C’est un virage à 180 degrés pour le Royaume-Uni. Six mois après avoir présenté les grandes lignes de son plan autorisant Huawei à contribuer un peu à la mise en place de son réseau 5G, Londres fait maintenant machine arrière, de façon radicale : ce 14 juillet, le gouvernement a dévoilé un nouveau plan de vol qui ne laisse aucune place à bord pour l’équipementier chinois, à long terme.
Concrètement, deux grandes décisions ont été actées.
D’abord, l’achat de matériel destiné à l’ultra haut débit mobile et conçu par Huawei sera interdit à partir du 1er janvier 2021. En conséquence, les opérateurs devront se fournir auprès d’autres industriels, en particulier au niveau européen avec Nokia et Ericsson. Ensuite, les réseaux 5G seront nettoyés de tous les équipements fournis par la société chinoise. d’ici le 1er janvier 2028.
Les autres règles qui étaient annoncées en début d’année demeurent en vigueur, tant qu’elles respectent les nouvelles consignes. Concrètement, les opérateurs ont interdiction d’utiliser du matériel Huawei dans le cœur de réseau, à proximité de lieux sensibles (bases militaires, sites nucléaires, etc.) et de composer un réseau 5G composé à plus de 35 % par des équipements construits par l’industriel asiatique.
Officiellement, c’est une nouvelle analyse du NCSC qui a conduit le 10 Downing Street à revoir sa position. Ce centre national de cybersécurité considère que les sanctions prises par les États-Unis contre Huawei l’obligent à « procéder à une reconfiguration majeure de sa chaîne d’approvisionnement car elle n’aura plus accès à la technologie sur laquelle elle s’appuie actuellement ».
Or, pour le NCSC, qui est une structure rattachée au service en charge du renseignement d’origine électronique au profit de Londres, le Government Communications Headquarters (GCHQ), « il n’y a pas d’autres solutions auxquelles nous faisons suffisamment confiance ». Les restrictions prises par Washington « rendent impossible de continuer à garantir la sécurité des équipements de Huawei à l’avenir »
En février 2019, un rapport confidentiel du NCSC considérait que le risque posé par Huawei en matière de cybersécurité était gérable, à condition de prendre des mesures en amont.
Le choix de Londres de continuer à laisser une place à Huawei dans ses réseaux avait été suivi avec attention, au regard des liens étroits que le pays a avec les USA et des pressions que ces derniers exercent sur leurs alliés pour les contraindre à opter pour un fournisseur tiers. La diplomatie américaine a par exemple évoqué ces derniers mois des échanges en baisse sur le plan du renseignement.
La décision de Londres survient dans un contexte politique particulier : outre le fait que le Royaume-Uni tient à garder intacte sa relation spéciale avec les USA, dans un contexte post-Brexit où le pays ne sera plus dans l’Union européenne, le 10 Downing Street ne peut que constater sa difficulté à retirer les fruits de sa relation économique avec la Chine. Par ailleurs, la nouvelle politique de Pékin sur Hong Kong empoisonne les relations entre les deux parties, puisque les accords passés ne sont plus respectés.
En France, il n’est officiellement pas question de bannir Huawei des réseaux 5G, ni à court ni à long termes. Toutefois, un cadre est mis en place pour écarter au maximum Huawei de l’ultra haut débit mobile. Deux des quatre opérateurs (Orange et Free Mobile) ont fait savoir qu’ils ne traiteront pas avec l’équipementier chinois en France. Quant à SFR et Bouygues Telecom, ils devront respecter toutes sortes d’obligations.
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