L’espace est-il condamné à la militarisation ? En tout cas, les accusations en la matière vont bon train. Dernière en date, celle du Commandement spatial des États-Unis à l’encontre de la Russie, à qui l’on reproche d’avoir conduit un nouveau test anti satellite quelques jours plus tôt, le 15 juillet. L’affaire a été rendue publique par le biais d’un communiqué publié le 23 juillet.
« Le test de la semaine dernière est un autre exemple du fait que les menaces qui pèsent sur les systèmes spatiaux américains et alliés sont réelles, graves et croissantes », écrit le commandement américain. À cette occasion, le Royaume-Uni s’est joint aux protestations, indique la BBC. C’est la première fois que Londres prend la parole sur un sujet qui se traite d’ordinaire en coulisses, loin du public.
Les détails de l’incident sont flous. Le commandement américain parle d’un test non destructeur. Un objet — une sorte de projectile, selon la BBC — aurait été largué dans l’espace depuis le satellite russe Cosmos 2543, et à proximité d’un autre satellite russe. Le même système aurait été utilisé plus tôt cette année, cette fois au cours d’une manœuvre à proximité d’un satellite gouvernemental américain.
Le satellite Cosmos 2543 est considéré comme un sous-satellite du satellite Cosmos 2542, qui a été mis en orbite en novembre 2019. Or, ces deux engins ont été vus en début d’année se caler sur l’orbite du satellite USA 245, mis en orbite en 2013 et issu du programme KH-11 que gère le service de renseignement NRO (National Reconnaissance Office). Ces satellites servent a priori à de la reconnaissance optique.
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C’est en 2017 que la Russie aurait pour la première fois démontré cette capacité, dite des poupées russes, où un satellite est capable d’un larguer un autre, secret.
« En 2017, ils ont lancé un satellite, qui a lancé un autre satellite », selon le général en charge de la Space Force, sollicité en début d’année par le Time à la suite de l’incident avec USA 245. « Les satellites ont montré les caractéristiques d’un système d’armes quand l’un d’eux a lancé un projectile à grande vitesse dans l’espace », a-t-il ajouté, bien que ces accusations soient invérifiables.
Il n’en demeure pas moins que les accusations pleuvent. Dans son communiqué du 23 juillet, le commandement spatial américain rappelle « qu’en 2018, et encore cette année, le Département d’État a exprimé ses inquiétudes quant au fait que le comportement des satellites russes était incompatible avec leur mission déclarée et que ces satellites présentaient les caractéristiques d’une arme basée dans l’espace. Selon le Département d’État, ce comportement est hypocrite et inquiétant ».
La France pointe aussi la Russie du doigt
Ces critiques sont également formulées par la France. Il y a un an, la ministre des Armées Florence Parly avait révélé publiquement que le satellite russe Louch Olymp s’était rapproché « d’un peu trop près » d’Athena Fidus, un satellite franco-italien, en orbite depuis 2014 et dédié aux communications militaires. De toute évidence, il s’agissait d’espionner ou de brouiller les liaisons de l’armée.
Depuis, la France semble vouloir s’armer pour l’autodéfense. «Nous disposerons bientôt de petits satellites patrouilleurs qui nous permettront de détecter, caractériser et attribuer à leurs auteurs ce type de manœuvres inamicales», a fait savoir Florence Parly à La Provence le 23 juillet, confirmant la trajectoire prise voilà plusieurs mois de se donner les moyens de repousser les menaces.
Il est question d’embarquer des caméras pour voir à 360 degrés et même des «lasers de puissance » sur les satellites les plus sensibles pour éblouir tout engin s’approchant d’un peu trop près. À cela s’ajoute un suivi au sol. C’est pour cela que la France s’est dotée du système GRAVES, afin de suivre un maximum d’objets qui se trouvent en orbite, y compris ceux de très petite taille. Aujourd’hui, GRAVES est en train d’être rénové.
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