Free a cherché à obtenir l’autorisation de pouvoir utiliser des équipements conçus par Huawei dans la perspective de son futur réseau 5G, mais a essuyé un refus de la part de l’administration française.
C’est ce qui ressort d’une déclaration de Thomas Reynaud, le directeur général du groupe Iliad, la maison-mère de Free, le 3 septembre. L’information est sortie le jour de la présentation des résultats du groupe pour le premier semestre 2020. Cité par Reuters, l’intéressé explique que « cette rupture d’égalité pose problème », en référence à SFR et Bouygues Telecom qui eux ont obtenu un feu vert.
La sortie de Thomas Reynaud sur ce sujet a de quoi surprendre, car officiellement Free Mobile a jeté son dévolu sur Nokia pour bâtir son futur réseau mobile en ultra haut débit. L’opérateur français en a fait l’annonce en septembre 2019 et cela n’avait à l’époque pas surpris les observateurs puisqu’il est partenaire depuis 2010 de l’équipementier finlandais, pour les deux générations actuelles, 3G et 4G.
Il n’est pas précisé à quelle date la demande de Free a été adressée à l’administration ni à quel moment celle-ci a mis un holà.
En termes de calendrier, la loi dite anti Huawei (officiellement loi visant à préserver les intérêts de la défense et de la sécurité nationale de la France dans le cadre de l’exploitation des réseaux radioélectriques mobiles) a été publiée au Journal officiel le 2 août 2019, et son décret d’application l’a été quelques mois plus tard, le 7 décembre 2019. Et avant cela, Free n’ignorait évidemment pas ce qui se tramait au Parlement.
Un problème, vraiment ?
La petite phrase lâchée par Thomas Reynaud survient dans un contexte particulier, car L’Express a révélé début septembre le recours de Bouygues Telecom devant le Conseil d’État en vue de faire invalider le décret d’application de la loi anti Huawei. Bouygues est techniquement très dépendant de Huawei, comme SFR, et il va devoir dans les années à venir s’en passer, au nom de la sécurité nationale.
Concernant Orange, l’opérateur historique a lui aussi fait le choix de ne pas recourir à Huawei pour la 5G, du moins pour ce qui est de ses activités hexagonales. À la place, il fera appel non seulement à Nokia, mais aussi à Ericsson, un autre poids lourd du secteur, de nationalité suédoise. Orange en a fait l’annonce en début d’année, et dit comprendre les préoccupations françaises sur ce sujet.
Il reste à voir quelles pourraient être les suites de l’apparent mécontentement de Free sur ce sujet, qui pourrait n’être que de façade, car il ne serait pas dans son intérêt d’avoir accès aux matériels de Huawei. Certes, ils sont peut-être plus abordables, et plus performants, dans une logique court-termiste, mais au-delà, cela pourrait se retourner contre lui, car la France s’organise justement pour écarter Huawei.
Pourquoi, dès lors, regretter de ne pas pouvoir aller dans une impasse ?
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