Les jours de TikTok sont désormais comptés. Jeudi 6 août, le président américain Donald Trump a signé un décret qui prévoit de bannir l’application mobile d’ici 45 jours, au nom de la sécurité nationale. Mais ce n’est pas tout : le même jour, le locataire de la Maison Blanche a signé un ordre similaire, cette fois pour exclure WeChat. Là encore, le texte fixe un sursis de 45 jours avant de prendre effet.
Point commun de ces deux applications : elles sont chinoises, et c’est bien ce qui pose problème à Donald Trump. « La diffusion aux USA d’applications mobiles développées et détenues par des sociétés de Chine continue de menacer la sécurité nationale, la politique étrangère et l’économie des États-Unis », écrit la présidence dans un message adressé au congrès américain.
TikTok est une application mobile à travers laquelle les internautes — essentiellement des adolescents — s’amusent à se filmer en train de danser, chanter en playback, ou de se mettre en scène de diverses façons. Quant à WeChat, c’est une messagerie instantanée, qui ressemble en gros à Messenger ouWhatsApp. Elle est extrêmement populaire en Chine, mais reste relativement peu utilisée en Occident.
Dans les arguments avancés à la fois pour TikTok et WeChat, il est dit que les deux applications « collectent automatiquement de vastes pans d’informations sur ses utilisateurs », et que cette récolte « menace de permettre au Parti communiste chinois d’accéder aux informations personnelles et propriétaires des Américains », et qu’elle pourrait ensuite être retournée contre eux.
En guise d’illustration, la Maison Blanche indique que cette captation de données « pourrait permettre à la Chine de localiser les employés et les entrepreneurs fédéraux, de constituer des dossiers d’informations personnelles à des fins de chantage et de mener des activités d’espionnage d’entreprise ». Néanmoins, aucun élément de preuve ne vient étayer ces hypothèses.
Concernant spécifiquement WeChat, Washington déclare que l’application mobile « prend les informations personnelles et propriétaires des ressortissants chinois en visite aux États-Unis, ce qui permet au Parti communiste chinois de garder un œil sur les citoyens chinois qui pourraient profiter des avantages d’une société libre pour la première fois de leur vie ».
Le sujet de la censure au sein des deux applications est aussi avancé. TikTok comme WeChat « censureraient les contenus que le Parti communiste chinois juge politiquement sensibles », comme les manifestations à Hong Kong et le traitement réservé par la Chine aux Ouïghours et aux autres minorités musulmanes. Enfin, les deux applications pourraient aussi servir à des campagnes de désinformation au profit de Pékin.
Concrètement, l’exclusion de TikTok et de WeChat du marché américain se traduira par leur disparition des plateformes de téléchargement Google Play (pour Android) et l’App Store (pour iOS). Cela touchera non seulement les internautes américains, mais aussi les internautes étrangers, notamment français, car ils dépendent de Google et Apple, deux sociétés américaines, pour l’OS et la boutique d’applications.
La prise de ces deux décrets est inattendue, même si l’on savait l’agacement croissant de Washington à l’égard de TikTok. L’exclusion à venir de TikTok est d’autant plus surprenante qu’elle est annoncée alors que des négociations sont en cours pour que Microsoft rachète la branche américaine de l’application. Est-ce une manœuvre de l’administration Trump pour forcer les parties à presser le pas, en posant une deadline ?
Une menace qui n’est pas avérée
Depuis que TikTok est dans le collimateur des États-Unis, des efforts d’ingénierie ont été engagés pour essayer de documenter certaines des accusations formulées par Donald Trump dans ses deux décrets. Un sous-reddit (« Reversing and documenting all things TikTok ») a été mis en place et jusqu’à présent aucun élément probant n’a pu être trouvé pour démontrer que l’application fait quelque chose de mal.
Baptiste Robert, un spécialiste français en cybersécurité, s’est aussi livré à cet exercice et a livré ses premières conclusions dans un billet de blog sur Medium. S’il dit ne pas savoir si TikTok pose un problème de sécurité nationale, son analyse du code lui permet de dire pour le moment qu’il n’a pas vu « de comportement suspect en ce qui concerne les journaux (logs) qu’il envoie ».
Certes, il collecte bien certaines informations, notamment sur l’appareil, l’OS, l’application et quelques indications sur l’utilisateur (comme sa région), mais, fait observer Baptiste Robert, TikTok est loin d’être la seule application à faire ça. C’est peut-être déjà beaucoup trop, mais elle se comporte en fait comme les autres, y compris des applications bien américaines, comme Facebook, Snapchat et Instagram.
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