La magnitude avec laquelle l’Inde s’attaque aux applications chinoises n’a proprement rien à voir avec les mesures prises par les États-Unis. Alors que Washington a fait savoir le 6 août son intention de bannir deux applications chinoises — TikTok et WeChat — le 20 septembre 2020, au nom de la sécurité nationale, New Delhi se montre beaucoup plus radical contre les logiciels de son grand voisin.
Dans un message publié le 2 septembre, le ministère indien de l’Électronique et des Technologies de l’information annonce le blocage immédiat de 118 applications mobiles, parce qu’elles sont « préjudiciables à la souveraineté et à l’intégrité de l’Inde, à la défense de l’Inde, à la sécurité de l’État et à l’ordre public ». La liste des applications mises en cause est consultable en ligne.
Des relations bilatérales au plus bas
Bon nombre des applications bannies par l’Inde ne sont pas connues de ce côté-ci de la planète. On y trouve pêle-mêle divers utilitaires pour prendre soin de son mobile, des jeux vidéo, des outils pour tirer parti de l’appareil photo de son smartphone (comme ajouter des filtres et des stickers sur son visage), des navigateurs web, des services de rencontre ou encore des lecteurs multimédias.
Mais dans le lot, on trouve quelques noms qui ont percé en Occident, comme quelques programmes liés à WeChat (qui est une messagerie instantanée très populaire en Chine, semblable à Messenger), Baidu (le principal moteur de recherche chinois), la solution de paiement Alipay du géant chinois du e-commerce Alibaba et même ce qui s’apparente à des clones du jeu vidéo PUBG Mobile !
Ce n’est pas la première fois que l’Inde sanctionne lourdement des applications chinoises. Précédemment, New Delhi a banni 59 applications chinoises, dont TikTok, qui aurait été téléchargé plus de 600 millions de fois dans le pays d’après SensorTower, dont les chiffres datent de ce printemps. D’autres applications, comme Baidu Maps, Clash of Kings, WeChat, Weibo ou encore Baidu Translate ont été bloquées.
La sévérité avec laquelle l’Inde s’attaque aux applications chinoises doit se lire à travers le prisme des relations sino-indiennes, qui se sont nettement rafraichies ces derniers mois, et ont même frôlé l’escalade militaire. Non loin de l’Himalaya, des accrochages ont eu lieu à la mi-juin entre des soldats indiens et des forces chinoises — le contact, dont l’issue n’est pas claire, aurait fait des dizaines de morts de chaque côté.
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