassade.

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