« Nous n’avons pas perdu le contrôle » : Emmanuel Macron a pris la parole ce mercredi 14 octobre 2020 à 20h, lors d’une interview diffusée par France 2 et TF1. Interrogé en direct depuis l’Élysée, par les journalistes Anne-Sophie Lapix et Gilles Bouleau, le président de la République s’est exprimé au sujet de la pandémie de coronavirus. Il n’avait pas fait d’intervention aussi longue sur la crise sanitaire depuis le 14 juillet dernier.
Comme on pouvait s’y attendre, le président a annoncé plusieurs mesures fortes. « Nous en avons au moins jusqu’à l’été 2021 avec ce virus », a-t-il affirmé. L’objectif est d’arriver à une baisse de 5 000 cas par jour, plutôt que 20 000 cas comme aujourd’hui, a-t-il indiqué.
Il faut dire que la situation est préoccupante. Dans son point du 13 octobre 2020, Santé publique France indiquait que « la circulation virale se poursuit à un niveau élevé » et que « le nombre de cas confirmés, les taux de positivité des prélèvements notamment chez les personnes présentant des symptômes sont en augmentation ». À cette date, 78 départements étaient placés en situation de vulnérabilité élevée. Le taux de positivité des tests était quant à lui de 12 % à la date du 13 octobre (14h). Ce taux était de 9 % le 4 octobre, peu avant la dernière allocution du ministre de la santé Olivier Véran.
Comme annoncé par le premier Ministre Jean Castex, les données épidémiologiques ont été examinées ce mercredi matin lors d’un conseil de défense restreint. Une première mesure forte a été prise en conséquence, comme l’a annoncé dans la soirée l’AFP : la France va basculer à nouveau dans l’état d’urgence sanitaire, à l’échelle de tout le territoire français, à partir du 17 octobre. La deuxième vague « justifie que l’état d’urgence sanitaire soit déclaré afin que les mesures strictement proportionnées aux risques sanitaires encourus et appropriées aux circonstances de temps et de lieu puissent être prises », indique la note issue du Conseil des ministres.
Pour rappel, depuis le 23 septembre dernier, le gouvernement classe les départements par niveau de tension épidémique. Aux zones vertes (ou grises), s’ajoutent quatre niveaux : zone Alerte (rose), zone Alerte renforcée (rouge), zone Alerte maximale (écarlate) et zone en état d’urgence sanitaire territorial (noir). À l’heure actuelle, ce dernier niveau n’a été décrété nulle part en France.
Le constat en France au 14 octobre 2020
« Nous sommes dans une situation préoccupante », a entamé le président au cours de cette interview. Emmanuel Macron a dressé le constat de la situation : « Au moment où je vous parle, la moitié des cas Covid qui sont en réanimation ont moins de 65 ans ».
Emmanuel Macron a rappelé que « 32% de lits réanimations sont occupés par des patients Covid » actuellement. Entre 1,2 et 1,3 million de tests sont réalisés par semaine en moyenne. « Nous devons prendre des mesures, plus strictes, pour reprendre le contrôle », a asséné le président, ajoutant que l’objectif était de revenir à un niveau de nombre de cas de Covid-19 de 10 % à 15 %.
« Il serait disproportionné de reconfiner », a déclaré le président, incitant à la responsabilité des citoyens pour éviter de recourir à des mesures plus drastiques. « Nous sommes tous les acteurs de la bataille contre le virus », a-t-il ajouté.
Que sait-on du couvre-feu ?
L’instauration d’un couvre-feu était une option recommandée par le conseil scientifique. La mesure était déjà appliquée depuis le 10 octobre en Allemagne, face à la recrudescence du nombre de contaminations.
La rumeur d’un couvre-feu instauré à partir de 20h à Paris planait déjà quelques heures avant cet entretien, avec l’emploi de l’expression « confinement nocturne ». Interrogé à ce sujet, Emmanuel Macron a répondu par l’affirmation : oui, un couvre-feu est prévu. « Si pendant 6 semaines nous tenons ce couvre-feu, nous pensons que nous pourrons progressivement rouvrir », a précisé Emmanuel Macron. Objectif : que la vie économique puisse continuer.
« Notre objectif est de réduire les contacts privés qui sont les plus dangereux », a asséné Emmanuel Macron. « Ce qu’on appelle le couvre-feu est une mesure pertinente », a-t-il continué, citant la Guyane comme un exemple de réussite.
Le couvre-feu s’appliquera de 21h le soir à 6h du matin, en région Ile-de-France et 8 métropoles :
- Grenoble
- Lille
- Lyon
- Aix-Marseille
- Montpellier
- Rouen
- Saint-Etienne
- Toulouse
Il débutera le samedi 17 octobre 2020 et durera au minimum 4 semaines, mais le gouvernement souhaite le prolonger jusqu’au 1er décembre 2020, soit 6 semaines.
Cela concerne environ 18 millions d’habitants.
Qu’implique le couvre-feu ?
À partir de samedi, tous les bars, restaurants, cinémas, théâtres seront fermés à partir de 21h.
L’instauration du couvre-feu implique logiquement le retour des attestations de déplacement, afin de permettre aux personnes qui en ont besoin de continuer à se déplacer après 21h. Ce couvre-feu, qui doit être surveillé par la police, donnera lieu à des sanctions s’il n’est pas respecté : une amende de 135 euros.
Quels changements pour le transport ?
Les transports de la vie quotidienne, pour aller au travail, à l’école ou pour les loisirs, sont toujours possibles. Les règles sanitaires sont régulièrement rappelées, comme les mesures barrières, dont le port du masque, la distanciation physique, ou bien les réservations obligatoires dans les trains.
En quoi consiste la règle des 6 ?
Emmanuel Macron a indiqué qu’il reste possible de partir en vacances. Mais si l’on est en famille, « il est impératif de respecter les règles, même dans le cadre familial », en portant son masque même dans le cadre privé. Les individus devront « respecter les règles comme s’ils étaient chez eux » dans les locations de vacances.
Combien de personnes est-il recommandé de recevoir à domicile ? « On va devoir se voir moins nombreux en même temps », a déclaré le président, invitant les personnes à privilégier les réunions familiales à un total de 6 personnes — pour les familles plus nombreuses, les réunions seront autorisées, le président faisant appel au bon sens de chacun pour le respect de cette règle.
Cette règle peut faire songer au concept des « bulles sociales », qui était l’une des autres possibilités envisagées par Olivier Véran. La mesure consiste à limiter les interactions, tout en permettant aux foyers de continuer à voir quelques personnes proches de leur entourage.
Quelles mesures spécifiques à Paris ?
La dégradation de la situation sanitaire à Paris a forcé les autorités à adopter des mesures : depuis le matin du 6 octobre, les bars sont ainsi fermés, la vente à emporter et la consommation d’alcool sur la voie publique sont interdites après 22h, et les soirées étudiantes, rassemblements festifs ou familiaux dans des lieux recevant du public ont été interdits.
À partir du samedi 17 octobre, un couvre-feu sera instauré à Paris, de 21h à 6h. Le préfet de Paris l’a annoncé ce 14 octobre à la maire de Paris Anne Hidalgo ainsi qu’aux maires d’arrondissement.
Quelles évolutions dans la stratégie de dépistage ?
Jusqu’à présent, la stratégie de dépistage a reposé sur l’identification, le test et l’isolement des personnes testées positives au SARS-Cov-2, dans le but de casser rapidement les chaînes de transmission éventuelles. Les délais d’attente démesurément longs pour effectuer les tests de dépistage ainsi que l’allongement du temps nécessaire pour obtenir un résultat ont pu montrer des lacunes dans la gestion de la situation, selon les lieux en France.
«On a en effet eu des délais qui étaient trop longs. On n’avait pas de grosse centrale de tests. On avait un système qui n’était pas habitué à avoir une telle pression. Il y avait de la queue pour obtenir les tests, de la queue pour les résultats », a détaillé le président.
Emmanuel Macron a rappelé les trois piliers du gouvernement au sujet des tests : « tester, alerter, protéger ». Cette stratégie est basée sur :
- Le développement des tests antigéniques,
- Et la capacité d’examiner plus de tests PCR par « groupes » et donc de gagner du temps.
Quelles évolutions pour le télétravail ?
Le télétravail, largement employé au cours du confinement, est resté une mesure encouragée et privilégiée pour tenter d’éviter de transformer les entreprises en clusters.
« Dans la mesure du possible, on va inciter les gens à faire deux à trois jours de télétravail par semaine », a déclaré Emmanuel Macron.
Quelles nouvelles aides économiques et sociales ?
L’épidémie a fortement plombé l’économie mondiale, et la France ne fait pas exception à la règle. Le gouvernement a mis en place des mesures de soutien aux entreprises, avec des plans de soutien sectoriels (tourisme, automobile, aéronautique, bâtiment…).
« Il est sûr qu’il y aura des conséquences économiques pour ces secteurs », concernés par les couvre-feux, a déclaré le président. Restaurants, bars, hôtels… Pour ces secteurs, « le chômage partiel va être réactivé pour tous ces secteurs », a affirmé le président de la République. Il a tenu à rassurer les professionnels du secteur de la restauration : « Aujourd’hui si un restaurateur à Paris, qui a des loyers importants et a fait tous les efforts, ne s’en sort pas, on l’accompagnera »
Qu’en est-il de Stop Covid ?
« StopCovid n’a pas marché », a concédé Emmanuel Macron, avant d’ajouter que l’app « a été beaucoup moins téléchargé que nos voisins. Mais personne n’a réussi à en faire un outil d’alerte ».
Une nouvelle application sera créée, appelée « Tous Anti Covid ». Elle sera accompagnée d’un « mode d’emploi clair » pour expliquer aux citoyens quand il faudra l’utiliser (dans des bars, des restaurants, le métro, etc).
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Si vous avez aimé cet article, vous aimerez les suivants : ne les manquez pas en vous abonnant à Numerama sur Google News.