« L’épidémie est à nouveau très active dans notre pays.» Olivier Véran, le ministre de la Santé, s’est adressé aux Françaises et Français au cours d’une allocution, le 17 septembre 2020, afin de présenter les axes de la stratégie sanitaire mis en place en France afin de lutter contre la pandémie de coronavirus.
Trois mois après le déconfinement de la population française, le gouvernement porte un discours volontairement grave, voire alarmiste : les signaux sont de moins en moins bons, et montrent que le nombre de cas positifs augmente semaine après semaine, proportionnellement aux nombres de tests réalisés. Plus de 10 000 personnes par jour sont testées positives, et le nombre de personnes hospitalisées en réanimation augmente.
Alors que Jean Castex, le Premier ministre, avait annoncé que 42 départements étaient désormais considérés comme des « zones rouges » (où la circulation du virus est active), c’est surtout les grandes villes comme Marseille, Bordeaux et Toulouse (où l’on constate actuellement 225 cas pour 100 000 habitants, ce qui est beaucoup trop) qui sont scrutées en ce moment.
Il y a désormais 53 zones considérées « rouges », a annoncé Olivier Véran, moins d’une semaine plus tard.
Le constat actuel au 17 septembre
« Nous constatons une accélération de la propagation du virus », a alerté Olivier Véran, qui a mentionné le taux d’incidence (le nombre de nouvelles contaminations par semaine), désormais passé à 83 cas par semaine pour 100 000 habitants.
Le taux de positivité augmente également : aujourd’hui, c’est environ 5 personnes sur 100 testées positives, « contre une au début de l’été », a-t-il précisé.
« Le virus ne s’est jamais arrêté de circuler », a rappelé Olivier Véran, mentionnant le fait que les jeunes personnes avaient été plus touchées ces dernières semaines : on compte 140 cas pour 100 000 dans la tranche d’âge des 15-45 ans, « dont 50 % d’asymptomatiques ».
« Par rapport à la première vague, on ne se bat pas avec les mêmes armes », a-t-il toutefois tenu à nuancer, expliquant que les services hospitaliers étaient un peu mieux préparés par rapport aux mois de mars et avril 2020.
Rappel de la stratégie sanitaire voulue par le gouvernement
Olivier Véran a détaillé les quatre « bases » de la stratégie du gouvernement, qui ne varient pas beaucoup par rapport aux mois précédents :
- Maintenir les gestes barrières ;
- Tester, alerter, protéger ;
- Une stratégie différenciée et adaptée à chaque territoire ;
- Protéger les personnes les plus vulnérables.
Des différences entre les régions
Il y a désormais 53 départements considérés « rouges » par le gouvernement, mais le taux d’incidence varie beaucoup en fonction des régions. Comme on peut le voir dans le tableau partagé par le ministère de la Santé, le taux d’incidence (nombre de cas pour 100 000 habitants) est cinq fois supérieur au seuil d’alerte (50 pour 100 000) à Marseille, quatre fois à Bordeaux et trois fois à Paris.
Comme l’avait déjà indiqué Jean Castex, les préfets ont désormais le pouvoir de prendre des décisions au niveau local, comme le port du masque obligatoire, la limitation des rassemblements ou des visites dans les Ehpad.
Lyon (200 cas pour 100 000 habitants) et Nice (150 cas pour 100 000 habitants) ont été mis en avant par Olivier Véran, qui a demandé aux maires et préfets de prendre des mesures afin de limiter les risques d’une propagation du virus. Marseille et Bordeaux avaient déjà été pointé du doigt la semaine dernière par le Premier ministre.
Lille, Paris, Toulouse et Rennes ont aussi été visées : « Les seuils critiques n’ont pas encore été atteints, mais nous serons extrêmement attentifs », a mis en garde Olivier Véran.
Le temps d’attente pour les tests est trop élevé
La France réalise plus d’un million de tests PCR par semaine, et pourtant, ce n’est toujours pas suffisant. Dans certaines régions, dont les Bouches-du-Rhône et l’Île-de-France, il est en effet de plus en plus difficile d’obtenir un rendez-vous en moins de 48 heures dans un laboratoire. Plus inquiétant encore, les résultats mettent beaucoup de temps à revenir dans certaines régions, ce qui contraint la population à rester confinée au moins sept jours à chaque potentiel contact avec une personne potentiellement positive au coronavirus.
C’est pour cela que le gouvernement avait annoncé le 11 septembre qu’il y aurait désormais des personnes considérées prioritaires, qui auront accès à des tests plus vite :
- Si vous présentez les symptômes ;
- Si vous disposez d’une ordonnance ;
- Si vous avez été en contact rapproché avec une personne positive ;
- Si vous êtes membre du personnel soignant ou d’aide à domicile.
De nouvelles plages horaires pour les personnes prioritaires
« Au regard du nombre de tests nous sommes confrontés à de nombreuses difficultés », a admis le ministre de la Santé, qui a admis un « embouteillage » dans l’accès aux tests, « surtout dans les grandes villes ». Il a rappelé l’existence de cette nouvelle catégorie de personnes prioritaires, admettant toutefois que même ces personnes ne pouvaient pas « obtenir un test dans des délais raisonnables ».
Il y aura donc certaines plages horaires réservées dans les laboratoires.
Par exemple en Île-de-France : 20 nouveaux centres de prélèvements (Bondy, Trappes, Paris, Ivry) seront ajoutés pour les publics prioritaires, ouverts entre 8h à 14h aux pour réaliser 500 tests PCR chaque jour.
« Si vous n’êtes pas prioritaires, vous devrez accepter d’attendre plusieurs jours avant d’être testés », a-t-il toutefois demandé aux Françaises et Français.
Les tests antigéniques et salivaires
Olivier Véran a rappelé l’existence de deux nouveaux types de tests qui sont en cours d’étude, bien qu’ils ne soient pas encore tous validés pour l’instant.
Ce sont des test alternatifs aux tests PCR :
- Les tests antigéniques : des tests réalisés de la même manière (avec écouvillon) qui promettent un résultat en moins de 30 minutes, car ils recherchent des antigènes et non l’ARN du virus. Ceux-ci sont désormais officiellement autorisés. « On est au stade de l’expérimentation », a ajouté Olivier Véran, tout en expliquant qu’ils seraient remboursés une fois que leur efficacité sera définitivement prouvée.
- Les tests salivaires, c’est-à-dire sans passer par le coton-tige dans le nez. « Nous attendons de manière imminente l’avis de la Haute Autorité de Santé », a-t-il précisé.
Assouplissement des règles pour les écoles
Les enfants « sont peu à risque de formes graves et peu actifs dans la chaîne de transmissions du coronavirus », a assuré Olivier Véran, justifiant de futures nouvelles mesures d’assouplissement au sein des écoles.
Selon lui, il n’y a pas lieu « de fermer les établissements entiers à la première alerte », c’est-à-dire que si un écolier est testé positif au coronavirus, toute sa classe ne sera visiblement plus fermée, ni l’établissement. « Nous attendons les orientations des autorités sanitaires », a-t-il continué. Le ministre de l’Éducation devrait donner des indications supplémentaires dans les prochains jours.
Le port du masque sera en revanche désormais obligatoire pour le personnel en crèches — ce qui devrait permettre « d’assouplir le protocole dans les écoles et les crèches », a dit le ministre de la Santé.
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