Le constat est alarmant : « Près de 25% des employés d’employés d’Ubisoft ont vécu ou ont été témoin de mauvais comportements en milieu professionnel ces deux dernières années, et une personne sur cinq ne se sent pas en sécurité ou complètement respectée dans le cadre de son travail ».
Dans un mail s’adressant aux employés du groupe vendredi matin, que Numerama a pu consulter, Yves Guillemot fait le point sur les besoins urgents de changement au sein de l’entreprise. « Le bien-être de nos employés est le socle du développement de nos employés, […] ce sujet est notre priorité numéro 1 ». L’objectif affiché : « Créer un environnement de travail exemplaire.»
Depuis les révélations de Numerama et de Libération en juillet 2020 sur des faits de harcèlement sexiste et sexuel au sein du service Édito d’Ubisoft Paris et sur les dysfonctionnements du service ces RH, Ubisoft a fait appel à plusieurs cabinets externes afin de conduire enquêtes et audit. Les premiers résultats, qui n’ont pas été dévoilés dans leur intégrité, font ainsi état d’une entreprise où près un cinquième des employés ne se sentiraient pas bien.
Quatre objectifs : sécurité, diversité, et responsabilité des RH et managers
La totalité des résultats des sondages, remplis par plus de 14 000 employés sur un total de près de 19 000, sera dévoilée aux employés par Lidwine Sauer, la nouvelle personne en charge de la « workplace culture » à une date qui n’a pas été précisée. En attendant, Ubisoft a déjà esquissé un premier plan, destiné à « améliorer rapidement la situation », qui se focalisera sur quatre objectifs.
En premier lieu, afin d’« assurer un environnement de travail sain », le code de conduite du groupe va être mis à jour afin d’inclure de nouvelles mesures, plus concrètes, pour lutter contre les formes de « violence, de discrimination et de harcèlement ». Yves Guillemot a également promis que le groupe allait « continuer de travailler sur chaque signalement que nous recevrons grâce aux lanceurs d’alerte ».
Deuxième point prioritaire pour le groupe, la diversité, « au cœur de tout ce qu’Ubisoft fait ». Cependant, « l’audit et les sondages montrent que ceux d’entre vous qui font partie de minorités sont disproportionnellement touchés par les problèmes de respect et de sécurité », a reconnu Yves Guillemot. Ainsi, « le pourcentage de femmes ayant rapporté ou été témoin de discriminations, de harcèlements ou de comportements inappropriés est 30% plus haut que celui des hommes. Pour nos employés non-binaires, il est de 43% ». Afin de remédier à ce constat, le PDG a annoncé avoir rencontré plusieurs candidats au poste de « chef de la diversité et de l’inclusion, dont le rôle sera d’orchestrer et de guider nos efforts dans tout le groupe ». Le nom du nouveau ou de la nouvelle cheffe sera connu d’ici deux semaines. De nouveaux vice-présidents du service Édito vont également être recrutés.
« Vous nous avez dit dans le sondage que votre confiance dans le service des ressources humaines a été abîmée », a reconnu Yves Guillemot. Autre gros point de contentieux, les RH vont être « réorganisées », afin que leurs équipes soient « plus indépendantes et aient accès aux ressources nécessaires pour aider ceux qui en ont besoin », a-t-il assuré. Un « Chief People Officer » est également en train d’être recruté, afin d’aider à la transition.
Enfin, le rôle et le pouvoir des managers, dont beaucoup sont encore méfiants. « Seulement 66 % d’entre vous ont senti avoir reçu l’aide dont ils avaient besoin après avoir averti leur manager d’un problème », est-il précisé dans le mail. Yves Guillemot va même plus loin : « L’audit souligne un manque de sensibilité et d’engagement de la part du management sur les problèmes de diversité, d’inclusion et de respect ». Afin de remédier à la situation, Ubisoft travaille sur un programme de formation, obligatoire, qui permettra aux managers « d’améliorer leur compréhension des problèmes culturels et sociétaux » ainsi que leurs « compétences relationnelles ». « Nous allons rendre nos managers plus responsables, et leur donner plus de responsabilités », a-t-il promis.
« Ces changements auront lieu »
Yves Guillemot a également tenu à rappeler que « les enquêtes conduites ces derniers mois ont abouti à des sanctions ». En effet, depuis le mois de juillet, plusieurs personnes ont été licenciées suite à des dénonciations d’agressions ou de cas de harcèlements sexistes et sexuels. C’est notamment le cas pour Tommy François, un des anciens vice-présidents du service Édito, accusé d’avoir tenté d’embrasser de force plusieurs employés, et de Stone Chin, ancien directeur adjoint des relations publiques du groupe et accusé d’avoir abusé de sa position pour harceler des femmes. Serge Hascoet, l’ancien numéro 2 de l’entreprise et directeur créatif, a lui démissionné après avoir été mis en cause dans les articles Libération et de Numerama, tout comme Yannis Mallat, ex-directeur des studios canadiens, et Céline Cornet, directrice Monde des RH.
Cependant, il reste encore beaucoup de choses à faire au sein d’Ubisoft. Une enquête de Numerama a récemment révélé des témoignages concernant une atmosphère de travail très compliquée, instaurée par le directeur du studio Nadeo, propriété d’Ubisoft. Près d’un mois après sa publication, Ubisoft n’a toujours pas répondu à nos questions. Le directeur est toujours en place, et il n’a pas été précisé si une enquête était en cours.
« Certains ont exprimé des doutes sur notre capacité à changer. Ces changements auront lieu », a promis Yves Guillemot dans le mail envoyé aux employés. « Je veux vous assurer que nous mobilisons toute notre énergie sur ces projets. Je les suis personnellement, et je vous tiendrai informés des progrès effectués sur ces initiatives », a-t-il conclu.
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