C’est ce mercredi 23 septembre que va se tenir un nouveau conseil de défense sanitaire, avec Emmanuel Macron. Parmi les sujets qui seront abordés, l’application StopCovid : le logiciel n’a pas trouvé sa place dans le plan de lutte contre l’épidémie de coronavirus, étant largement rejeté ou ignoré par la population. De ce conseil de défense sanitaire doit donc émerger une nouvelle stratégie.
Car les derniers chiffres d’utilisation de l’application ne correspondent pas aux attentes qu’a placées l’exécutif dans ce projet.
Interrogé le 22 septembre par la commission d’enquête sénatoriale, le président de l’Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria), Bruno Sportisse, a déclaré que StopCovid n’a envoyé en tout que 268 notifications de cas contacts depuis sa mise en route. L’Inria a pour rôle de piloter la conduite de ce projet en matière de recherche et développement.
Le même jour, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a également actualisé le nombre de personnes s’étant déclarées malades dans l’application, afin que l’algorithme servant à déterminer s’il y a eu un contact prolongé avec des tiers (pendant au moins un quart d’heure et à moins d’un mètre) puisse, le cas échéant, avertir les individus concernés, s’ils se servent eux aussi de StopCovid.
Positivité au coronavirus en hausse en France
Lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, Olivier Véran a fait savoir que StopCovid a enregistré 4 900 malades dans l’application. C’est à travers eux que sont déterminés les cas contacts, si les conditions de proximité et de durée sont remplies, dans une fenêtre de 14 jours. Ces deux semaines représentent la durée moyenne d’incubation du virus.
Aux dernières nouvelles, le nombre de notifications de cas contacts était inférieur à 200. Le dernier relevé connu datait de la mi-septembre, lorsque le comité de contrôle et de liaison Covid-19 a rendu un avis au parlement au milieu du mois. Quant au nombre de malades, le journaliste Léo Caravagna indiquait le 22 septembre que la Direction Générale de la Santé lui avait signalé 1 369 malades au 21 août.
Cette évolution de presque 258 % entre la statistique du 21 août et celle du 22 septembre suscite toutefois des questions, car le nombre de téléchargements global de StopCovid est relativement stable dans le temps depuis juillet : il est question d’un volume de 2 à 2,5 millions de téléchargements en tout. « Un peu moins de trois millions », dira même Olivier Véran devant la représentation nationale.
Dans tous les cas , cela reste peu à l’échelle d’un pays comptant 67 millions d’habitants.
Les chiffres donnés par Olivier Véran diffèrent toutefois de ceux dont a rendu compte Bruno Sportisse, puisque l’intéressé a indiqué devant la commission d’enquête sénatoriale qu’il y a eu 5 100 déclarations de personnes atteintes du coronavirus dans l’application. Cela a abouti à 268 notifications envoyées, pour 307 cas contacts dans le pays.
Comment expliquer ces écarts ? Plusieurs facteurs jouent probablement : si le nombre global de téléchargements n’évolue pas énormément, il est possible qu’à l’intérieur de ce volume d’utilisateurs, une partie des désinstallations (estimée à 700 000 mi-septembre, désormais à un million) soit en partie remplacée par des installations ou des réinstallations venant de personnes désireuses désormais de s’en servir.
Même chose pour les différences entre le nombre de notifications envoyées et les cas contacts repérés : comme le relève le journaliste Léo Caravagna, il faut tenir compte de l’éventuel envoi « dans le vide » de certaines notifications, puisqu’elles s’adressaient possiblement à des personnes qui ont entretemps désinstallé l’application. Ce type d’écart est potentiellement amené à se creuser dans le temps.
Quant à l’augmentation générale du nombre d’inscriptions de malades dans l’application, ce n’est manifestement pas du côté des téléchargements qu’il faut regarder, car ceux-ci sont stables. En revanche, la progression significative des nouveaux cas confirmés de Covid-19 en France depuis mi-juillet a sans doute un effet mécanique : plus de malades, donc plus de malades amenés à s’inscrire sur StopCovid.
Un « renforcement » de StopCovid à venir
Toujours est-il qu’Olivier Véran a reconnu que le désintérêt de la population à l’égard de l’application est « décevant », alors que le programme est « utile pour qui l’utilise ». Pour le ministre, une voie médiane pourrait être suivie par les contempteurs du logiciel, à savoir ne s’en servir que dans les cas où « la distanciation sociale et le port du masque ne sont pas assurés ».
« Si quelqu’un n’a pas envie d’avoir toujours son application, je l’invite à l’allumer lorsqu’il va dans un bar, dans un restaurant, lorsqu’il va aller dans une réunion avec des amis », a souligné le ministre, en rappelant que beaucoup a été fait pour éviter, selon lui, d’éventuels écarts : hébergement des données en France, implication de l’écosystème français, mise à l’écart de technologies ou de contributions étrangères, etc.
Enfin, il est prévu de « renforcer l’application », a déclaré Olivier Véran. Comment ? Le flou demeure. il s’agirait de « dispositifs d’information, d’accompagnement des personnes, avec des plateformes connectées ». Le Conseil de défense sanitaire devrait être l’occasion d’en préciser les contours. Et Olivier Véran de conclure : « Nous comptons sur le numérique, il n’y a pas de raison que cela ne marche pas en France.»
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