Nous sommes en 2020. Toute l’Europe a décidé de rendre interopérables les applications de traçage des contacts, pour suivre les chaînes de contamination. Toute ? Non ! Un pays d’irréductibles résiste encore et toujours à l’idée de revoir de fond en comble sa copie avec TousAntiCovid (ex-StopCovid). Ce pays, c’est la France. Et cet état de fait semble désoler Bruxelles, qui plaide au contraire pour l’interconnexion des apps.
Si cette comparaison à la célèbre introduction d’Astérix est une boutade, elle n’en reste pas moins proche de la réalité. Car la Commission européenne regrette manifestement l’entêtement manifeste de Paris sur ce sujet, en témoigne une petite phrase glissée par Bruxelles le 28 octobre à l’occasion de l’annonce de l’intensification de l’engagement du continent face à la crise sanitaire.
À la rubrique consacrée aux applications de recherche de contacts et d’alerte, Bruxelles soutient, avec tout le langage diplomatique qu’il convient d’avoir en la matière, que « tous les États membres devraient créer des applications efficaces et compatibles et renforcer leurs efforts de communication pour en promouvoir l’utilisation ». Or en la matière, il n’y a guère que la France qui fait cavalier seul.
La France fait toujours cavalier seul
La faute à une architecture technique centralisée, empêchant TousAntiCovid (et avant elle StopCovid) de pouvoir communiquer aujourd’hui avec les applications similaires, qui ont choisi une approche décentralisée. Ce constat n’est pas neuf : il tient au jusqu’au-boutisme sur le souverainisme de Paris, qui s’est traduit par une application développée à part.
Aux yeux des autorités, le problème réside dans le fait que la solution décentralisée passe par une solution mise au point par Google et Apple, afin de faire dialoguer Android et iOS, via les apps et la liaison Bluetooth. Or pour Paris, « une grande entreprise n’a pas à contraindre les choix de politique sanitaire d’une nation souveraine » — oubliant peut-être un peu vite qu’en attendant, la propagation du virus est en train de contraindre la société, tout court. Même le Royaume-Uni, qui était pourtant lancé au départ dans la même croisade que la France sur ce sujet, a fini par y renoncer, en rejoignant la logique de la décentralisation.
Pourtant, la Commission européenne a appelé très tôt, dès la mi-mai, à l’interopérabilité des applications nationales, sachant bien que les frontières intérieures de l’Union n’allaient pas rester fermées ad vitam æternam. Or aujourd’hui, alors que la circulation au sein de l’UE est théoriquement possible, TousAntiCovid ne sert à rien hors de l’Hexagone. Et celles et ceux venant en France ne peuvent pas bénéficier du traçage des contacts automatique qui se déroule via cette application.
Selon Bruxelles, trois applications nationales ont déjà été interconnectées le 19 octobre, au lancement de la passerelle d’interconnexion (« European Federation Gateway Service»). Il s’agit des applications allemande, irlandaise et italienne. En tout, 17 applications reposant sur des systèmes décentralisés ont été recensées en Europe. Et d’autres sont en cours de développement, d’après les services de la Commission européenne. Seules 2 applications font bande à part. Dont TousAntiCovid.
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