Jean Castex vient d’annoncer qu’il y aurait une « nouvelle version » de l’application StopCovid qui sortirait le 22 octobre 2020, soit dans à peine dix jours.
« Le gouvernement et le président de la République ont demandé à travailler sur une nouvelle version qui sera officiellement lancée le 22 octobre », a-t-il déclaré au cours de la matinale de FranceInfo le 12 octobre 2020. « À ce moment, je la téléchargerai », a-t-il ajouté, faisant référence au fait qu’il avait été contraint d’admettre, le 25 septembre dernier, qu’il n’utilisait pas l’application de traçage de contacts, pourtant portée par son ministre du Numérique, Cédric O.
Le Premier ministre s’est trompé à deux reprises dans le nom de l’application StopCovid, l’appelant « TéléCovid » sur le plateau de FranceInfo. Questionné sur les différences entre la « nouvelle version » de StopCovid et l’ancienne, Jean Castex a botté en touche : « Réponse le 22 ! »
Selon Europe 1, le nouvel outil devrait s’appeler Alerte Covid et non plus StopCovid — Alerte Covid était le nom proposé par le Conseil national du numérique en avril dernier, lorsqu’il avait été saisi pour avis par le gouvernement.
Une nouvelle application StopCovid ? Une mise à jour ?
Il est malheureusement impossible de savoir ce que le Premier ministre a vraiment voulu dire par « nouvelle version » : s’agit-il d’une simple mise à jour ou une nouvelle app ? Nous avons contacté récemment le ministère du Numérique par mail pour avoir plus de précisions, et mettrons cet article à jour en cas de retour.
Une chose est certaine, le fonctionnement même de l’application ne pourra pas être modifié par une simple mise à jour : si StopCovid reste là, il s’agira toujours d’un système centralisé qui se repose sur le protocole ROBERT, et non la solution d’Apple et Google comme la majorité des autres pays de l’Union européenne. Même le Royaume-Uni, qui s’était embarqué dans une solution similaire à la France, avait fait marche-arrière pour un système décentralisé.
Depuis son lancement, StopCovid n’a jamais réussi à faire ses preuves : l’application a envoyé un nombre dérisoire de notifications (moins de 200, selon le comité de contrôle de liaison) après trois mois d’existence, et a été désinstallée au moins 700 000 fois, pour 2,4 millions de téléchargements.
Il faut dire que l’essence même de son fonctionnement, que nous avions détaillé dans un précédent article, rend l’efficacité de l’application très questionnable. À l’origine, elle est censée aider à retrouver des personnes qui ont pu être en contact avec quelqu’un testé positif au coronavirus. Mais le nombre d’étapes et de barrières pour y parvenir est impressionnant : il faut que les deux personnes aient activé l’application quand elles se sont croisées, qu’elles aient été à moins d’un mètre de distance pendant plus de 15 minutes, que l’application ait fonctionné, que la personne ait été testée positive par un test PCR, puis qu’elle le signale dans l’application… Un grand nombre d’étapes qui font, à chaque fois, augmenter les risques que des potentiels cas contacts passent entre les mailles du filet.
Toujours selon les informations d’Europe 1, le gouvernement envisagerait de réduire la période prise en compte, de 15 minutes à 5 minutes : cela permettrait mécaniquement aux smartphones d’enregistrer beaucoup plus de contacts autour d’eux, et donc potentiellement d’augmenter le nombre de notifications envoyées.
Les apps de traçages sont-elles utiles ?
À ce jour, le gouvernement a souvent rejeté la faute de la non-efficacité de StopCovid sur le nombre de téléchargements, qui ne serait pas assez élevé pour avoir une efficacité. Or dans certains pays européens, on commence à se demander si un grand nombre de téléchargements est vraiment synonyme d’efficacité.
En Allemagne par exemple, l’application de traçage des contacts (Corona-Warn-App) a été téléchargée 18 millions de fois… mais n’a envoyé que 4 300 notifications. Au Royaume-Uni, l’app nationale a été téléchargée 12 millions de fois en 5 jours… mais son utilité pour tracer les contacts peine à se voir. Il n’en fallait pas plus pour se demander si certains gouvernements n’ont pas cédé au solutionnisme technologique rapidement, alors que le traçage humain (un organisme chargé d’appeler toutes les personnes avec qui un malade a été en contact), bien que laborieux, reste pour l’instant la solution la plus efficace pour prévenir et isoler les cas contacts.
Cet article a été mis à jour avec les informations d’Europe 1.
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